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Banques : un secteur en croissance continue
L’analyse de l’évolution du total bilan de la place bancaire ivoirienne sur la période décembre 2018- décembre 2021 indique une croissance moyenne annuelle de 15 %, selon les statistiques de l’Association professionnelle des banques et établissements financiers de Côte d’Ivoire, Apbef-CI. A fin décembre 2021, le total bilan s’affiche à 18 061 milliards de FCfa, soit une hausse de 13% en glissement annuel, renseigne un rapport de l’Association. Le total bilan des banques de la place franchit le seuil symbolique de 18 000 milliards de FCfa. Cette performance, explique le rapport, s’explique notamment par les bonnes orientations du marché interbancaire qui enregistre une hausse de 45% en glissement annuel en s’affichant à 2 839 milliards de FCfa et du marché de la clientèle qui conserve son rythme de croissance en s’affichant à 9 478 milliards à fin décembre 2021 soit une hausse de 10% en glissement annuel.
Selon le même document, l’évolution des parts de marchés entre décembre 2020 et décembre 2021. Le top 5 reste le même, SGCI reste en tête avec pour la première fois, un total bilan supérieur à 3 000 milliards de FCfa.
Si le crédit à l'économie a enregistré une hausse de 12,5 % de 2020 à 2021, selon les chiffres de la Banque africaine de développement, les ressources longues restent marginales tandis que les prêts consentis aux PME n’ont toujours pas atteint le volume et la cadence nécessaires pour combler le gap existant entre les besoins exprimés et les ressources affectées.
Les entreprises et en particulier les PME, rencontrent des défis majeurs dans l’accès aux ressources longues adaptées à leur(s) besoins et disponibles à des taux compétitifs. Plutôt que de se financer sur des marchés formels à travers la dette bancaire, l’émission d’obligations ou d’actions, les PME privilégient les sources de financement familiales bien que celles-ci n’arrivent pas à satisfaire leurs besoins en investissement en termes de taille et de maturité, relevait un rapport diagnostic de l’Initiative de financement à long terme de septembre 2019. Résultat des courses, faute de financements adéquats, huit PME sur dix disparaissent au bout de cinq ans, selon des statistiques officielles.
En outre, toujours selon la même source, le financement du logement est par ailleurs inabordable pour de nombreux ménages car insuffisant, et principalement basé sur des échéances trop courtes. Cette situation se traduit par un processus de construction progressif (les chantiers sont interrompus et reprennent par intermittence).
Si le crédit à l'économie a enregistré une hausse de 12,5 % de 2020 à 2021, selon les chiffres de la Banque africaine de développement, les ressources longues restent marginales tandis que les prêts consentis aux PME n’ont toujours pas atteint le volume et la cadence nécessaires pour combler le gap existant entre les besoins exprimés et les ressources affectées.
Les entreprises et en particulier les PME, rencontrent des défis majeurs dans l’accès aux ressources longues adaptées à leur(s) besoins et disponibles à des taux compétitifs. Plutôt que de se financer sur des marchés formels à travers la dette bancaire, l’émission d’obligations ou d’actions, les PME privilégient les sources de financement familiales bien que celles-ci n’arrivent pas à satisfaire leurs besoins en investissement en termes de taille et de maturité, relevait un rapport diagnostic de l’Initiative de financement à long terme de septembre 2019. Résultat des courses, faute de financements adéquats, huit PME sur dix disparaissent au bout de cinq ans, selon des statistiques officielles.
En outre, toujours selon la même source, le financement du logement est par ailleurs inabordable pour de nombreux ménages car insuffisant, et principalement basé sur des échéances trop courtes. Cette situation se traduit par un processus de construction progressif (les chantiers sont interrompus et reprennent par intermittence).
L’Etat ivoirien a décidé d’agir en initiant plusieurs mécanismes, notamment la réactivation du Fonds de garantie aux PME, et la vulgarisation des solutions alternatives comme le crédit-bail et l’affacturage.
INTERVIEW
Dr Sophie Oyourou, directrice générale de la Société de conseil de d’assistance aux Pme de Côte d’Ivoire (Socaci) :
« Nous accompagnons la Pme en montant le dossier de financement »
Alors que le secteur bancaire classique bien qu’en pleine vitalité peine à financer les PME, la Société de conseil de d’assistance aux Pme de Côte d’Ivoire se positionne comme une bouée de sauvetage qui pourrait sortir les Pme de l’ornière. Sa directrice générale en parle dans cette interview.
Madame la directrice, quel rôle peut jouer la Socaci dans la résolution de la récurrente problématique du difficile financement des petites et moyennes entreprises de Côte d’Ivoire ?
