Nouvelle sortie/Roger Gobéa : « je n’ai pas choisi la musique, c’est elle qui m’a choisi »

Roger Gobea (Photos véronique Dadié)
Roger Gobea (Photos véronique Dadié)
Roger Gobea (Photos véronique Dadié)

Nouvelle sortie/Roger Gobéa : « je n’ai pas choisi la musique, c’est elle qui m’a choisi »

Le 16/10/22 à 18:06
modifié 17/10/22 à 09:49
A l’âge de 8 ans Roger Gobéa commence son apprentissage à la musique auprès de sa mère chanteuse. Bercé dans un univers familial à fond dans la musique, Roger Gobéa, déjà à l’âge de 8 ans, trace sa destinée artistique. Sa mère, encadre ses sœurs en l’occurrence, l’icône de la musique ivoirienne Léopoldine Djédjé alias GG Léopoldine et plus tard la sensuelle Tiane révélée par le mythique groupe Woya avant d’entamé une carrière solo à succès.

« Je dis toujours que je n’ai pas choisi la musique, c’est elle qui m’a choisi depuis le sein de ma mère. Chez nous en pays Bété tout se confond à la musique. On travaille avec elle, on fête, on souffre et on pleure avec elle. C’est dans cette ambiance que maman elle aussi chanteuse (paix à son âme) nous a éduqués. C’est d’ailleurs elle qui nous a tous appris à chanter, mes grandes sœurs GG Léopoldine, Tiane et ensuite moi. Pour elle, c’est moi qu’elle voulait voire chanter. La musique c’est donc pour moi une affaire de famille, de sang, de naissance. Je ne vis que par elle et pour elle », a indiqué l’artiste qui nous a rendu visite le 11 octobre pour nous présenter son nouveau single baptisé ‘’Wanoussa’’ dont la sortie officielle en streaming et sur toutes les plateformes légales de téléchargement est prévue pour le 15 octobre.

Ce single extrait de son album en préparation est une exhortation aux bonnes actions. Il est exécuté sur un air de Pop qui s’incruste dans des sonorités du terroir et chanté en bété. Ainsi, 13 ans, après la sortie de son dernier single ‘’Je t'aime Trop Jésus'' (2009 ), Roger Gobéa est de retour, avec un single plutôt qu’un album, pour dit-il casser les codes tout en restant fidèle à sa vision musicale : la ‘’Word music’’ qui puise ses racines du terroir africain et plus particulièrement de la Côte d’Ivoire. « Il faut proposer de l’originalité si nous voulons être compétitifs avec les autres...Je ne peux pas annoncer mon retour sur la scène après plusieurs années avec un album qui n’entre pas dans un vrai projet promotionnel, managérial, marketing, sponsoring et concert. En réalité mon album est prêt. On trouvera de la Pop, de la Dance, du ziglybity et plusieurs brassages de cultures musicales. C’est en somme un album N’Zassa. L’inspiration est là, mais c’est par défaut de producteur que je lance ce single afin de taper dans l’œil d’un vrai producteur qui partage mon ambition », a expliqué Gobéa qui espère que les mélomanes réserveront un accueil chaleureux à son nouveau produit.

La persévérance d’un passionné
Après plus de 30 ans de carrière, l’heure de la moisson, selon des observateurs semble bien maigre pour l’artiste qui est souvent présenté comme un éternel espoir de la musique ivoirienne qui pourtant à connu très tôt le succès. En effet, c’est à 13 ans qu’il remporte le grand concours de musique ‘’Vacances Culture’’. « C’est après cela que tout est parti. J’ai poursuivi ma formation en faisant du Live à travers des tribunes comme Podium, Marlboro Rocking, Cocody Rock Star. Mais ce succès que j’ai connu très jeune ne m’est pas monté à la tête. De nature, je suis quelqu’un de très réservé. De fil en aiguille, j’ai enregistré ma première œuvre musicale ‘’Behi’’ en 1996 et sortie en 97 par Edgar Yonkeu.

