M’Bra Désiré (Agent Fifa) :: « Les dirigeants de clubs sont les principaux responsables »
En effet, tous les joueurs ivoiriens évoluant au niveau local rêvent d'une carrière de footballeur professionnel à l'étranger. De ce fait, ils sont prêts à tout pour réaliser leur rêve.
Par ailleurs, une autre raison qui explique ce procédé, ce sont les procédures légales parfois contraignantes établies par les ambassades pour les demandes de visa des footballeurs. Certaines ambassades exigent de la part des clubs qui souhaitent recevoir les joueurs, en test, des contrats; chose que les clubs refusent sous prétexte que les joueurs n'ont pas été évalués sur un terrain.
Connaissez-vous des cas et comment procèdent-ils? quel est leur mode opératoire?
Je connais des cas, mais je préfère ne pas les évoquer. En règle générale, les joueurs qui utilisent cette voie vont tenter des aventures à l'étranger avec l'objectif voilé d'avoir une carrière de footballeur professionnel. Certains vont commencer par modifier leur profession sur le passeport. Par exemple, remplacer la profession de footballeur par la profession d'étudiant ou de commerçant. Ensuite, faire une demande de visa autre qu'une demande de visa d'un footballeur. Sans oublier le fait qu'ils sollicitent les services de personnes morales ou physiques afin de les assister dans la demande de visa. Il faut aussi souligner le fait que certains joueurs sont impatients de réaliser leur rêve. Cela les amène à vouloir, à tout prix, se rendre à l'étranger peu importent les risques que cela comporte.
N'oublions pas que la carrière de footballeur professionnel exige d'épouser des valeurs parmi lesquelles, nous pouvons citer la patience.
Qui est responsable de cette situation ?
Les principaux acteurs responsables de cette situation sont les dirigeants de clubs qui devraient s'impliquer davantage dans la recherche de partenariats avec les clubs étrangers et offrir des garanties aux différentes ambassades et dans une moindre mesure, le ministère de tutelle a une part de responsabilité dans cette situation.
Les joueurs, quant à eux, doivent faire preuve de patience. Ne dit-on pas que la patience est un chemin d'or?
La situation s'est-elle améliorée ?
Pour moi, la situation ne s'est pas améliorée. Bien au contraire, elle continue de gagner de l'ampleur.
Qu'est-ce qui est fait au niveau des agents pour éviter cette situation ?
Au niveau des agents, nous essayons, dans un premier temps, de gagner la confiance des footballeurs; ensuite, celle des dirigeants de club. Le maître-mot dans notre métier est la confiance. Donc, nous faisons tout pour la préserver et l'entretenir, de même que développer notre réseau composé des acteurs du football.
Par ailleurs, nous essayons de mettre en place une solution qui pourrait régler définitivement ce problème, à savoir organiser régulièrement des tests de détection au niveau local en invitant des directeurs sportifs, des présidents de club, etc. Une fois que les tests de détection sont terminés, les joueurs retenus pourront recevoir des clubs intéressés par leur profil, tous les documents exigés par les ambassades, notamment les contrats de travail.
Quel est votre regard sur la situation et quelles sont les meilleures méthodes pour endiguer le phénomène ?
Je pense que certains pays africains ont trouvé une solution efficace pour régler ce problème à travers des partenariats stratégiques entre les centres de formation ou les clubs et des clubs en Europe qui permettent aux clubs ou centres de formation de fournir les meilleurs joueurs aux clubs partenaires basés en Europe. Et le Sénégal en est un bel exemple. Pour moi, il faut explorer cette piste, notamment nouer des partenariats avec plusieurs clubs à l'étranger. Et comme je l'ai dit précédemment, il faut organiser régulièrement des tests de détection en invitant des directeurs sportifs, des entraîneurs, des présidents de club.
Interview réalisée par Céleste Kolia