Farikou Soumahoro (président de la Fenacci): "La mutuelle est une nécessité absolue pour les commerçants de Côte d’Ivoire"
Qu’est-ce qui explique cela ?
Le ministère doit certainement avoir ses raisons. Mais ce qu’il faut comprendre, c’est que l’attente devient trop longue pour les acteurs du commerce qui sont bien instruits sur ce dossier et qui savent qu’une étude de faisabilité a été diligentée du 4 mars 2015 au 28 novembre 2017. Près de six ans après, la mutuelle des commerçants n’a pas encore vu le jour. Toute chose qui porte à croire qu'elle ne fait pas partie des priorités de notre ministère de tutelle. La lenteur dans le traitement de ce dossier est l’une des raisons qui a amené les commerçants à prendre leur destin en main, avec la mise en place du comité ad hoc et la présentation d'un chronogramme clair et précis. Soyez rassurés. Avec le ministère, nous nous sommes parlé et je crois que nous nous sommes compris. Des rencontres de travail se sont tenues entre le comité ad hoc et le directeur général du Commerce intérieur, M. Aimé Koizan Kablan, les 13 et 17 avril. Le ministère a reconnu la légalité du comité ad hoc et l’urgence d’accélérer la mise en place de la mutuelle, ce qui est une avancée. Le ministère du Commerce, de l’Industrie et de la Promotion des Pme et d’autres partenaires travaillent sur les aspects techniques de la future mutuelle, tandis que les différentes Organisations professionnelles de commerce sont chargées de mobiliser les commerçants et de formaliser la création de la mutuelle, conformément aux règlements de l’Uemoa en matière de mutualité sociale qui donnent compétence aux commerçants de créer leur mutuelle, notamment l’article 88 du règlement n° 07/2009/CM/UEMOA du 26 juin 2009 portant règlementation de la mutualité sociale au sein de l’Union et l’article 59 du règlement n° 01/2014/CM/UEMOA du 27 mars 2014 portant adoption du code communautaire de l’artisanat de l’Union. Cela signifie que seules les personnes bénéficiaires des prestations d’une mutuelle sociale sont habilitées à constituer ou à créer celle-ci. L’État, représenté en l’espèce par le ministère en charge du Commerce, n’est pas compétent pour la création de la mutuelle des commerçants de Côte d’Ivoire. Par conséquent, le ministère du Commerce ne peut qu’accompagner les commerçants et leurs organisations professionnelles dans la mise en place de leur mutuelle, institutionnellement, techniquement et financièrement. C’est ce qui se fait actuellement. On peut donc dire que les commerçants sont en phase avec le ministère. Nous travaillons ensemble pour la réussite de ce projet.
Que comptez-vous faire maintenant pour la mise en place effective de la mutuelle, vu que les textes sont clairs là-dessus ?
Le comité ad hoc a soumis pour approbation, au ministère du Commerce, de nouvelles dates. A savoir le 29 avril pour l’atelier de validation des avant-projets des statuts et règlement intérieur et le 9 mai pour l’assemblée générale constitutive. Ces décisions font suite à l’urgence et à la nécessité d’en finir le plus rapidement possible avec la mise en place de la mutuelle, afin de permettre à nos commerçants de bénéficier de ses avantages.
Quels sont les avantages liés à cette mutuelle ?
Pour offrir une couverture sociale aux populations résidant sur le territoire ivoirien, le gouvernement a instauré des programmes nationaux de sécurité sociale, notamment la Couverture maladie universelle (Cmu) et le Régime social des travailleurs indépendants (Rsti). Mais ces programmes ne couvrent pas les aléas sociaux, ni les risques et dommages spécifiques au commerce et ne sont pas toujours adaptés à notre secteur d’activité pour des fléaux tels que les incendies de marché, les vols et la destruction de marchandises et d’outils de travail. C’est en cela que la mise en place de la mutuelle est importante pour nous car elle permettra de résoudre toutes ces questions. C'est aujourd'hui une nécessité absolue pour les commerçants de Côte d’Ivoire. Par exemple, en cas d’incendie de marché, l’argent donné aux victimes à titre de compassion par le gouvernement est généralement source de tension, de division et même de frustration concernant le partage. C’est pourquoi la majorité des Organisations professionnelles de commerçants (Opc) ont su faire fi de leurs divergences pour s’unir autour de cette mutuelle de par leur forte mobilisation. D’ailleurs, je salue les responsables de ces organisations pour leur engagement et surtout pour la cohésion parfaite autour de ce projet. Cette unité retrouvée entre les Opc est une leçon que nous que nous donnons à travers ce comité ad hoc.