Dj Arafat, le Lion de sa génération
C’est un ami qui m’avait joint du Canada à la mort du meilleur disk jockey du continent. « C’est quoi cette affaire de Dj Arafat (Ndlr: Décédé le 12 août 2019 à Abidjan) qui a envahi le continent ? » Il venait de lire sur plusieurs journaux en ligne, « la grosse perte ». Notamment les très sérieux quotidiens français Le Point et le Parisien qui ont consacré un bel hommage à « l’une des plus grosses stars africaines ».
Le problème de mon ami est qu’il savait certes qu’il y a « un gars qui s’appelle Dj Arafat qui fait du bruit et des frasques » mais ignorait qu’il avait une telle renommée. Il regrettait un peu d’avoir minimisé « un génie ivoirien ». Alors il m’a interrogé « qui est Arafat ? Réellement, il faisait quelle musique ? »
J’ai préféré lui parler du phénomène Arafat. Un phénomène que j’ai découvert moi-même en 2012 à Adzopé. Des organisateurs de spectacle m’avaient demandé d’autoriser que Arafat qui devait faire un concert, soit reçu sur la radio que je dirigeais. Je ne voyais pas trop pourquoi une telle demande, mes animateurs gérant eux-mêmes leur fil conducteur.
Quelques quinzaines de minutes après que l’animateur ait annoncé la présence du Dj sur nos antennes, j’ai reçu un coup de fil du préfet. « Il y a quoi sur ta radio et puis on me dit que tu as bloqué la voie internationale, coupant la ville du monde ».
Dehors effectivement, il y avait un monde fou et plus personne ne pouvait passer. D’autres fans s’étaient amassés sur les routes qu’Arafat devait emprunter à sa sortie de la radio. Jamais la ville n’avait été autant ‘‘envahie’’ par ses habitants.
Quelques mois après, aux 2 Plateaux, sur le boulevard Latrille, j’ai dû affronter un embouteillage monstre, un arrêt complet de toute circulation. Parce que Dj Arafat...passait. Chauffeurs de taxis, wôrô wôrô, jeunes du quartier etc. criaient en chœur « Yorobo yorobo ».
L’autre anecdote m’a été contée par mon patron, Venance Konan, directeur général de Fraternité Matin. Il animait une conférence dans un lycée de Cocody. Toute l’assistance était très attentive, heureuse d’échanger avec l’écrivain et journaliste émérite. Puis quelqu’un est venu annoncer que Dj Arafat était dans la cour du lycée. La salle de conférence s’est automatiquement vidée, à une vitesse incroyable. Ce jour-là, Venance Konan (Directeur général de Fraternité Matin à l'époque) m’a dit avoir compris ce qu’est le phénomène Dj Arafat.
Un phénomène que je vais vivre à Dakar. Le gérant d’un hôtel a dû supplier l’artiste de quitter son complexe parce que ses fans avaient bloqué l’accès au site.
Au Burkina Faso, la plus grosse star de la musique urbaine du pays qui faisait un concert anniversaire au stade avait constaté le peu d’engouement de ses fans. Deux jours avant le concert, il a placardé la photo d’Arafat comme invité spécial. Le stade a refusé du monde...
En Guinée Equatoriale et aussi à Ouagadougou, des concerts d’Arafat annulés in extrémis ont été mal digéré. Il a fallu des interventions de haut niveau pour calmer les conflits liés à l’annulation.
Dernier exemple, en 2015, Arafat avait annoncé, pour les fêtes de fin d’année, un concert à Assinie. Entrée, 1200000 FCFA. Oui, un million deux cents mille francs pour aller voir le Dj. Je me suis dit que personne n’allait s’y rendre. Je suis allé là-bas par curiosité. A mon arrivée, ils avaient fermé le guichet. Plus de places. Quelques dizaines de fans, des retardataires, suppliaient les organisateurs, pour payer deux fois plus cher, pourvu qu’on les laisse entrer.
Arafat ? Un phénomène.
NB : Ce texte a été publié en 2019 et en 2020
J’ai préféré lui parler du phénomène Arafat. Un phénomène que j’ai découvert moi-même en 2012 à Adzopé. Des organisateurs de spectacle m’avaient demandé d’autoriser que Arafat qui devait faire un concert, soit reçu sur la radio que je dirigeais. Je ne voyais pas trop pourquoi une telle demande, mes animateurs gérant eux-mêmes leur fil conducteur.
Quelques quinzaines de minutes après que l’animateur ait annoncé la présence du Dj sur nos antennes, j’ai reçu un coup de fil du préfet. « Il y a quoi sur ta radio et puis on me dit que tu as bloqué la voie internationale, coupant la ville du monde ».
Dehors effectivement, il y avait un monde fou et plus personne ne pouvait passer. D’autres fans s’étaient amassés sur les routes qu’Arafat devait emprunter à sa sortie de la radio. Jamais la ville n’avait été autant ‘‘envahie’’ par ses habitants.
Quelques mois après, aux 2 Plateaux, sur le boulevard Latrille, j’ai dû affronter un embouteillage monstre, un arrêt complet de toute circulation. Parce que Dj Arafat...passait. Chauffeurs de taxis, wôrô wôrô, jeunes du quartier etc. criaient en chœur « Yorobo yorobo ».
L’autre anecdote m’a été contée par mon patron, Venance Konan, directeur général de Fraternité Matin. Il animait une conférence dans un lycée de Cocody. Toute l’assistance était très attentive, heureuse d’échanger avec l’écrivain et journaliste émérite. Puis quelqu’un est venu annoncer que Dj Arafat était dans la cour du lycée. La salle de conférence s’est automatiquement vidée, à une vitesse incroyable. Ce jour-là, Venance Konan (Directeur général de Fraternité Matin à l'époque) m’a dit avoir compris ce qu’est le phénomène Dj Arafat.
Un phénomène que je vais vivre à Dakar. Le gérant d’un hôtel a dû supplier l’artiste de quitter son complexe parce que ses fans avaient bloqué l’accès au site.
Au Burkina Faso, la plus grosse star de la musique urbaine du pays qui faisait un concert anniversaire au stade avait constaté le peu d’engouement de ses fans. Deux jours avant le concert, il a placardé la photo d’Arafat comme invité spécial. Le stade a refusé du monde...
En Guinée Equatoriale et aussi à Ouagadougou, des concerts d’Arafat annulés in extrémis ont été mal digéré. Il a fallu des interventions de haut niveau pour calmer les conflits liés à l’annulation.
Dernier exemple, en 2015, Arafat avait annoncé, pour les fêtes de fin d’année, un concert à Assinie. Entrée, 1200000 FCFA. Oui, un million deux cents mille francs pour aller voir le Dj. Je me suis dit que personne n’allait s’y rendre. Je suis allé là-bas par curiosité. A mon arrivée, ils avaient fermé le guichet. Plus de places. Quelques dizaines de fans, des retardataires, suppliaient les organisateurs, pour payer deux fois plus cher, pourvu qu’on les laisse entrer.
Arafat ? Un phénomène.
NB : Ce texte a été publié en 2019 et en 2020