Omnisports : Ces nouvelles disciplines qui passionnent les Ivoiriens (Dossier)

Le Roll ball attire de plus en plus de passionnés. (Ph: Dr)
Le Roll ball attire de plus en plus de passionnés. (Ph: Dr)
Le Roll ball attire de plus en plus de passionnés. (Ph: Dr)

Omnisports : Ces nouvelles disciplines qui passionnent les Ivoiriens (Dossier)

Le 13/07/23 à 19:37
modifié 13/07/23 à 21:06
De plus en plus, de nouveaux sports gagnent du terrain et sont pratiqués par nombre d'athlètes. Tour d'horizon.
Des sensations fortes, une implantation résolument urbaine, peu ou pas d’action collective mais des défis personnels à gogo... De plus en plus, des pratiques sportives émergentes se font aujourd’hui une réputation qui touche directement le public adolescent.

Le Roll ball, la trouvaille des jeunes ivoiriens

Si le Roller Soccer ou le Roller Basket sont bien connus, en revanche ce n’est pas le cas le Roll Ball. Ce sport commence à se faire une place en Côte d’Ivoire.

Ce sport allie le roller au handball et se joue avec un ballon de basket. La pratique a vu le jour en Inde entre 2002 et 2003. Ce jeu est une hybridation du handball et du basket-ball avec le roller. Il y a sept ans, il n’existait pas vraiment. Le Roll ball se joue à la main, avec le roller aux pieds, un ballon de basket-ball sur un terrain de handball.

Cette discipline revendique aujourd’hui autour d’un millier de pratiquants et se structure progressivement.

En Inde où il a vu le jour, ce sport connaît une évolution exponentielle. Il s’est même intégré aux ligues universitaires où sont également joués le cricket, le badminton ou encore le football.

En Côte d’Ivoire, cette pratique a pris son envol à Yopougon, sur un terrain de handball au terminus 47. Cette aire de jeu, selon les pratiquants, est inappropriée pour ce sport. « Un terrain fait de bitume et donc dangereux en cas de chute. Mais nous n’avons pas le choix. Nous faisons avec, en attendant d’avoir un terrain adéquat », a confié le directeur technique national, Dahany Koffi.

C’est pourquoi, il conseille, notamment le port du casque et la protection des genoux aux joueurs avec également un plastron pour le gardien.

Le Korfball, un sport mixte qui attire de plus en plus les jeunes. (Ph: Dr)
Le Korfball, un sport mixte qui attire de plus en plus les jeunes. (Ph: Dr)



Mariam Coulibaly a découvert le Roll ball un peu par hasard, au détour d’une ballade. « Cette discipline m’a intriguée, car j’ai fait du handball dans ma jeunesse et ça y ressemble grandement. Le côté mixte du sport m’a vraiment intéressée, parce qu’il permet à des proches de jouer ensemble », confie-t-elle.

Il s’agit d’un jeu opposant deux équipes de 12 joueurs : 6 sur le terrain et 6 sur le banc. Le but du jeu est de marquer un maximum de buts dans le temps réglementaire. Cela dans des poteaux mesurant 1,75 m de haut et 2 m de long avec une profondeur de filet d’un mètre en nylon pour les catégories minimes à juniors.

Créée en 2017, la Fédération ivoirienne de Roll ball (Firb) dispose d’une bonne visibilité. Sur le plan international, la Côte d’Ivoire a été classée 6e sur 45 pays à la 4e édition de la Coupe du monde de Roll ball au Bengladesh.

Une jeune fédération qui compte déjà 1 235 licenciés (1 165 hommes et 70 femmes), après seulement 6 ans d’existence. Elle a eu le mérite d’avoir terminé 6e sur 45 pays en 2017, à l’occasion de la Coupe du monde de cette discipline au Bangladesh.

Cette année encore, les Éléphants rollers ont pris part à la 6e édition de ce Mondial en Inde. Ils ont occupé la 3e place dans leur poule constituée de 6 pays. C’est une discipline qui passionne les jeunes ivoiriens. C’est un sport de main. Il se joue, roller aux pieds, avec un ballon de basket-ball sur un terrain de handball.

