Patrice Trovoada, Premier ministre de Sao Tomé-et-Principe: "J’ai trouvé une Côte d’Ivoire très en avance avec un fort dynamisme économique"
Le chef du gouvernement de Sao Tomé-et-Principe a séjourné à Abidjan les 5 et 6 juin à la faveur de l'Africa Ceo Forum. Nous l'avons rencontré pour parler de la coopération entre son pays et la Côte d'Ivoire.
Monsieur le Premier ministre, vous êtes à Abidjan dans le cadre de la 9e édition de l’Africa Ceo Forum. Qu’est-ce qui motive votre participation à ce rendez-vous des patrons du continent ?
Il faut le dire tout net, c’est notre première participation à cette rencontre économique et elle ne sera pas la dernière. Nous avons apprécié la qualité de l’organisation et des participants. L’Africa Ceo Forum nous permet de nous retrouver entre nous Africains, décideurs politiques, chefs d’entreprise, entrepreneurs et notre partenaire de la Banque mondiale, co-organisatrice desdites assises. Nous avons aussi eu l’opportunité de nous entretenir avec de potentiels partenaires financiers présents, des institutions africaines ainsi que des partenaires multilatéraux et bilatéraux. Il y a, entre autres, nos partenaires français.
Quel bilan faites-vous de votre participation à cette rencontre ?
Notre participation est vraiment positive. Elle permet de renforcer nos convictions quant à la nécessité d’avoir un véritable marché africain. Nous sommes des pays qui, rassemblés, sont extrêmement riches. Nous avons des territoires qui sont très grands. Il faut savoir que la région de l’Afrique centrale à laquelle appartient notre pays fait une fois et demie l’Europe. Par conséquent, il est temps que nous prenions tous conscience de notre potentiel, mais que nous ayons aussi conscience de nos faiblesses. En clair, il importe de savoir ce qu’il faut vraiment améliorer en matière d’infrastructures, bureaucratique et fiscale. Tout cela, en sachant que rien n’est possible s’il n’y a pas la paix et la stabilité sociale.
Etes-vous optimiste quant à la possibilité de réussir la création de ce marché commun tant souhaité?
Nous repartons optimistes avec quelques idées, de bons contacts avec les partenaires privés et publics. Il faudra maintenant que les équipes que j’ai amenées, notamment l’agence de promotion des investissements, une banque privée à participation financière publique ( l’État y détenant une participation qui s’élève à 48%) et mon ministre des Finances et du Plan, fassent le suivi. Nous sommes donc confiant en ce qui nous concerne.
Le thème central de ce sommet, c’est comment créer des champions nationaux afin que les États africains puissent parvenir à la souveraineté économique. Une réaction sur ce thème ?
Nous sommes d’accord qu’il faut des champions nationaux, de grandes entreprises africaines. Mais il faut aussi que les autres États accompagnent les champions nationaux des grands pays tels la Côte d’Ivoire et le Nigeria qui sont des locomotives dans la sous-région. Cela veut dire que lorsqu’un entrepreneur de ces pays arrive à Sao Tomé-et-Principe, il faut que je le voie non seulement comme un investisseur, mais aussi comme un Ivoirien, un frère, un Africain, un champion économique. Toutefois, ce champion doit être un exemple parce que nous avons une population extrêmement jeune qui doit avoir des rêves et de bons modèles. Si nous avons de bons champions, cela va avoir un effet d’entraînement dans la société et contribuer à ce que les gens comprennent qu’en Afrique, c’est possible de se développer grâce au travail et à l’innovation. Dans cette optique, nos États doivent continuer de mettre en place un cadre favorable à l’émergence des entreprises, en créant les infrastructures idoines, en initiant des systèmes d’éducation pour former une main-d’œuvre qualifiée, en instituant une réglementation incitative pour le secteur privé. Certes, nous avons des difficultés relativement à la volatilité des prix de nos matières premières, mais je ne suis pas un afro-pessimiste et je pense qu’on peut y arriver. On a la volonté, il faut néanmoins que tout le monde rame dans le même sens.
L’autre préoccupation au centre des débats de ces assises, c’est la sécurité alimentaire des pays africains. Le directeur général de la Société financière internationale, Makhtar Diop, a lancé un appel aux États. Quelle réponse à cet appel ?
C’est clair, nous travaillons pour que notre pays parvienne à la sécurité alimentaire. Nous avons un pays extrêmement fertile. Cependant, les obstacles sont nombreux. Il y a le changement climatique qui affecte notre agriculture. Nous devons aussi maîtriser davantage l’eau à travers des systèmes technologiques d’irrigation plus économes. En sus, nous sommes confrontés à la déforestation. Sur ce point, nous ne devons plus produire du charbon de bois et du plastique. Dans notre pays, le plastique est interdit parce qu’il a de nombreux effets néfastes. Entre autres, le plastique bouche les cours d’eau, les canalisations, pollue l’environnement et dégrade nos plages. Or, celles-ci sont un produit d’appel à l’essor du tourisme. En somme, la sécurité alimentaire, c’est le point de départ. Car toutes les actions initiées dans nos pays visent à œuvrer pour l’épanouissement de l’être humain.
