Technologies agricoles climato-intelligentes: La BAD compte mobiliser 13 milliards de dollars pour 20 millions d’agriculteurs

Forum de la société civile 2022. (Ph: BAD)
Forum de la société civile 2022. (Ph: BAD)
Forum de la société civile 2022. (Ph: BAD)

Technologies agricoles climato-intelligentes: La BAD compte mobiliser 13 milliards de dollars pour 20 millions d’agriculteurs

Le 10/10/22 à 11:53
modifié 10/10/22 à 13:20
Le président du Groupe de la Banque africaine de développement (Bad), M. Akinwumi Adesina, a déclaré le 7 octobre 2022, à Abidjan, que les Organisations de la société civile sont des partenaires essentiels dans l’effort de la Banque pour renforcer la résilience du continent au changement climatique. C’était à l’occasion de la cérémonie d’ouverture du Forum de la société civile 2022 .

Selon le patron de la Bad, le guichet d’action climatique du Fonds africain de développement (Fad) pourrait mobiliser jusqu’à 13 milliards de dollars pour fournir à 20 millions d’agriculteurs des technologies agricoles climato-intelligentes et à 20 millions d’agriculteurs et d’éleveurs une assurance indexée sur les conditions météorologiques. Ce programme permettra également de faire revivre 1 million d’hectares de terres dégradées et de fournir de l’énergie renouvelable à environ 9,5 millions de personnes.

Ci-dessous le discours intégral
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Excellences, mesdames et messieurs les ambassadeurs

Mesdames et messieurs les ministres

Mesdames et messieurs les administrateurs de la Banque africaine de développement, de la haute direction et personnel de la Banque,

Mesdames et messieurs les dirigeants et membres des organisations de la société civile

Mesdames et messieurs,

Bonjour à tous!

Je suis ravi de vous accueillir au Forum de la société civile 2022.

Le thème du Forum de cette année, « Engager la société civile en faveur d’une résilience climatique et d’une transition énergétique juste », arrive à point nommé.

Le changement climatique dévaste les économies africaines. Lors de la deuxième réunion ministérielle sur la COP 27 qui s’est tenue récemment à New York en marge de l’Assemblée générale des Nations unies, j’ai clairement indiqué que «l’Afrique souffre, l’Afrique suffoque, l’Afrique est en proie à une détresse économique due à l’impact d’un changement climatique qu’elle n’a pas provoqué».

L’Afrique perd entre sept et quinze milliards de dollars par an en raison des effets néfastes du changement climatique, un montant qui devrait atteindre 50 milliards de dollars par an d’ici 2030. Les pays africains auront besoin de 125 milliards de dollars par an en moyenne entre 2020 et 2030 pour s’adapter au changement climatique.

La Banque africaine de développement est à l’avant-garde du financement du climat en Afrique. En collaboration avec le Centre mondial pour l’adaptation, nous avons lancé le Programme d’accélération de l’adaptation en Afrique, afin de mobiliser 25 milliards de dollars pour le continent.

Nous répondons aux besoins des 37 pays à faible revenu et des États fragiles d’Afrique qui dépendent des ressources du Fonds africain de développement (FAD) qui sont également les plus vulnérables au changement climatique. Les pays du Fonds africain de développement ont besoin de 600 milliards de dollars d’ici 2030 pour lutter contre le changement climatique, et pourtant ils ne reçoivent pas de financement climatique pour les aider à faire face à l’avalanche d’impacts du changement climatique sur leurs populations, leurs communautés et leurs économies.

C’est pourquoi le Fonds africain de développement crée un Guichet d’action climatique dans le cadre de la 16e reconstitution des ressources du FAD afin de mobiliser jusqu’à treize milliards de dollars de ressources pour le financement climatique de ces pays.

Le Guichet d’action climatique du Fonds africain de développement permettra de donner à 20 millions d’agriculteurs, l’accès à des technologies agricoles respectueuses du climat, de fournir à 20 millions d’agriculteurs et d’éleveurs une assurance indexée sur les conditions météorologiques, de réhabiliter un million d’hectares de terres dégradées, d’alimenter 9,6 millions de personnes en énergie renouvelable et de stocker 840 millions de mètres cubes d’eau.

Nous aurons besoin de vous, les organisations de la société civile, pour défendre et soutenir fermement la 16e reconstitution des ressources du FAD, car elle offre la promesse de soutenir les plus vulnérables face aux ravages du changement climatique.

La vidéo que nous venons de regarder résume parfaitement l’engagement continu de la Banque africaine de développement à collaborer avec la société civile. La Banque africaine de développement est fermement convaincue que l’engagement avec la société civile est essentiel pour un développement inclusif et durable qui améliore réellement la vie de nos populations.

C’est pourquoi dès le début de mon premier mandat de président de la Banque en 2015, j’ai créé la Division société civile, engagement communautaire et innovation sociale au sein de notre département Genre, femmes et société civile.