La fédération compte dix clubs basés à Abidjan et à l’intérieur du pays, pour l’instant. « Mon objectif est de faire de ce sport le 2e après le football. Pour y arriver, nous avons décidé d’organiser le maximum d’activités », confie le président Ouattara Sidik qui travaille au quotidien afin d’accroître ce nombre.

Le Korfball plaît également !

Originaire des Pays-Bas, ce sport débarque en Côte d’Ivoire en 2014. C’est également un sport de main où l’on marque dans un panier comme au basket-ball. Lors d’un match de korfball, hommes et femmes sont ensemble sur le terrain.

« Notre sport se pratique à 8 par équipe, avec autant d’hommes que de femmes. Le terrain est divisé en deux zones : attaque et défense. Nous sommes autant de femmes que d’hommes dans chaque partie, pour une égalité totale », raconte le président de la Fédération, Eric Abalé.

De plus, les règles sont établies de telle sorte que la différence physique ne soit absolument pas visible. « Il n’y a pas de contacts autorisés entre les joueurs : les hommes doivent défendre sur les hommes, il en est de même pour les femmes. »

L’objectif de ces règles est de favoriser le collectif (le dribble n’est pas autorisé, le seul moyen d’avancer sur le terrain est la passe), et de permettre à tout le monde de jouer ensemble sans avoir de défavorisés.

La Fédération ivoirienne de Korfball (Fikb) enregistre 970 licenciés composés de 480 hommes et 490 dames. Elle compte 10 clubs, dont 8 à Abidjan et organise ses compétitions dans 7 ligues, avec 5 à Abidjan. Elle est classée 4e en Afrique et 26e sur le plan mondial.

Les Éléphants korfballers ont terminé 2e lors du dernier championnat africain de la zone Nord-Ouest abrité par la Côte d’Ivoire en 2022. Des acquis que le président Abalé Eric compte consolider en vue du développement de cette discipline en terre ivoirienne.

Les Petits poteaux revendiquent leur place

A côté de ces nouveaux sports, l’on rencontre une montée en puissance des petits poteaux. Ce football, pratiqué dans les hameaux du pays et dans les différents quartiers d’Abidjan, essaie de se structurer. La fédération nationale a vu le jour en 2017.

En effet, la Fédération ivoirienne de petits poteaux (Fipp), qui compte 12 800 licenciés dont 300 femmes, enregistre de plus en plus de clubs. « Nous sommes à ce jour à 564 clubs dans tout le pays, dont 180 à Abidjan », se réjouit le président Inza Fofana, qui note 22 ligues, avec 5 à Abidjan.

En dehors des compétitions nationales, la Fipp a également organisé la première édition de la Coupe d’Afrique des nations de la discipline, en août 2021 à Abidjan. La Côte d’Ivoire avait terminé 6e sur 13 pays, lors de cette compétition remportée par le Niger. La prochaine édition est prévue en 2024.

Vo co truyen, la force tranquille

Au nombre des activités physiques et sportives, des arts martiaux en Côte d’Ivoire, figure le Vo co Truyen. C’est le 2e regroupement des styles d’arts martiaux vietnamiens.

Un art de combat, mais avec une philosophie et une éthique quasi chevaleresques où le respect de l’adversaire et la courtoisie sont les maître-mots. Les spécialités : ciseaux et techniques acrobatiques et spectaculaires que l’on retrouve dans tous les arts martiaux vietnamiens.

Le Vo co Truyen, un art martial en vogue à Abidjan. (Ph: Dr)
Le Vo co Truyen, un art martial en vogue à Abidjan. (Ph: Dr)



De quoi attirer les jeunes filles et garçons et les adultes dans les dojo. La Fédération ivoirienne de Vo co Truyen (Fivc-vn), présidée par Kolo Ouattara, a été mise sur pied en 2012 avec un siège social hyper équipé, basé à Abobo.

La faîtière réclame 1 573 licenciés et organise des activités dans 12 ligues, dont 4 à Abidjan, grâce à ses 56 clubs qui animent cette fédération sur le plan local.