La Socaci est la Société de conseil et d’assistance aux Pme de Côte d’Ivoire. Elle a été créée par quatre organisations que sont la Cgeci, la Fipme, l’Unipl (Union ivoirienne des professions libérales) et la Fédération des instituts hôteliers de Côte d’Ivoire. Ces quatre organisations faîtières se sont mises ensemble pour créer la Socaci qui est une société anonyme avec conseil d’administration, société de conseil et d’assistance aux Pme de Côte d’Ivoire. Notre mission est d’accompagner les Pme en général, assister et conseiller les Pme pour qu’elles puissent avoir, entre autres, accès au financement ; et même les accompagner dans la gestion, l’assistance comptable, fiscale et sociale. Nous avons trois axes d’accompagnement. Lors du forum Banques-PME des 6 et 7 juillet 2022 à Crrae-Umoa, beaucoup d’obstacles ont été identifiés par les experts présents sur les blocages à l’accès au financement des Pme.
Et la Socaci peut apporter une grande partie des solutions nécessaires à l’accès au financement des Pme.
Comment ?
Le premier axe, c’est la connaissance de l’environnement économique des Pme. Les banquiers disent qu’ils n’ont pas d’informations fiables et sincères sur l’environnement économique des Pme, la structure des kits, les marges, les forces, les faiblesses, etc. la Pme elle-même qui veut exercer dans son domaine, ne sait rien de son environnement concurrentiel, de la structure des prix... Nous travaillons déjà sur cette bonne connaissance des Pme. Nous avons fait une première étude en 2021 sur l’état des lieux, et nous avons par exemple détecté que les boulangers sont à marge zéro vu la structure des prix. Donc, il a beau se fatiguer, il ne gagne pas d’argent. Et par conséquent, s’il emprunte, il n’a aucune marge pour rembourser. Nous faisons régulièrement ce genre d’études pour bien connaître les Pme.
Le deuxième axe, c’est l’assistance et le conseil. Ici, nous accompagnons la Pme dans sa formalisation et sa structuration. Plusieurs fois, ce mot est revenu. Il y a des Pme qui existent, qui fonctionnent, mais qui ne sont pas structurées, n’ont pas de documents comptables, fiscaux, sociaux et juridiques fiables qui vont permettre à la banque d’avoir confiance et de prêter. Elles n’ont pas une comptabilité qui existe, pourtant elles travaillent, brassent de l’argent. Mais elles n’ont pas un historique en termes de comptabilité qui permette à la banque de comprendre leur fonctionnement et les financer. Nous apportons cette expertise, cette assistance, ces conseils-là : formalisation, structuration. Ensuite, nous accompagnons la Pme en montant le dossier de financement pour l’adresser à nos banques partenaires.
Quelles sont les banques avec lesquelles vous travaillez ?
Nous avons plusieurs partenaires bancaires. Nous avons un partenariat technique important avec le consortium des experts comptables de Côte d’Ivoire. C’est un regroupement de cabinets d’experts comptables ; cela fait à peu près 250 collaborateurs qui font tout le travail technique que j’ai cité tantôt ; le travail technique de structuration, d’accompagnement, de montage de dossier, etc., parce qu’on veut que la Pme se consacre à son cœur de métier ; le boulanger doit faire du pain et l’expert, qui connait les chiffres, va monter les dossiers et l’accompagner auprès des institutions bancaires.
Donc le premier partenaire, c’est le consortium des experts comptables de Côte d’Ivoire, partenaires techniques qui apportent toute l’expertise technique dont les Pme ont besoin pour être structurées, formalisées, monter tous les dossiers, aller défendre les dossiers auprès de la banque, etc. Nos deuxièmes partenaires, ce sont les établissements financiers : les banques. Nous travaillons avec la Banque nationale d’investissement (Bni), Cofina et Nsia banque. Ces trois banques ont été approchées et les experts comptables partenaires techniques travaillent en étroite collaboration avec elles. Donc, ils ont appris à connaître les banques, à voir les demandes des banques, l’environnement intérieur des banques, savoir comment monter les dossiers qui font plaisir aux banques, parce que pour nous, la Pme est la mariée, nous devons la parer, la maquiller de sorte que quand nous l’envoyons à la banque, elle plaise ; et que le mariage se fasse.
