L’Abbé Abékan Norbert : deux gros baobabs de notre forêt socio-politique sont tombés

Deuxième à partir de la droite, Victorine Wodié la veuve en compagnie des enfants et des membres de la famille. Sébastien Kouassi
Deuxième à partir de la droite, Victorine Wodié la veuve en compagnie des enfants et des membres de la famille. Sébastien Kouassi
Deuxième à partir de la droite, Victorine Wodié la veuve en compagnie des enfants et des membres de la famille. Sébastien Kouassi

L’Abbé Abékan Norbert : deux gros baobabs de notre forêt socio-politique sont tombés

Le 05/08/23 à 07:43
modifié 05/08/23 à 07:43
Le professeur Francis Wodié a été inhumé le 4 août, au cimetière de Moossou, après la messe de requiem à la cathédrale Saint-Paul du Plateau.
Francis Wodié repose, depuis le vendredi 4 août 2023 à 14h, à Moossou, sur la terre de ses ancêtres, dans une tombe aérienne en granit gris blanc, déplaçable, réalisée par l’architecte Guillaume Koffi.

Le cercueil a été glissé dans la tombe après la prière mortuaire faite par le père Richard Kissi, vicaire épiscopal chargé de la pastorale sociale du diocèse d’Abidjan. Qui a réclamé le silence dans ce lieu où tant de proches reposent également pour retrouver Dieu, afin de faire des prières en faveur du professeur Francis Wodié.

La veuve Victorine et ses enfants lui ont offert, chacun, une rose blanche en guise d’adieu. Les larmes n’ont pu être retenues...

C’est à juste titre que l’Abbé Norbert Eric Abékan, curé de la paroisse Saint-Jacques des Deux Plateaux, qui a présidé la messe de requiem à la cathédrale Saint-Paul, avant l’inhumation à Grand-Bassam, a déclaré au début de la célébration : « le ciel est couvert de gros nuages, il pleut dans notre cité, notre ciel socio-politique est gris et triste ».

Citant un poète, il a ajouté, « avec ces gros nuages, ces fines pluies, je pleure dans mon cœur ».

Selon le prêtre, les Ivoiriens pleurent dans leur cœur. « Nous pleurons parce que deux gros baobabs de notre forêt socio-politique sont tombés ».

Abékan a rappelé que c’était le mardi soir, « comme un couperet, la nouvelle est tombée et nous a fendu le cœur : le deuxième Président qui a dirigé ce pays, SEM. Henri Konan Bédié, n’est plus », a-t-il déclaré, avant de dire merci à Dieu qui l’a donné à la Côte d’Ivoire, et qui l’a repris.

Parlant de Francis Wodié, dont il présidait la messe de requiem, Abékan a salué la présence des différents partis politiques, administrations et ministères. Il a également remercié Dieu pour ce que le défunt a apporté à sa famille, à la Nation, à l’Afrique et au monde. Particulièrement au monde du droit et de la justice. Il a profité de l’occasion pour présenter ses condoléances aux hommes et femmes de loi de la Côte d’Ivoire. Ainsi qu’aux hommes et femmes du monde universitaire.

Se référant à la première lecture, le prêtre a indiqué que Dieu n’a pas créé la mort et déclaré que la justice est éternelle, et aussi que la Parole de Dieu est vérité. Lorsqu’elle dit : « vous tous qui ployez sous le poids du fardeau, venez à moi... Je suis le Chemin, la Vérité et la Vie ».

Pour l’Abbé Abékan, c’est un appel que Jésus lance à ses hôtes du jour. Il les éclaire et leur donne sa parole d’espérance.

Ses paroles resteront éternelles

« Ce grand homme, couché dans le silence, ne parlera plus. Il n’enseignera plus, il ne dira plus le droit. Son cœur est fermé, sa bouche également, et il est couché dans ce cercueil », a-t-il dit en se souvenant d’un discours de Francis Wodié qui l’a marqué. « Il ne parlera plus mais ses paroles retentiront toujours, elles fleuriront toujours, elles resteront éternelles », a souligné le prêtre qui a tenu à lire un extrait de ce discours.

« Lorsque le fleuve sort de son lit, il déborde en torrents tumultueux, susceptibles d’emporter presque tout sur son passage. Le juge doit revenir à lui-même pour s’autocontrôler, en puisant en lui-même les ressources de son contrôle. Le juge, homme de droit, doit être droit. Le juriste n’a pas à s’interroger sur la justesse du droit. On lui demande d’appliquer la loi, en s’interdisant d’apprécier la loi, mais, pour être juge, tu n’en restes pas moins un homme, un citoyen jouissant de son self arbitre. Et quand la justice du droit se détache de ma propre justice, quand je ressens vigoureusement la loi comme injuste, que dois-je faire ? Si je reste juge, j’applique cette loi, même injuste. Mais pour retrouver ma liberté de citoyen, je peux et je dois démissionner pour m’accorder avec moi-même, et ne pas me cacher derrière ma fonction pour faire passer mes idées personnelles ou les intérêts personnels », a rappelé le prêtre, en invitant l’assemblée à retenir ces paroles qui rejoignent la Parole de Dieu.

« Que votre oui soit oui, que votre non, soit non ! », a dit l’Abbé Abékan qui a souhaité qu’il y ait beaucoup de Wodié en Afrique et dans le monde.

L’absoute, la prière d’adieu a été faite par le père Yves Kissi, modérateur général de la Communauté Mère du Divin Amour, dont est membre la veuve, Victorine Wodié.

Au moment de la procession de sortie, la dépouille du défunt a été ovationnée. Le cortège funèbre a ensuite pris la direction de Grand-Bassam, à Moossou, où il y a eu une escale à la Cour royale, avant l’inhumation du défunt.

envoyée spéciale à moossou


Le 05/08/23 à 07:43
modifié 05/08/23 à 07:43