Centre rural artisanal de Guibéroua: Le père Eric Michel Kadji veut redonner vie au centre

Le père Eric Michel Kadji, directeur du centre rural et artisanal de Guibéroua, veut s'appuyer sur l'accompagnement de l'Etat pour booster son établissement. (Joséphine Kouadio)
Le père Eric Michel Kadji, directeur du centre rural et artisanal de Guibéroua, veut s'appuyer sur l'accompagnement de l'Etat pour booster son établissement. (Joséphine Kouadio)
Le père Eric Michel Kadji, directeur du centre rural et artisanal de Guibéroua, veut s'appuyer sur l'accompagnement de l'Etat pour booster son établissement. (Joséphine Kouadio)

Centre rural artisanal de Guibéroua: Le père Eric Michel Kadji veut redonner vie au centre

Le 11/02/22 à 17:06
modifié 12/02/22 à 16:11
Créé en 1966 par un prêtre français de la société des missions africaines Louis Allibe, le Centre rural et artisanal de Guibéroua renaît de ses cendres. Sous la direction du père Eric Michel Kadji qui tente de redonner vie à ce centre catholique de formation technique et professionnelle en difficulté, depuis sa prise de fonction en 2019. Il nous a été donné de découvrir ce centre le 31 janvier dernier.

Le père Eric Michel Kadjia, retraçant son histoire, fait savoir que le père Louis Allibe a créé cet espace de formation avec la collaboration de l’évêque de l’époque pour aider les jeunes à s’insérer dans le tissu social. Et aussi lutter contre le phénomène de l'exode rural qui se développait. « Les jeunes avaient tendance à quitter le village pour trouver du travail en ville et cela se transformait en chômage, en délinquance juvénile. En créant ce centre, le révérend père a voulu apporter une solution à ce phénomène », a expliqué le directeur. En indiquant que le père fondateur de l’établissement faisait du social parce qu’il avait de l’aide extérieure. Ainsi que des organismes internationaux de la France, de l’Église, des partenaires. Et le ministère adhérait à ses idées. De sorte qu’au temps de sa gouvernance, le centre était pratiquement gratuit. Avec une somme de 20 000 à 30 000 Fcfa, l’élève avait tout ce qu’il lui faut pour sa formation. Les cahiers, l’hébergement, etc. Le prêtre se souvient que ce centre a formé beaucoup de jeunes qui ont pu s’insérer dans le tissu social. Et au début des années 2000, il a commencé à décliner.

Le prêtre a expliqué que ses problèmes étaient liés aux finances. Parce qu’il ne percevait plus l'aide de l’État, alors que dans le passé, il en avait toujours bénéficié, bien qu’étant un établissement du diocèse de Gagnoa, dépendant de l’Église catholique. « Avec le ministre Ange Barry Battesty, et le Président Félix Houphouët-Boigny, le Crag a toujours eu un appui de l’État de Côte d’Ivoire. Comme les autres structures catholiques de l’époque. Et quand l’État a décidé de retirer les aides qu’il donnait aux structures à caractère social comme les nôtres, le centre a commencé à perdre des partenaires, ainsi que son élan de solidarité », souligne-t-il. Pas parce que l’Église ne voulait plus en faire, mais parce qu’elle n’avait plus suffisamment de moyens pour réagir. Étant donné que l’aide de l’État contribuait à payer les salaires.

Eric Michel a signalé au passage, qu’après le départ du père Louis Allibe, plusieurs autres dirigeants se sont succédé à la tête de l’établissement : le père Benoît N’Guessan, des frères missionnaires, de la communauté missionnaire laïque basée en Italie, des religieux et le père Arnauld Laubouet à qui il a succédé en 2019.
L’accompagnement de l’État sollicité
« Il y avait des problèmes financiers, donc le personnel a été réduit. Les apprenants avaient disparu », a-t-il fait savoir. Si bien que lorsqu’il arrivait dans ce centre, n’y étaient inscrits que trois stagiaires en Cap maçonnerie. La mission à lui confiée par l’Église était de travailler à redorer l’image du centre. A le ressusciter. Avec son équipe de gestion, il a pris attache avec le ministère. Il a travaillé en étroite collaboration avec le directeur régional du ministère de l’Enseignement technique et de la Formation professionnelle et de l’Apprentissage de Gagnoa. Parce qu’ils ont compris que pour que les élèves reviennent, il leur fallait le soutien de l’État de Côte d’Ivoire.
C’est ainsi qu’ils ont élaboré un document de présentation du centre, et un plan d’action de travail. Ce qui leur a permis, par le biais du Secrétaire d’État, le ministre Kouassi Brice, et le député Belmonde Dogo, aujourd’hui ministre de la Solidarité et de la lutte contre la pauvreté, d’obtenir les premiers stagiaires affectés de l’État de Côte d’Ivoire en 2019, 2020, 2021 en bâtiment et maintenance mécanique. Cela a permis au Crag de redémarrer.

Le prêtre a tout de suite essayé d’améliorer les conditions de travail sur le site. Aussi, a-t-il rénové la salle des professeurs, qui porte le nom de l’archevêque Mgr Joseph Aké, le dortoir des internes, la salle de menuiserie, et de mécanique générale. Ainsi que quelques bâtiments de l’administration. « Cela a redonné goût et confiance aux parents d’élèves, en dehors de ceux affectés par l’État », a-t-il indiqué, en soulignant que la première année, l’État a envoyé 102 stagiaires, et 50 la seconde année.

Depuis sa création, le Crag a formé plus de 2 millions de personnes, selon le père Eric Michel. « Le centre a offert une chance aux jeunes filles et garçons de la région du Gôh n’ayant pas eu l’opportunité d’emprunter le chemin de l’école. Il a par la suite ouvert ses bras comme une mère généreuse aux élèves éjectés du système éducatif classique », a souligné le prêtre. En indiquant que depuis plus de 50 ans, le Crag œuvre à la formation diplômante et qualifiante de milliers de jeunes venant de toutes les régions de la Côte d’Ivoire, et même de la sous-région dans les filières Bâtiment Gros Œuvre (Bt en 3 ans), maintenance Mécanique (Bt en 3 ans) cap maçonnerie, etc.

« Dans la région du Gôh, nous sommes les seuls à former les Bt Bâtiment Gros Œuvre; c’est une marque de confiance de l’État. Nous sommes aussi l’une des seules structures de formation professionnelle dans cette zone industrielle. Notamment dans les filières tertiaires. Pour les trouver, il faut aller à San Pedro, Daoukro ou Abidjan », a-t-il expliqué. Et de préciser que le Crag a également un atelier de menuiserie industrielle.

« Nous répondons aux critères de formation professionnelle et technique, mais nous n’avons pas suffisamment de moyens pour rebondir. Nous avons besoin de l’accompagnement de l’État », plaide le père Eric Michel. Car pour lui, les difficultés sont aussi liées au fait que l’État n’a pas donné les subventions liées à ses affectés depuis plus de deux ans. Alors que normalement l’État devait verser 10 millions, il ne s’est acquitté seulement que de 35% de la somme. « L’État devait tenir compte du fait que nous sommes une société d’Église, nous faisons du social. Et nous formons bien nos jeunes », a-t-il souligné.

Le 11/02/22 à 17:06
modifié 12/02/22 à 16:11