Nous avons même un comité de suivi qui étudie les dossiers et autres relativement aux dossiers envoyés par nos soins à la banque. Donc les experts comptables vont monter les dossiers de sorte qu’ils seront facilement compréhensibles, acceptables par les banques. Et pendant ce temps, la Pme peut vaquer à ses occupations. C’est l’expert-comptable qui va défendre le dossier. Si le banquier dit que le document n’est pas bon, c’est l’expert-comptable qui répond, donc le promoteur est tranquille. Troisième partenariat, nous travaillons avec les faîtières : la Fipme, Unipl et d’autres. Ce sont elles qui nous permettent de bien connaître les Pme.
Quelles conditions émettent les banques pour pouvoir accompagner les Pme ?
Les conditions que nous avons discutées avec les banques partenaires, ce sont les taux d’intérêt. Nous avons négocié des taux d’intérêt préférentiels. Deuxièmement, nous avons discuté des conditions de réponse. Avant, vous pouvez adresser une requête à une banque, et trois, quatre voire cinq mois après, la banque ne vous répond pas. Nous avons négocié avec la Bni un délai de quinze jours maximum pour obtenir la réponse à une requête. Dès lors que nous nous sommes entendus sur le dossier avec la banque, et qu’il est supposé complet, la Bni doit nous répondre dans deux semaines.
Je souligne que la banque est souveraine ; elle peut accepter de financer un dossier ou non, elle est tout à fait libre. Mais quand elle oppose une fin de non-recevoir à un dossier, elle la motive. Et l’expert-comptable apporte la solution. A défaut, nous savons au moins pourquoi tel dossier a été refusé, et à l’avenir nous allons l’améliorer. Nous avons, avec les experts comptables, appris à connaître vraiment le fonctionnement interne de la banque pour présenter les dossiers comme elle le souhaite. Certaines banques préfèrent financer le bâtiment, d’autres l’agriculture, etc. En fonction de la culture interne de la banque, nous orientons les entrepreneurs. Je souligne, encore une fois que la banque reste souveraine. Mais pour nous, Socaci, avec nos partenaires, il s’agit de parer la mariée de sorte qu’elle plaise à la banque. Et comme nous connaissons les banques, nous savons comment habiller les dossiers pour les rendre éligibles auprès de celles-ci.
A combien se chiffrent les taux préférentiels que vous avez négiciés avec les banques ?
Le taux habituel que les banques accordent est autour de 12%. Mais avec nous, il se situe à 8%.
Emergence
Madame la directrice, quel rôle peut jouer la Socaci dans la résolution de la récurrente problématique du difficile financement des petites et moyennes entreprises de Côte d’Ivoire ?
La Socaci est la Société de conseil et d’assistance aux Pme de Côte d’Ivoire. Elle a été créée par quatre organisations que sont la Cgeci, la Fipme, l’Unipl (Union ivoirienne des professions libérales) et la Fédération des instituts hôteliers de Côte d’Ivoire. Ces quatre organisations faîtières se sont mises ensemble pour créer la Socaci qui est une société anonyme avec conseil d’administration, société de conseil et d’assistance aux Pme de Côte d’Ivoire. Notre mission est d’accompagner les Pme en général, assister et conseiller les Pme pour qu’elles puissent avoir, entre autres, accès au financement ; et même les accompagner dans la gestion, l’assistance comptable, fiscale et sociale. Nous avons trois axes d’accompagnement. Lors du forum Banques-PME des 6 et 7 juillet 2022 à Crrae-Umoa, beaucoup d’obstacles ont été identifiés par les experts présents sur les blocages à l’accès au financement des Pme.
Et la Socaci peut apporter une grande partie des solutions nécessaires à l’accès au financement des Pme.
Comment ?
Le premier axe, c’est la connaissance de l’environnement économique des Pme. Les banquiers disent qu’ils n’ont pas d’informations fiables et sincères sur l’environnement économique des Pme, la structure des kits, les marges, les forces, les faiblesses, etc. la Pme elle-même qui veut exercer dans son domaine, ne sait rien de son environnement concurrentiel, de la structure des prix... Nous travaillons déjà sur cette bonne connaissance des Pme. Nous avons fait une première étude en 2021 sur l’état des lieux, et nous avons par exemple détecté que les boulangers sont à marge zéro vu la structure des prix. Donc, il a beau se fatiguer, il ne gagne pas d’argent. Et par conséquent, s’il emprunte, il n’a aucune marge pour rembourser. Nous faisons régulièrement ce genre d’études pour bien connaître les Pme.