L’engouement est tel que le Vo co Truyen ivoirien a vite pris ses marques sur l’échiquier international. En 2016 et 2018, les Ivoiriens ont participé à deux championnats du monde et glané en tout 30 médailles, dont 8 d’or.

Netball, une affaire de femmes...

Le Netball est un jeu rapide et technique, une compétition loyale. Il s’agit d’un jeu dans lequel deux équipes de 7 joueuses, chacune, essayent de conserver ou d’acquérir la possession du ballon.

La Fédération ivoirienne de netball (Finb) est née en 2014. La particularité de cette discipline est qu’elle est pratiquée uniquement par des femmes. Elle a 7 clubs affiliés, dont 2 basés à Abidjan. La fédération est dirigée par Mosis Kouadio Kousso Sylvie Clémence. Elle est affiliée à la World net ball (Wnb).

Le Dodgeball fait son trou

Le dodgeball est un sport collectif dans lequel les équipes mixtes (hommes et dames) de chaque équipe tentent d’éliminer leurs adversaires tout en évitant de se faire toucher.

Le dodgeball est une discipline américaine d’origine africaine. Elle provient du jeu d’enfants, dénommé « Police » ou « Balle au prisonnier », pratiqué aux heures de récréation dans les écoles et centres aérés selon des règles.

Né en Côte d’Ivoire en novembre 2020, ce sport a déjà 380 licenciés répartis dans 16 clubs, à travers le pays. La première édition du championnat de dodgeball a eu lieu en décembre dernier et a sacré l’équipe de Daloa, championne de Côte d’Ivoire. Yao Marie-Josiane est la présidente de la Fédération ivoirienne de dodgeball.

A l’en croire, les Éléphants dodgeballeurs se préparent activement pour prendre part à la prochaine Coupe d’Afrique des nations de dodgeball, la toute première de leur histoire.

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Comment séduisent-elles les populations ?

« Depuis 2015, nous organisons des compétitions ouvertes au grand public dans les différentes communes. Cela permet à la population, notamment aux jeunes de découvrir notre sport et de s’y intéresser. Nous faisons l’initiation au korfball dans les lycées et collèges », confie Abalé Eric, président de la Fédération ivoirienne de korfball.

Cette même stratégie est employée par Yao Marie Josiane, la présidente de la Fédération ivoirienne de dodgeball. « En plus des activités que nous avons réalisées à travers le pays (Abidjan, San Pedro, Daloa, Dabou) pour faire la promotion de notre discipline auprès du grand public, nous avons initié des tournois inter-écoles qui prennent en compte certaines écoles primaires, des collèges et lycées. Nous avons également mené des activités à l’Université Félix Houphouët-Boigny de Cocody en faveur des étudiants », dit-elle.

Le Doogeball est également prisé. (Ph: Dr)
Le Doogeball est également prisé. (Ph: Dr)



Le tout soutenu par un relais constant de toutes les activités sur les réseaux sociaux de la fédération.

Un programme de communication est également bien exécuté par la Fédération ivoirienne de Vo co Truyen, à en croire le président Ouattara Kolo. « Nous ne manquons pas d’occasions pour communiquer », dit-il.

En plus des réseaux sociaux, cette fédération distribue aussi des prospectus concernant chacune de ses activités à toutes les personnes présentes. « Nous collaborons aussi avec les ligues afin de trouver des lucarnes lors des cérémonies officielles pour faire des démonstrations devant le grand public. Ce moyen nous permet de nous faire connaître et d’attirer les gens », explique-t-il.

Avant de revenir sur la régularité du championnat national auquel prennent part les 51 clubs qui composent la Fivc-vn, répartis en 19 ligues à travers le pays.

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De vieilles fédérations en panne sèche !

Ce sont des fédérations olympiques pour la plupart. Elles ont plusieurs dizaines d’années d’existence mais ces fédérations n’excitent plus le public sportif ivoirien. Elles n’intéressent plus vraiment les jeunes encore moins les personnes âgées. Le nombre de licenciés en dit long sur leur vécu.

La Fédération ivoirienne de sport automobile (Fisa), créée depuis 1971, ne compte que 200 licenciés en 52 ans d’exercice, selon les informations contenues dans la cartographie des fédérations sportives nationales. Elle est pratiquée par 150 hommes et 50 femmes. Ces chiffres dénotent des répercussions négatives des nombreuses crises qui ont secoué cette maison.

