Pêches aux produits toxiques : Ces pratiques qui détruisent la faune et la flore aquatique

Plusieurs pécheurs installés sur le littoral ivoirien continuent d'utiliser des produits toxiques dans la capture des poissons. (Ph: DR)
Plusieurs pécheurs installés sur le littoral ivoirien continuent d'utiliser des produits toxiques dans la capture des poissons. (Ph: DR)
Plusieurs pécheurs installés sur le littoral ivoirien continuent d'utiliser des produits toxiques dans la capture des poissons. (Ph: DR)

Pêches aux produits toxiques : Ces pratiques qui détruisent la faune et la flore aquatique

Le 11/03/22 à 22:41
modifié 11/03/22 à 22:46
Malgré les interdits et les différentes campagnes de sensibilisation menées par les autorités compétentes sur le terrain, plusieurs pécheurs installés sur le littoral ivoirien continuent d'utiliser des produits toxiques dans la capture des poissons.

Les boites de pesticides utilisés dans les exploitations agricoles sont aussi jetées dans les cours d’eaux de la région après usages. Ces pratiques ont un effet destructeur sur la faune et la flore aquatique.

Il est à peine 6h du matin, ce mois de 5 Mars sur la rive de lagune Aby dans le village d’ Eplemlan dans la S/P d’Adiaké. Malgré le temps glacial, le quai grouille de monde.

Ces nombreuses femmes qui ont bravé les moustiques, et la pluie en cette période où il pleut presque tous les jours, enregistre l’arrivée des pêcheurs qui se sont rendus depuis la veille, sur la lagune.

Malheureusement, toutes ces femmes qui viennent acheter le poisson pour le revendre ne sauront pas toutes récompensées par cet effort. C’est que, la production du jour est insuffisante pour tout le monde. C’est donc très furieuses que certaines vendeuses rentrent chez elles.

Comment expliquer cette situation de baisse progressive de poissons et autres crevettes dans cette région ? Et pourtant, il y a à peine 10 ans, elle se positionnait encore comme l’une des plus grandes productrices de poissons et autres produits halieutiques de façon artisanale.

Baisse progressive de poissons et autres crevettes

Considéré comme l’un des meilleurs pêcheur artisanal de la région du Sud-Comoé, M. Kadjo Alfred n’arrive pas à s’expliquer le fait que ses parties de pêches deviennent de plus en plus en plus catastrophiques.

Pour lui, cette situation est en très grande le fait de la pratique de la pêche par les produits toxiques. Cet avis est partagé par nombre d’observateurs et professionnels du secteur de la pêche.

Selon M. N’djoré Sylvain, un pêcheur du village Eplemlan dans la S/P d’Adiaké, Il y a toujours en lagune Aby des personnes qui pratiquent la pêche aux produits toxiques. « Ceux-ci opèrent généralement de nuit et vont très loin des côtes dans les endroits pas très fréquentés », explique-t-il.

Un responsable de pêche de la région a expliqué sous le seau de l’anonymat que la pêche aux produits toxique est un problème récurrent dans la localité. Selon lui la pratique existe depuis plus d’une dizaine d’année.

Outre les localités du Sud Comoé, les localités de Dabou et d’Alépé sont elles aussi confrontées au même fléau. « Cette pratique à la peau dure. Elle est réalisé par certains pêcheurs allogènes et étrangers », soutient M. Gnangne Alain, un cadre de la région de Dabou.

Il a indiqué que les pesticides les plus couramment utilisés sont le Thiodan, le Gamarine, le Gramoxone etc. conçus normalement pour le traitement des produits de rentes comme le café, le cacao, les orangers.

« Une fois sur les nombreux plans d’eaux de la région et loin des regards, ces pêcheurs indélicats déversent le produits toxiques dans l’eau. Ils attendent patiemment quelques minutes pour récupérer à la surface de l’eau les poissons morts »

Afin de cacher les signes extérieurs d’intoxication ceux-ci rangent ces produits halieutiques dans de la glace. C’est que le poisson intoxiqué a une couleur pâle. Les bronchites changes aussi de couleur.

Selon le responsable de l’aquaculture du centre de recherche océanologique, Dr Atse Célestin En effet, la pratique de la pêche par les produits toxiques posent des problèmes très graves.