Les six engagements irrévocables que j’ai pris lors du Forum de la société civile 2020 sont les suivants :

1. Renforcer la capacité institutionnelle des organisations de la société civile.

2. Soutenir les actions de plaidoyer des organisations de la société civile.

3. Renforcer l’engagement communautaire sur les projets.

4. Soutenir les organisations de la société civile pour aider à accélérer l’accès au financement pour les femmes.

5. Renforcer les garanties sociales et environnementales

6. Renforcer l’engagement avec les organisations de la société civile en matière de gouvernance et de lutte contre la corruption.

J’ai pris ces engagements parce que je sais que les objectifs ambitieux que nous nous sommes fixés pour l’Afrique ne peuvent être atteints qu’en plaçant l’humain au centre de tout ce que nous faisons. J’ai toujours affirmé que lorsque je pense à la Banque africaine de développement, ce qui est le plus important pour moi, c’est la partie «développement». C’est notre mission. Par conséquent, la collaboration avec les communautés, les jeunes, les femmes, le secteur privé et les acteurs non étatiques tels que la société civile fait partie intégrante de la façon dont nous atteignons les gens et dont nous leur rendons des comptes.

La Banque africaine de développement est unique; nous ne nous contentons pas de prêter à l’Afrique; nous connaissons l’Afrique; nous sommes basés en Afrique; et nous sommes la seule institution financière multilatérale ayant un mandat pour l’Afrique.

Nous sommes la banque des solutions pour l’Afrique.

Il y a sept ans, j’ai exposé la vision de notre Banque pour accélérer le développement de l’Afrique - les «High 5» : « éclairer l’Afrique et l’alimenter en énergie », « nourrir l’Afrique », « industrialiser l’Afrique », « intégrer l’Afrique et améliorer la qualité de vie des populations en Afrique ». En cinq ans, les «High 5» ont amélioré la vie de 335 millions de personnes.

Le pont de Sénégambie relie aujourd’hui pour la première fois le Sénégal et la Gambie, facilitant ainsi les déplacements et le commerce. Le pont de Kazungula relie la Namibie au Botswana et à la Zambie et a permis de réduire le temps de transit de 14 jours à une heure seulement. Le corridor de transport entre Addis-Abeba et Nairobi, dans lequel la Banque a investi un milliard de dollars et qui sera bientôt achevé, permettra d’accroître de 400 % les échanges entre l’Éthiopie et le Kenya.

Le projet «Desert-to-Power» dans le Sahel, d’une valeur de 20 milliards de dollars, fournira de l’électricité à 250 millions de personnes et fera du Sahel la plus grande zone solaire du monde.

Même si nous sommes fiers des progrès accomplis, nous sommes conscients que les défis auxquels l’Afrique et ses habitants sont confrontés restent immenses. Ces défis ne nous découragent pas. Notre tâche et notre responsabilité sont de les relever et de veiller à ce que les besoins de l’Afrique soient prioritaires au moment où le monde fait face à de multiples défis.

Pour soutenir l’Afrique pendant la pandémie de Covid-19, la Banque a lancé une Facilité de réponse rapide à la Covid-19 d’un montant allant jusqu’à dix milliards de dollars. Nous avons également lancé une obligation sociale «Combattre le Covid-19» (Fight Covid-19) de trois milliards de dollars sur les marchés financiers mondiaux, la plus grande obligation sociale de toute l’histoire. Notre soutien a permis aux pays africains de disposer de ressources pour répondre aux besoins immédiats en fournitures médicales, en vaccins, ainsi que pour assurer la protection sociale de plus de 28 millions de personnes.

Pour protéger l’Afrique des effets de la guerre de la Russie en Ukraine, la Banque a lancé une Facilité de production alimentaire d’urgence de 1,5 milliard de dollars. Cette facilité permettra à 20 millions d’agriculteurs d’avoir accès à des semences améliorées et à des engrais pour produire 38 millions de tonnes de nourriture, pour une valeur de 12 milliards de dollars. Nous éviterons ainsi une crise alimentaire en Afrique. Dans les 45 jours qui ont suivi le lancement de la Facilité, la Banque a approuvé 1,13 milliard de dollars de financement pour 24 pays. Voilà ce que nous sommes : une Banque très réactive!

Je note avec satisfaction que les organisations de la société civile ont été incluses par la Banque dans notre soutien aux pays. Les organisations de la société civile ont participé à des consultations sur les opérations fondées sur des programmes et leurs contributions au renforcement de la responsabilité et de la gouvernance inclusive, notamment, par exemple, en Namibie, au Kenya et au Botswana. Les organisations de la société civile ont été incluses dans le projet d’appui institutionnel à la gouvernance et à la gestion des finances publiques au Zimbabwe, où nous sommes allés encore plus loin en incluant une ligne budgétaire spécifique pour que le Parlement puisse avoir un engagement direct avec les principales organisations de la société civile sur l’allocation budgétaire, la responsabilité en matière de dépenses publiques, la contraction de la dette, la gouvernance inclusive et la croissance.

Nous évaluons soigneusement nos engagements avec la société civile, tirant les leçons de notre travail et de nos expériences et cherchant constamment à nous améliorer.