A côté de la Fisa, une autre fédération affiche un visage bien pâle. Il s’agit de la Fédération ivoirienne de gymnastique. Elle comptabilise 150 licenciés et a été régie en fédération sportive en 1989.

Le sport nautique ne suscite plus la curiosité des Ivoiriens. (Ph: Dr)
Le sport nautique ne suscite plus la curiosité des Ivoiriens. (Ph: Dr)



La Fédération ivoirienne de cyclisme (Fic) ne fait pas bonne figure non plus. La petite reine, la soixantaine révolue, revendique 216 licenciés, soit 194 hommes et 22 dames.

Pourtant, c’est une discipline bien connue de tous et régulièrement présente sur l’échiquier international. Même si ces dernières années, l’on a assisté à un ralentissement des activités internationales en raison de la Covid-19. Bref !

Ce n’est pas la grande forme non plus du côté du canoé kayak et aviron. Ils sont au nombre de 254 les athlètes licenciés enregistrés à la Fédération ivoirienne de canoë-kayak et aviron.

Ce sont 22 femmes et 232 hommes qui tiennent en vie cette discipline qui a pris part à plusieurs compétitions internationales dont la dernière en date reste les derniers Jeux olympiques de Tokyo.

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  • Bertin Koffi, directeur général des sports : "l'avènement de ces nouvelles disciplines permet de sortir du cadre sportif classique"

Bertin Koffi, directeur général des sports. (Ph: Dr)
Bertin Koffi, directeur général des sports. (Ph: Dr)



Quel objectif visait la direction générale des sports en réalisant la cartographie des fédérations sportives nationales ?


En réalisant ce document, la Direction générale des sports (Dgs) visait à recueillir des informations nécessaires dans le cadre du suivi des activités fédérales et de géolocalisation du mouvement sportif sur l’étendue du territoire national. Cela permet de connaître les disparités d’occupation afin d’apporter des solutions dans l’accompagnement qu’offre la direction générale. L’objectif général est de donner un outil aux décideurs afin d’évaluer et réajuster les politiques publiques menées dans le domaine du sport. Et également permettre à chacune des fédérations existantes de couvrir totalement le territoire national par la promotion et le développement des disciplines sportives en vue d’amener le citoyen lambda à la pratique du sport.

A travers ce document, on constate l’émergence de nouvelles fédérations qui passionnent les Ivoiriens...

Ces nouvelles disciplines dites innovantes attirent plus facilement les jeunes et même des licenciés des fédérations existantes. Depuis peu, ces pratiques gagnent en notoriété et beaucoup commencent à devenir des disciplines sportives à part entière. Ces nouvelles disciplines sortent du cadre sportif classique et proposent des pratiques allant de la détente à la compétition, pour tous les publics (adultes, jeunes et enfants). Il nous a été donné de constater que les fédérations dites soixantenaires comptent sur leur histoire et leur notoriété d’antan si bien qu’elles ne font plus la promotion de leurs disciplines.

Que propose la direction générale des sports pour aider ces fédérations ?

Dans le cadre de la dynamisation et de la pérennisation des fédérations dites soixantenaires, à faible taux de licenciés, la direction générale des sports les invite à dynamiser leurs disciplines, à travers des projets favorisant le développement de leurs disciplines.

Peut-on avoir une idée de ces projets ?

Il y a la promotion des bienfaits du sport auprès des populations (Journée portes ouvertes dans les régions), la création des pôles de développement des disciplines, l’organisation des compétitions dans les différentes régions du pays (délocalisation des finales des championnats), l’amélioration de l’image des fédérations sur internet (les réseaux sociaux)... où les partenaires pourraient être valorisés. Il y a également la diversification des moments de pratique sportive par les fédérations, la règlementation de l’affiliation des adhérents dans les fédérations sportives en liaison avec la direction générale des sports (délivrance de licence), etc.

Entretien réalisé par



Le 13/07/23 à 19:37
modifié 13/07/23 à 21:06