Déforestation : Mighty Earth recommande une coordination entre le Conseil du café cacao et les compagnies
C’est ce qui ressort de cette nouvelle analyse de données réalisée par Mighty Earth. « La déforestation se poursuit de façon alarmante. Dans les régions productrices de cacao, la Côte d’Ivoire a perdu 19 421 hectares (ha) de forêt, soit 2% de ses forêts », soutient Dr Julian Oram. Qui déplore que cela se passe depuis la publication du plan d’action Icf publié en janvier 2019.
Quant au Ghana, le rapport mention qu’il a perdu 39 497 ha de forêts qui correspond à un taux de 3,9%. Il faut noter qu’en additionnant la superficie de forêt tropicale perdu par la Côte d’Ivoire et le Ghana, l’on obtient la superficie équivalente à celle des villes de Madrid, Séoul ou Chicago. « La déforestation se poursuit en dehors de certains parcs et réserves. Les parcs et réserves en Côte d’Ivoire sont protégés par l’Oipr qui est déférents des Eaux et Forêts », a fait remarquer Dr Oram. Et de soutenir qu’apparemment les agents de l’Oipr sont mieux formés et mieux équipés que les agents des Eaux et Forêts.
Selon Dr Oram, les équipes que Mighthy Earth a envoyé ont visité les régions de production de cacao. « Ce qui est marquant, c’est que les populations de ces zones ne semblent pas bénéficier de cette industrie du cacao », a-t-il indiqué.
Egalement, il a soutenu qu’on a senti une grande peur du côté des populations en ce qui concerne les problèmes liés aux conflits sur les questions de terre et des difficultés de cohabitation entre les populations. En dehors de l’impact des plantations du cacao sur la déforestation, il y a aussi la question de l’habitat des animaux dont certains sont des espèces protégées, à savoir les chimpanzés, les hippopotames nains. « En plus de tout cela, il y a la question de l’eau. Lorsqu’on coupe la forêt, on crée un déséquilibre entre les différents éléments de la nature. Et il ne faut pas être surpris des sècheresses et des inondations là où on ne les attend pas du tout. Et que le climat est affecté de façon générale », a prévenu Dr Oram.
Le rapport noter que la question du cacao et de la déforestation constituent un problème pour l’ensemble du pays. Et d’expliquer : « Tout cela arrive parce que l’industrie et le gouvernement en dépit des engagements qui ont été pris, n’ont pas tenu leurs engagements ». Aussi a-t-il déploré l’inexistence d’un véritable monitoring conjoint qui permettrait de travailler en synergie et d’avoir des résultats probants notamment sur les revenus des planteurs. Poursuivant, il a précisé que le cacao est à 90% dans nos pays une affaire de petits planteurs. « Ce manque de coordination, de volonté réelle et des engagements non tenus font que leur situation ne s’améliore pas. « De plus de 100 milliards de FCFA que rapporte le chocolat chaque année, c’est moins de 5% qui reviennent à ceux qui sont à la base de ce produit », a déploré Dr Oram. D’où la nécessité des trois recommandations essentielles du rapport.
« Il est impératif qu’il ait une coordination entre les grands acteurs que sont le Conseil du café cacao, le gouvernement ivoirien et les compagnies. Cela est important pour arrêter la déforestation et surtout aider les planteurs. Et cela doit permettre à ne pas amener les planteurs à agrandir les plantations », a recommandé Dr Oram.
Dans sa deuxième recommandation, il a indiqué que le gouvernement de Côte d’Ivoire doit pouvoir étendre le niveau et la qualité de protection des parcs et réserves du pays à l’ensemble des aires protégées. Le pays pourra mettre en oeuvre l’agroforesterie de manière effective.
Dans la troisième recommandation, il a demandé la transparence du Conseil café cacao qui doit avoir une meilleure approche de la politique globale. Le partage de l’information dans la transparence est essentiel pour pouvoir amener les différents acteurs qui peuvent amener le changement, à travailler de concert. « En Côte d’Ivoire, par exemple on a le recensement des plantations géolocalisées et des planteurs fait par le Conseil du Café cacao. Une telle information va permettre d’avoir des informations de qualités et de premières mains sur la chaine d’approvisionnement. Toute chose qui peut avoir une conséquence positive sur l’ensemble de la chaine d’approvisionnement », estime selon Dr Oram, le rapport de Mighty Earth.
A noter que Mighty Earth est une organisation mondiale de plaidoyer œuvrant pour la défense d'une planète vivante.