Quelle est votre solution pour mettre fin à l’insécurité alimentaire sur le continent ?
J’ai proposé des actions à mener et des défis à relever. Mais il faut aussi que nous changions d’habitude alimentaire. Dans nos pays, s’il n’y a pas de riz ou de blé, il y a des émeutes. Pourtant, nous avons la farine de manioc, l’attiéké, le fonio, le tô et d’autres mets succulents. Nous préférons consommer ce que nous ne produisons pas et exporter ce qu’on produit. Il faut un changement de mentalité et d’habitudes. En Asie, les populations consomment les produits asiatiques. Il est temps pour les Africains de consommer les produits locaux. En tant que dirigeant politique, ce genre de forum me donne confiance en l’avenir. Le potentiel et les opportunités sont là. Mais nous devons travailler davantage, lever les obstacles pour atteindre nos objectifs. Nos États doivent réussir la réalisation des infrastructures routières, ferroviaires, aériennes et mettre en pratique les idées développées en mettant au-dessus de tout l’intérêt général.
Votre séjour à Abidjan vous a-t-il permis de jeter les bases pour accroître les échanges entre la Côte d’Ivoire et Sao Tomé-et-Principe ?
Les relations politiques sont au beau fixe. J’ai été reçu par le Président Alassane Ouattara. Je me suis aussi entretenu plusieurs fois avec le Premier ministre Patrick Achi. Politiquement, tout va bien. Nous sommes des frères et il y a la confiance entre nous. Mais il faut qu’on intensifie l’aspect économique. Il est donc prévu dans notre agenda qu’on accélère les échanges économiques. A ce sujet, le chef du gouvernement ivoirien a promis d’envoyer quelques ministres de plusieurs secteurs d’activité qui nous intéressent ( agriculture, tourisme...) dans notre pays.
Cela fait plusieurs fois que vous venez en Côte d’Ivoire. Comment avez-vous trouvé le pays ?
Je tiens d’abord à exprimer mes remerciements aux autorités ivoiriennes pour l’accueil qu’elles nous ont réservé ainsi que pour l’organisation parfaite de l’Africa Ceo Forum. Nous avons eu un séjour enrichissant. Cela fait plusieurs années que je n’ai pas visité la Côte d’Ivoire, un pays que je connais depuis le temps de son premier Président, Félix Houphouët-Boigny. Je suis heureux car j’ai trouvé une Côte d’Ivoire très en avance, avec la réalisation de nombreuses infrastructures et un véritable dynamisme économique. C’est encourageant. J’exhorte mes sœurs et frères ivoiriens à continuer sur cette lancée et à toujours préserver la paix.
Quel bilan faites-vous de votre participation à cette rencontre ?
Notre participation est vraiment positive. Elle permet de renforcer nos convictions quant à la nécessité d’avoir un véritable marché africain. Nous sommes des pays qui, rassemblés, sont extrêmement riches. Nous avons des territoires qui sont très grands. Il faut savoir que la région de l’Afrique centrale à laquelle appartient notre pays fait une fois et demie l’Europe. Par conséquent, il est temps que nous prenions tous conscience de notre potentiel, mais que nous ayons aussi conscience de nos faiblesses. En clair, il importe de savoir ce qu’il faut vraiment améliorer en matière d’infrastructures, bureaucratique et fiscale. Tout cela, en sachant que rien n’est possible s’il n’y a pas la paix et la stabilité sociale.
Etes-vous optimiste quant à la possibilité de réussir la création de ce marché commun tant souhaité?
Nous repartons optimistes avec quelques idées, de bons contacts avec les partenaires privés et publics. Il faudra maintenant que les équipes que j’ai amenées, notamment l’agence de promotion des investissements, une banque privée à participation financière publique ( l’État y détenant une participation qui s’élève à 48%) et mon ministre des Finances et du Plan, fassent le suivi. Nous sommes donc confiant en ce qui nous concerne.
Le thème central de ce sommet, c’est comment créer des champions nationaux afin que les États africains puissent parvenir à la souveraineté économique. Une réaction sur ce thème ?
