A l’heure de la COP 27: La Côte d’Ivoire fait de l’environnement une priorité pour son développement (Contribution)

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A l’heure de la COP 27: La Côte d’Ivoire fait de l’environnement une priorité pour son développement (Contribution)

A la COP 27 de Charm-El-Cheikh, la Côte d’Ivoire a fait figure d’élève assidu. Durant son intervention, le Vice-Président Tiémoko Meyliet Koné a fait part des grandes ambitions du pays pour lutter contre les changements climatiques. En matière de reboisement, l’objectif est ainsi d’atteindre 20% de couverture forestière d’ici à 2030, soit le double de la couverture actuelle. Si le Vice-Président a rappelé l’importance d’une action forte et exigeante dans ce combat qui doit être mené au niveau planétaire, c’est parce que le pays a déjà réalisé d’importants progrès en la matière depuis l’accession à la présidence d’Alassane Ouattara.
L'intervention, à la COP 27, du Vice-président de la République ivoirienne Tiémoko Meyliet Koné a placé haut l’ambition du gouvernement ivoirien avec des objectifs chiffrés pour 2030 notamment 30,4% de réduction des gaz à effet de serre et 45% d’énergies renouvelables dans le mix énergétique grâce au gaz naturel, à l’hydroélectricité, au solaire et à la biomasse. Si la Côte d’Ivoire se permet d’afficher de si hautes ambitions, c’est parce qu’elle est à même de poursuivre une action climatique efficace.

En 2020, à la veille du lancement du Plan National de Développement 2021-2025, le gouvernement ivoirien signait le Cadre de Coopération des Nations Unies pour le Développement Durable (2021-2025). Celui-ci relevait d’importantes avancées suite au PND 2016-2020 : “l’augmentation de la richesse créée au cours de la période 2012-2018”, “la baisse du taux de pauvreté de 15,6 point de pourcentage entre 2011 et 2018”, “l’élargissement de la couverture maladie universelle”, “la progression du taux d’achèvement au primaire”, “l’amélioration de l’accès des ménages à une source améliorée d’eau potable, avec une hausse du nombre de localités desservies.”

À la veille de la COP 27 de Charm-El-Cheikh, et à mi-chemin de son Plan national de développement, où en est la Côte d’Ivoire de son agenda pour un développement durable ? La question se pose d’autant que le pays affiche cette année encore l’un des taux de croissance les plus élevés du continent.

Le PND 2021-2025 est la déclinaison opérationnelle de la vision à long terme du gouvernement pour la Côte d’Ivoire : la “Vision 2030”. Celle-ci propose de poursuivre la transformation en profondeur des structures du pays, afin de rester sur la voie d’un développement économique durable. Le coût des “réformes importantes” requises par cette vision est estimé à 59 000 milliards de FCFA, soit près de 100 milliards de dollars. Des fonds qui devront majoritairement provenir du secteur privé, selon le Premier ministre Patrick Achi. Cette vision se décline en plusieurs initiatives sur le plan économique, social et environnemental, qui transforment le pays chaque jour davantage.

Éducation, soins... développer le capital humain

Le Deuxième Programme Social du Gouvernement (PSGouv-2) concerne le volet social de l’action gouvernementale. Ses prérogatives sont la lutte contre la fragilité dans les zones frontalières du nord, l’éducation, l’amélioration des conditions de vie des ménages, l’insertion professionnelle et le renforcement de la solidarité. En réponse à ces défis, le PSGouv-2 propose “l’amélioration substantielle des conditions de vie des populations, à travers la réalisation de projets concrets”. Doté de 3 182 milliards FCFA, le PSGouv-2 a déjà conduit l’action publique ivoirienne à s’engager dans ses principaux chantiers sociaux.

En matière d’éducation, identifiée par le Cadre de Coopération pour le développement durable comme l’un des aspects critiques de la transformation du pays, le gouvernement ivoirien voit déjà son action porter ses fruits. Alors que le PSGouv-1 avait permis le recrutement de 10 300 enseignants, l’acquisition de matériel, l’amélioration de l’hygiène, l’approvisionnement des cantines scolaires et la construction de 78 collèges de proximité. Un semestre plus tard, la quasi-totalité des 10 300 enseignants recrutés durant le PSGouv-1 a été intégré à la Fonction publique et 24 collèges de proximité ont été ouverts, sur un objectif de 288, comme établi lors du bilan de l’action gouvernementale.

