En invalidant ce 21 mars 2022, le processus de révision constitutionnelle initié par le Président kényan, Uhuru Kenyatta, la Cour suprême semble réduire quasiment à néant les chances du chef sortant de l’Exécutif de continuer à influencer la scène politique locale.

« Le Président ne peut pas initier des amendements ou des changements constitutionnels par la procédure de l'initiative populaire. (...) L'amendement constitutionnel de 2020 est inconstitutionnel », a déclaré la présidente de la Cour Martha Koome citée par Rfi.

La justice kényane avait déjà rejeté le vendredi 20 août 2021, le projet de réforme constitutionnelle associant le Président Uhuru Kenyatta et son opposant, Raila Odinga. Jugé illégal, il visait, entre autres, à changer la répartition du pouvoir.

Le processus d'extension de l'Exécutif ainsi bloqué suscitait déjà l’opposition de l’actuel vice-président, William Ruto, - ancien allié et dauphin du Chef de l’État - depuis sa première élection en 2012.

Ce dernier y voit une manœuvre du Chef de l’État pour l’écarter du pouvoir, mais également pour garder la main sur les affaires de l’État. Alors que l’élection présidentielle au Kenya est prévue pour 2022 et Uhuru Kenyatta, qui achève son deuxième mandat, n’a pas le droit de se représenter.

Au dire des pro-Ruto, le nouveau poste de Premier ministre prévu - par la révision constitutionnelle avortée - offrirait notamment, selon lui, à Uhuru Kenyatta la possibilité de rester aux affaires.

William Ruto, issu de l’ethnie Kalenjin et qui s’était vu promettre par Uhuru Kenyatta d’être le candidat du parti présidentiel Jubilee en 2022, estime même que cette révision constitutionnelle aurait créé un système permettant à Uhuru Kenyatta et le chef de l’oppsition, Raila Odinga, respectivement Kikuyu et Luo, les deux principales ethnies du pays, de se partager le pouvoir.

L’on se dirige donc vers un face-à-face entre William Ruto et l’opposant Raïla Odinga.