En 2020, l’Unité indépendante d’évaluation du développement de la Banque a terminé une évaluation des engagements de la Banque avec la société civile sur la période 2012-2019. L’évaluation a réaffirmé l’importance de l’engagement de la Banque avec les organisations de la société civile pour assurer une croissance et un développement inclusifs et participatifs en Afrique. L’évaluation a souligné la nécessité de renforcer le travail avec les organisations de la société civile et de les soutenir afin d’apporter une valeur ajoutée au mandat de la Banque, ainsi que la nécessité de les impliquer davantage dans le dialogue politique au niveau national et régional.

Notre slogan, à la Banque africaine de développement, c’est «promesse faite, promesse tenue». Sous mon leadership et ma direction, j’ai demandé à la Banque de prendre des engagements clairs envers les organisations de la société civile, afin de garantir une responsabilité totale. Lors du Forum des organisations de la société civile du 26 novembre 2020, j’ai demandé des actions claires, avec des résultats mesurables dans l’engagement de la Banque avec les organisations de la société civile. Je voulais que les organisations de la société civile présentes sur la plateforme partagent leurs points de vue, la manière dont elles travaillent avec la Banque, et ce que nous pouvons faire pour améliorer davantage nos engagements.

Je suis heureux que des progrès significatifs aient été réalisés dans tous les domaines convenus. En ce qui concerne le renforcement de la capacité institutionnelle des organisations de la société civile, la Banque a octroyé des dons à trois d’entre elles : AVSI Foundation, qui a reçu 782802 dollars pour l’appui à l’énergie verte en faveur des jeunes et des femmes en Ouganda et au Kenya; ICEI - Instituto Cooperazione Economica Internazionale, qui a reçu 596283 dollars pour soutenir l’agriculture résiliente au climat dans la zone marine et côtière dégradée de Zambezia (au Mozambique); et Zenab for Women Development au Soudan, qui a reçu 304066 dollars pour aider à renforcer la résilience au climat des jeunes et des femmes.

Pour former les organisations de la société civile et renforcer leurs capacités sur les questions de réglementation en matière d’électricité, la Banque a soutenu l’Africa Center for Energy Policy et l’Institut de la société civile de l’Afrique de l’Ouest pour renforcer leurs capacités sur les questions de réglementation.

Pour soutenir l’agenda climatique de l’Afrique avant la COP 27, la Banque a jusqu’à présent organisé cinq forums régionaux de la société civile en 2021 et créé une Coalition Banque africaine de développement-société civile sur le chemin de la COP 27.

La Banque a donné la priorité aux contributions des organisations de la société civile dans ses activités de manière significative. L’engagement des organisations de la société civile a été pris en compte dans l’élaboration de 39 documents de stratégie pays, dont 12 depuis le début de l’année, ce qui leur a permis d’influencer et de façonner les orientations des pays. Je suis heureux que plus de 20 projets de la Banque aient bénéficié de la contribution de la société civile dans leur développement.

Et la Banque s’est activement engagée auprès des organisations de la société civile pour renforcer le respect des garanties sociales et environnementales dans tous les projets financés par la Banque.

Vous pouvez tous être fiers de nous, votre partenaire, en matière de transparence. La Banque africaine de développement a été classée cette année comme l’institution la plus transparente au monde par Publish What You Fund pour son travail sur les opérations du secteur public.

La nouvelle stratégie de gouvernance 2021-2025 de la Banque met particulièrement l’accent sur l’engagement de la société civile afin d’améliorer davantage la transparence et la responsabilité.

Le travail que vous accomplissez en tant qu’organisations de la société civile continuera d’être soutenu et promu par la Banque africaine de développement.

La Banque met également de plus en plus en valeur le travail des organisations de la société civile, avec la publication depuis 2019 du bulletin «La voix des citoyens en Afrique», qui présente le travail de la Banque avec la société civile. Nous venons de terminer une vidéo consacrée à la société civile en collaboration avec une société multimédia, qui présentera un peu plus le travail de la société civile avec la Banque africaine de développement.

À l’approche de la COP 27, les voix de la société civile africaine devraient porter sur la nécessité pour les pays développés de respecter leur engagement de fournir 100 milliards de dollars par an pour le financement du climat.

Vos voix doivent être fortes pour soutenir la 16e reconstitution des ressources du Fonds africain de développement.

Vos voix doivent être fortes pour soutenir le Guichet d’action climatique du Fonds africain de développement.

Ensemble, continuons à répondre aux besoins de l’Afrique.

Soyez les «vuvuzelas» de l’Afrique sur le changement climatique.

C’est notre responsabilité, c’est notre devoir, c’est notre obligation, de veiller à ce que les besoins de l’Afrique ne soient pas ignorés.

Allons de l’avant, ensemble, vers la COP 27 à Sharm El Sheikh.

Je déclare ouvert le Forum de la société civile 2022.

Je vous remercie.


Le 10/10/22 à 11:53
modifié 10/10/22 à 13:20