En matière sanitaire, les résultats obtenus en six mois sont significatifs. 119 101 kits d’accouchement, 9 623 kits de césarienne ou d’anesthésie ont été donnés ; 596 106 patients vulnérables au paludisme dont 72 491 femmes enceintes et 523 615 enfants de 0 à 4 ans ont été pris en charge ; 454 765 enfants ont été vaccinés au titre du Penta, 444 083 contre rougeole et rubéole, et 436 127 femmes enceintes contre le tétanos. Le porte-parole du gouvernement, Amadou Coulibaly, a affirmé qu’au second semestre, l’action gouvernementale porterait sur la généralisation de la Couverture Maladie Universelle. Entrée en vigueur le 1er octobre dernier, celle-ci parachève un chantier sanitaire qui dure depuis 2010, et a vu bondir le taux d’accès aux services de santé était 44% en 2012, à 69% en 2019. Avec la généralisation de la CMU, le gouvernement devrait poursuivre les progrès réalisés en matière sanitaire.

L’Initiative d’Abidjan, un projet phare pour faire de l’environnement une priorité

La Côte d’Ivoire a vu son environnement, particulièrement ses forêts, se dégrader de façon alarmante aux cours du dernier siècle. Le Président Alassane Ouattara a engagé son pays sur une voie radicalement différente. La COP15 sur la lutte contre la désertification, accueillie à Abidjan en mai dernier, fut l’occasion pour le gouvernement de dévoiler son plan pour la préservation du capital naturel ivoirien. Ainsi, l’Initiative Abidjan fait figure de pendant environnemental du PSGouv-2. Elle vise à “créer les conditions d'une durabilité environnementale”, à placer le secteur agricole dans “un rôle puissant de création d’emplois et de revenus”, et “à produire enfin un équilibre social qui garantisse à toutes les couches de la société, le droit à une alimentation équilibrée et à une vie plus décente”.

Ce programme s’étend sur 5 ans et s’articule autour de quatre points : la lutte contre la déforestation, l’amélioration de la productivité agricole, la restitution de chaînes de valeurs plus durables, et l’augmentation de la transformation locale des matières premières. Il est donc attendu une transformation structurelle de l’agriculture et de son économie, tout en préservant l’intégrité de l’environnement. Ce programme a soulevé un enthousiasme indéniable, puisque la Côte d’Ivoire est parvenue, à l’aide de ses partenaires, à mobiliser 2 milliards de dollars, soit un montant 25% supérieur à l’objectif initial d’1,5 milliard.

D’autant que, sur la question du reboisement, le gouvernement a déjà obtenu des résultats significatifs par le passé en replantant 28 millions d’arbres sur la seule année 2021. L’objectif à horizon 2030 est de reboiser six millions d’hectares, soit 20% du territoire national. Cela revient à doubler le couvert forestier du pays, aujourd’hui à 10%. Mais la question du couvert forestier dépend d’une réforme générale de l’agriculture ivoirienne, notamment de la filière cacaoyère. Celle-ci, qui contribue à 15% du PIB national, incarne à elle seule l’ampleur de la transformation engagée par le gouvernement.

La lutte contre la déforestation en Côte d’Ivoire est étroitement liée à la question de la rémunération des agriculteurs de cacao et des conditions de travail dans les exploitations. Face à des pratiques commerciales agressives de la part des acheteurs, le gouvernement ivoirien se bat bec et ongles pour la hausse du prix du cacao.

À cette initiative s’ajoutent d’autres efforts pour transformer la filière. Sur le plan social, le gouvernement est parvenu à réintégrer massivement des enfants d’agriculteurs dans le circuit scolaire. Il s’est également engagé dans la lutte active contre la déforestation : unités d’élite et drones sont déployés pour sévir contre les orpailleurs, et l’exploitation “sauvage” des ressources forestières. La filière du cacao ivoirienne montre parfaitement que le développement durable ne peut se faire sans une approche à la fois sociale, économique et environnementale.

Augustin Kacou, Journaliste indépendant