Le deuxième axe, c’est l’assistance et le conseil. Ici, nous accompagnons la Pme dans sa formalisation et sa structuration. Plusieurs fois, ce mot est revenu. Il y a des Pme qui existent, qui fonctionnent, mais qui ne sont pas structurées, n’ont pas de documents comptables, fiscaux, sociaux et juridiques fiables qui vont permettre à la banque d’avoir confiance et de prêter. Elles n’ont pas une comptabilité qui existe, pourtant elles travaillent, brassent de l’argent. Mais elles n’ont pas un historique en termes de comptabilité qui permette à la banque de comprendre leur fonctionnement et les financer. Nous apportons cette expertise, cette assistance, ces conseils-là : formalisation, structuration. Ensuite, nous accompagnons la Pme en montant le dossier de financement pour l’adresser à nos banques partenaires.
Quelles sont les banques avec lesquelles vous travaillez ?
Nous avons plusieurs partenaires bancaires. Nous avons un partenariat technique important avec le consortium des experts comptables de Côte d’Ivoire. C’est un regroupement de cabinets d’experts comptables ; cela fait à peu près 250 collaborateurs qui font tout le travail technique que j’ai cité tantôt ; le travail technique de structuration, d’accompagnement, de montage de dossier, etc., parce qu’on veut que la Pme se consacre à son cœur de métier ; le boulanger doit faire du pain et l’expert, qui connait les chiffres, va monter les dossiers et l’accompagner auprès des institutions bancaires.
Donc le premier partenaire, c’est le consortium des experts comptables de Côte d’Ivoire, partenaires techniques qui apportent toute l’expertise technique dont les Pme ont besoin pour être structurées, formalisées, monter tous les dossiers, aller défendre les dossiers auprès de la banque, etc. Nos deuxièmes partenaires, ce sont les établissements financiers : les banques. Nous travaillons avec la Banque nationale d’investissement (Bni), Cofina et Nsia banque. Ces trois banques ont été approchées et les experts comptables partenaires techniques travaillent en étroite collaboration avec elles. Donc, ils ont appris à connaître les banques, à voir les demandes des banques, l’environnement intérieur des banques, savoir comment monter les dossiers qui font plaisir aux banques, parce que pour nous, la Pme est la mariée, nous devons la parer, la maquiller de sorte que quand nous l’envoyons à la banque, elle plaise ; et que le mariage se fasse.
Nous avons même un comité de suivi qui étudie les dossiers et autres relativement aux dossiers envoyés par nos soins à la banque. Donc les experts comptables vont monter les dossiers de sorte qu’ils seront facilement compréhensibles, acceptables par les banques. Et pendant ce temps, la Pme peut vaquer à ses occupations. C’est l’expert-comptable qui va défendre le dossier. Si le banquier dit que le document n’est pas bon, c’est l’expert-comptable qui répond, donc le promoteur est tranquille. Troisième partenariat, nous travaillons avec les faîtières : la Fipme, Unipl et d’autres. Ce sont elles qui nous permettent de bien connaître les Pme.
Quelles conditions émettent les banques pour pouvoir accompagner les Pme ?
Les conditions que nous avons discutées avec les banques partenaires, ce sont les taux d’intérêt. Nous avons négocié des taux d’intérêt préférentiels. Deuxièmement, nous avons discuté des conditions de réponse. Avant, vous pouvez adresser une requête à une banque, et trois, quatre voire cinq mois après, la banque ne vous répond pas. Nous avons négocié avec la Bni un délai de quinze jours maximum pour obtenir la réponse à une requête. Dès lors que nous nous sommes entendus sur le dossier avec la banque, et qu’il est supposé complet, la Bni doit nous répondre dans deux semaines.
Je souligne que la banque est souveraine ; elle peut accepter de financer un dossier ou non, elle est tout à fait libre. Mais quand elle oppose une fin de non-recevoir à un dossier, elle la motive. Et l’expert-comptable apporte la solution. A défaut, nous savons au moins pourquoi tel dossier a été refusé, et à l’avenir nous allons l’améliorer. Nous avons, avec les experts comptables, appris à connaître vraiment le fonctionnement interne de la banque pour présenter les dossiers comme elle le souhaite. Certaines banques préfèrent financer le bâtiment, d’autres l’agriculture, etc. En fonction de la culture interne de la banque, nous orientons les entrepreneurs. Je souligne, encore une fois que la banque reste souveraine. Mais pour nous, Socaci, avec nos partenaires, il s’agit de parer la mariée de sorte qu’elle plaise à la banque. Et comme nous connaissons les banques, nous savons comment habiller les dossiers pour les rendre éligibles auprès de celles-ci.
A combien se chiffrent les taux préférentiels que vous avez négiciés avec les banques ?
Le taux habituel que les banques accordent est autour de 12%. Mais avec nous, il se situe à 8%.
Emergence