Utilisation excessive des produits phytosanitaires

En effet, les produits toxiques détruisent la faune et la flore aquatique de ces régions. « Si rien n’est fait pour mettre définitivement fin à cette pratique, il n’y aura plus de ressources halieutiques dans nos eaux d’ici quelques années » a-t-il avertit. Avant d’indiquer que la consommation de ces poissons intoxiqués est très dangereuse pour l’homme.

M. Alexis M’doumé, un fonctionnaire résidant à Grand Bassam, en sait quelque chose. Il se souvient qu’en 1998 il s’est retrouvé pendant plusieurs jours au centre hospitalier de Treichville après avoir consommé du poisson intoxiqué—sans le savoir— au pesticide dans un restaurant de Grand Bassam avec plusieurs amis.

« Plusieurs parmis ceux qui ont consommé le poisson ont eu des maux de ventres et par la suite l’ulcère d’estomac », affirme-t-il.

Le Dr. Henry Beugré, travaillant dans une clinique privée de la place indique que la consommation du poisson intoxiqué peut être mortelle pour l’homme s’il est à grande dose. « Elle peut provoquer des vomissements, des diahrées etc. Chez la femme enceinte cela peut provoquer une fausse couche », explique le médecin.

Il existe aussi certains cas où les plans d’eaux sont intoxiquée par les populations par naïveté.

En effet, la partie sud littorale de la Côte d’Ivoire est la région par excellence qui regorge les grandes exploitations agricoles. Ce qui nécessite une grande utilisation des produits phytosanitaires, tels que les herbicides, pesticide etc. pour accroître des rendements sur des terres surexploitées.

L’essentielle de la production de l’ananas ivoirien provient cette partie du pays. Selon le ministère de l’agriculture la Côte d’Ivoire exporte chaque année 150.000 tonnes d’ananas.

Seulement voila, ces pratiques culturales présentent aujourd’hui des dangers pour la faune et la flore dans ces localités.

Dans la plupart de ces localités il y a une mauvaise gestion des emballages vides de produits phytosanitaires. Après utilisation de ces produits, nombre de paysans balancent simplement les fûts ou bidon vides dans les nombreux cours d’eaux qui traversent les exploitations agricoles.

Ainsi les résidus de ces produits chimiques se retrouvent dans l’eau. Qui est généralement ... consommée par les travailleurs agricoles sans traitement préalable.

L’autre problème que pose cette utilisation excessive des produits phytosanitaires est la menace de contamination qui pèse sur les nappes phréatique dans cette partie du pays.

En effet, avec l’enrichissement des sols en oligo-éléments des surfaces surexploitées. Il est a noté que l’épandage ou l’application des produits phytosanitaires de façon continue sur plusieurs années, comme c’est le cas dans la région du Sud- Comoé pour produire l’ananas la terre peut être contaminée.

Ainsi sur le long terme, avec les pluies, par infiltration, écoulement ou ruissellement s’opèrera une contamination de la nappe aquifère. Françis Kouamé, un ingénieur agronome explique qu’après l’épandage des pesticides, herbicides ou fongicides, ces produits ne disparaissent pas entièrement dans le sol. Ainsi lorsque la plante en a absorbé les quantités qui lui sont nécessaires les autres subsistances restent enfouies dans le sol.

De la sensibilisation des populations.

Les experts expliquent que pour mener à bien la lutte contre la pêche aux produits toxiques il faut impliquer d’avantages les populations riveraines des cours d’eaux dans les stratégies élaborées par les autorités de tutelles.

Il faut aussi prendre des mesures plus coercitives à l’encontre des contrevenants —dans plusieurs localités des comités villageois de lutte ont été installées. Lorsqu’ils prennent un pêcheur qui s’adonne à cette pratique les villageois détruisent les mauvais poissons et lui flanque une amende en nature—.

En ce qui concerne les agriculteurs qui contaminent le sol et les eaux, les experts préconisent des campagnes de sensibilisation et une formation à l’usage efficient des produits phytosanitaires. Mais surtout au respect des bonnes pratiques agricoles.

Le 11/03/22 à 22:41
modifié 11/03/22 à 22:46