Nous sommes d’accord qu’il faut des champions nationaux, de grandes entreprises africaines. Mais il faut aussi que les autres États accompagnent les champions nationaux des grands pays tels la Côte d’Ivoire et le Nigeria qui sont des locomotives dans la sous-région. Cela veut dire que lorsqu’un entrepreneur de ces pays arrive à Sao Tomé-et-Principe, il faut que je le voie non seulement comme un investisseur, mais aussi comme un Ivoirien, un frère, un Africain, un champion économique. Toutefois, ce champion doit être un exemple parce que nous avons une population extrêmement jeune qui doit avoir des rêves et de bons modèles. Si nous avons de bons champions, cela va avoir un effet d’entraînement dans la société et contribuer à ce que les gens comprennent qu’en Afrique, c’est possible de se développer grâce au travail et à l’innovation. Dans cette optique, nos États doivent continuer de mettre en place un cadre favorable à l’émergence des entreprises, en créant les infrastructures idoines, en initiant des systèmes d’éducation pour former une main-d’œuvre qualifiée, en instituant une réglementation incitative pour le secteur privé. Certes, nous avons des difficultés relativement à la volatilité des prix de nos matières premières, mais je ne suis pas un afro-pessimiste et je pense qu’on peut y arriver. On a la volonté, il faut néanmoins que tout le monde rame dans le même sens.
L’autre préoccupation au centre des débats de ces assises, c’est la sécurité alimentaire des pays africains. Le directeur général de la Société financière internationale, Makhtar Diop, a lancé un appel aux États. Quelle réponse à cet appel ?
C’est clair, nous travaillons pour que notre pays parvienne à la sécurité alimentaire. Nous avons un pays extrêmement fertile. Cependant, les obstacles sont nombreux. Il y a le changement climatique qui affecte notre agriculture. Nous devons aussi maîtriser davantage l’eau à travers des systèmes technologiques d’irrigation plus économes. En sus, nous sommes confrontés à la déforestation. Sur ce point, nous ne devons plus produire du charbon de bois et du plastique. Dans notre pays, le plastique est interdit parce qu’il a de nombreux effets néfastes. Entre autres, le plastique bouche les cours d’eau, les canalisations, pollue l’environnement et dégrade nos plages. Or, celles-ci sont un produit d’appel à l’essor du tourisme. En somme, la sécurité alimentaire, c’est le point de départ. Car toutes les actions initiées dans nos pays visent à œuvrer pour l’épanouissement de l’être humain.
Quelle est votre solution pour mettre fin à l’insécurité alimentaire sur le continent ?
J’ai proposé des actions à mener et des défis à relever. Mais il faut aussi que nous changions d’habitude alimentaire. Dans nos pays, s’il n’y a pas de riz ou de blé, il y a des émeutes. Pourtant, nous avons la farine de manioc, l’attiéké, le fonio, le tô et d’autres mets succulents. Nous préférons consommer ce que nous ne produisons pas et exporter ce qu’on produit. Il faut un changement de mentalité et d’habitudes. En Asie, les populations consomment les produits asiatiques. Il est temps pour les Africains de consommer les produits locaux. En tant que dirigeant politique, ce genre de forum me donne confiance en l’avenir. Le potentiel et les opportunités sont là. Mais nous devons travailler davantage, lever les obstacles pour atteindre nos objectifs. Nos États doivent réussir la réalisation des infrastructures routières, ferroviaires, aériennes et mettre en pratique les idées développées en mettant au-dessus de tout l’intérêt général.
Votre séjour à Abidjan vous a-t-il permis de jeter les bases pour accroître les échanges entre la Côte d’Ivoire et Sao Tomé-et-Principe ?
Les relations politiques sont au beau fixe. J’ai été reçu par le Président Alassane Ouattara. Je me suis aussi entretenu plusieurs fois avec le Premier ministre Patrick Achi. Politiquement, tout va bien. Nous sommes des frères et il y a la confiance entre nous. Mais il faut qu’on intensifie l’aspect économique. Il est donc prévu dans notre agenda qu’on accélère les échanges économiques. A ce sujet, le chef du gouvernement ivoirien a promis d’envoyer quelques ministres de plusieurs secteurs d’activité qui nous intéressent ( agriculture, tourisme...) dans notre pays.
Cela fait plusieurs fois que vous venez en Côte d’Ivoire. Comment avez-vous trouvé le pays ?
Je tiens d’abord à exprimer mes remerciements aux autorités ivoiriennes pour l’accueil qu’elles nous ont réservé ainsi que pour l’organisation parfaite de l’Africa Ceo Forum. Nous avons eu un séjour enrichissant. Cela fait plusieurs années que je n’ai pas visité la Côte d’Ivoire, un pays que je connais depuis le temps de son premier Président, Félix Houphouët-Boigny. Je suis heureux car j’ai trouvé une Côte d’Ivoire très en avance, avec la réalisation de nombreuses infrastructures et un véritable dynamisme économique. C’est encourageant. J’exhorte mes sœurs et frères ivoiriens à continuer sur cette lancée et à toujours préserver la paix.