L’Album a été bien accueilli mais il a évolué dans un flou total entretenu par mon producteur. Mon producteur vivant en France et moi ici, je ne le voyais pratiquement pas et cela a duré deux ans. Lorsque j’ai voulu faire le point avec lui lors d’un passage à Abidjan, il m’a répondu qu’il n’avait pas l’album mais qu’il l’avait plutôt distribué gratuitement pour la promotion. Et pourtant l’album était bien vu en France et aux Antilles.

Le titre ‘’Sexual Healing’’, une reprise en bété du classique de Marving Gaye tournait en boucle sur Rfi grâce à Claudy Sia. J’ai compris que je m’étais fait avoir. Dans l’euphorie de la première sortie, je me suis engagé sans véritable contrat concret. Il est parti avec l’album, l’a sorti en France et basta », explique l’artiste qui ne se décourage pas et enchaine en 2000 avec l’album Mad’Afrique qui le révèle véritablement au grand public. L’album connaît un grand succès médiatique. L’artiste tourne sans vraiment gagner financièrement. Là encore Roger Gobéa n’arrive pas à se hisser au niveau de son talent et de l’espoir placé en lui par les mélomanes. « L’homme propose mais Dieu dispose. Hélas, la méchanceté gratuite de certains humains est venue plomber la bonne volonté du producteur qui avait mis les grands moyens pour le succès de l’album. Certaines personnes dans son entourage ont saboté le travail tout simplement par jalousie. Mais j’ai foi en l’Éternel Dieu, et j’ai espoir que quand il le voudra, il saura me récompenser à la dimension de mes ambitions », a confié le jeune frère de Tiane qui durant ce temps de flottement s’est consacré au travail en studio, aux arrangements, à la composition de chanson et à faire des chœurs pour plusieurs artistes nationaux et internationaux.

Regard sur la nouvelle génération
Pourquoi ne s’est-il pas exilé en Europe comme l’on fait beaucoup d’autres artistes ? Sa réponse est tranchante : « J’attendais et j’attends d’ailleurs encore la bonne occasion. J’ai remarqué que la plupart des artistes ivoiriens, une fois installé en Europe abandonnent la musique. Et j’en souffre. La musique est devenue secondaire pour eux. Moi, ma vision est d’aller en France et d’exercer mon métier. C’est pourquoi je prends mon temps pour avoir la bonne opportunité », a-t-il déclaré avant de porter un regard sur la musique de la nouvelle génération. Selon lui, cette musique qui n’est plus compétitive doit être bonifié et rendu plus originale. « Nos devanciers, nos modèles sont là. Il faut s’en inspirer pour créer. La musique des Ernesto Djédjé, Bailly Spinto, François Lougah, Meiway, John Kyffy et autres, est une source d’inspiration intarissable. Chanté déjà en langue est un atout qui embelli notre musique car elles sont belles. Les jeunes nous suivent mais ils ne font que ce qu’on leur présente comme modèle musical. Il leur faut des repères. C’est pourquoi je lance un appel à l’implication de l’État afin de prendre des mesures concrètes pour la promotion de notre musique. J’invite aussi les médias, les promoteurs et les acteurs culturels dans leur ensemble, à donner beaucoup plus d’espaces à nous autres artistes qui n’acceptons pas de dénaturer notre musique. Et vous verrez que les jeunes trouveront des modèles auxquels ils pourront s’inspirer pour leur création. Nous nous plaisons à nous complexer en nous disant ouvert à la musique dite urbaine. Au point que cette belle musique tradi-moderne, mélodieuse, riche en orchestration est en train de disparaître progressivement. Les héritiers ne chantent que dans leurs villages et ça c’est dommage. Il y a lieu de remettre notre musique au cœur du showbiz ivoirien », a rêvé Roger Gobéa qui a encore du talent à revendre et n’attends que de belles opportunités pour exprimer toute sa dimension artistique. En attendant Wanoussa donne un aperçu de cet immense talent.


Le 16/10/22 à 18:06
modifié 17/10/22 à 09:49