CAN 2023 : Un levier au service de la modernisation des infrastructures ivoiriennes
Perçue par les autorités ivoiriennes comme une opportunité stratégique, la CAN 2023 n'est pas qu'un simple événement sportif pour la Côte d'Ivoire. Avec des investissements substantiels dans le développement des routes, des stades et des installations connexes, le pays affiche une ambition déterminée à organiser un événement d'envergure internationale, tout en établissant les bases d'un héritage pérenne qui s'aligne avec les objectifs économiques à long terme de la nation.
« Les infrastructures que je viens de visiter s'annoncent dignes de la Coupe du monde Fifa. Elles seront de classe Coupe du monde », s’enthousiasmait le Secrétaire général de la Confédération africaine de football (CAF), Véron Mosengo-Omba, lors d’une conférence de presse, le vendredi 17 février 2023, au terme d'une mission d'évaluation des infrastructures sportives devant abriter la CAN 2023 en Côte d’Ivoire.
Ces déclarations, bien qu'optimistes, offrent un aperçu des objectifs plus larges de la nation ouest-africaine dans la préparation du tournoi. Il s'agit d'une ambition qui va au-delà du simple succès dans l'organisation d'un événement sportif, reflétant une vision de développement à plus long terme pour la Côte d'Ivoire. À Abidjan, la CAN 2023 est perçue comme une opportunité, non seulement pour le sport, mais également comme une étape dans la modernisation des infrastructures du pays, un enjeu économique majeur pour la nation. Et le pays ne compte pas rater le rendez-vous.
Projets routiers : d’une pierre deux coups
Rien qu'en 2022, l’Etat de Côte d’Ivoire indique avoir consacré plus de 2 500 milliards de FCFA aux infrastructures routières, une tendance qui se poursuit en cette année charnière. Et pour 2023, l'agenda est tout aussi riche en ambitions. C’est Amédé Koffi Kouakou, le ministre de l'Équipement et de l'Entretien routier, qui l’annonce : construction et bitumage de 1 900 km de routes neuves, et renforcement d'environ 1 000 km de routes déjà revêtues.
À l'aube de la compétition continentale, Abidjan s'affaire à parachever ses derniers chantiers, redoublant d'efforts et accélérant même le rythme là où des retards ont été constatés. Routes urbaines, ponts, aéroports, stades, hébergement, « nous sommes déjà prêts à accueillir la plus grande compétition sportive du continent,» a assuré le Président de la République, Alassane Ouattara, à l'occasion de son discours dans le cadre de la traditionnelle fête nationale du 7 août 2023.
Ainsi, les aéroports de Korhogo, Bouaké et San Pedro sont déjà intégralement rénovés.
Dans la capitale économique (Abidjan), un investissement de 74 milliards de FCFA a été alloué à la construction d'une voie de contournement, une rocade qui encercle la ville et connecte la commune d'Abobo au Stade olympique d'Ebimpé, d'une capacité de 60 000 places. Baptisée Y4, cette nouvelle route a pour ambition de réduire la congestion et de transformer radicalement la vie urbaine d'une métropole en expansion, actuellement en proie à des embouteillages fréquents. Le projet inclut également les inaugurations. Le 5e pont, desservant le Plateau, lui, a été inauguré le samedi 12 août. Ces projets s'inscrivent dans le cadre du vaste Projet de Transport Urbain d'Abidjan (PTUA), dont le coût total s'élève à 504 milliards FCFA, et qui vise à apporter des solutions durables aux défis de la mobilité des populations dans la capitale économique du pays.
À l’intérieur du pays, on s’affaire également. La réhabilitation de l'axe routier de 353,5 kilomètres reliant Abidjan à San Pedro, qui abrite également un stade de 20 000 places, est en cours et devrait être entièrement achevé avant le début du tournoi. Outre les considérations liées à la CAN, l’infrastructure devrait contribuer à exploiter le potentiel de la région de San Pedro, connue pour ses plages idylliques, alors que le gouvernement ivoirien cherche à positionner la Côte d'Ivoire comme une destination touristique majeure sur la scène internationale.
À cela s’ajoute le prolongement de l'autoroute du nord, axe connectant Abidjan à l’hinterland, notamment le Burkina. Le premier segment, s'étendant de Yamoussoukro à Tiébissou sur 37 km, a déjà été livré. Et la deuxième section reliant Tiébissou à Bouaké, carrefour commercial de premier plan et deuxième ville du centre qui accueille les matchs de la CAN après Yamoussoukro, avance à un bon rythme.
Quel avenir pour les infrastructures ?
Si la mise en place de ces structures majeures, en particulier les infrastructures routières, représente une réponse concrète aux défis de mobilité en Côte d'Ivoire, le regard se tourne désormais vers l'avenir des stades et des villages construits pour la CAN 2023. Le challenge est clair : éviter les pièges du passé, comme le triste héritage laissé par le bassin olympique de Rio après 2016 ou le village des athlètes de Sotchi après 2014.
Or, ne serait-ce que pour les infrastructures sportives et connexes, plus de 500 milliards FCFA ont été investis, avec la construction et la réhabilitation de six stades principaux, 24 terrains d'entraînement et trois villages spécialement dédiés, répartis stratégiquement à Bouaké, San Pedro et Korhogo.
À Abidjan, la capitale économique, la réflexion va plus loin. Les autorités ivoiriennes voient dans ces investissements un potentiel dépassant l'événement sportif de la CAN 2023. L'objectif est de créer un héritage durable, en phase avec la vision de développement du pays. Plusieurs options sont à l'étude pour garantir une utilisation continue et judicieuse de ces installations, fait-on savoir. François Amichia, le président du Comité d'organisation de la CAN (Cocan), souligne l'importance de la responsabilité à long terme : « Qu'est-ce que ces infrastructures, ce personnel que vous avez formé, deviennent après la CAN ? ». Il s’agit d’une “question de responsabilité�?, dira-t-il.
Dans les tuyaux, l'idée que les stades puissent devenir les nouveaux centres du Championnat de Ligue 1 de Côte d'Ivoire se fait jour, ou qu'ils servent de lieux d'accueil pour des concerts, d'autres compétitions sportives internationales, expositions, entre autres utilisations possibles. Quant aux villages CAN, ils pourraient être transformés en logements ou en installations dédiées à la communauté.
L'horizon ne s'arrête pas là. Abidjan est déjà sélectionnée pour accueillir les assemblées annuelles de la Banque Africaine de Développement (BAD) en 2025, un rendez-vous économique qui profitera sans aucun doute des améliorations en cours dans la capitale économique, surtout les infrastructures hôtelières et routières.
En outre, la Côte d'Ivoire ambitionne de devenir une destination de choix pour accueillir diverses compétitions sportives dans différentes disciplines. Une ambition qui se reflète dans l'architecture olympique des stades récemment construits. Conception qui illustre la volonté du pays de capitaliser sur ses nouvelles infrastructures pour les années à venir.
Ces plans audacieux témoignent de la volonté de la Côte d'Ivoire de s'inscrire dans une dynamique de développement durable, en réfléchissant avec soin à l'avenir de ses investissements, bien au-delà de la simple tenue d'un événement sportif. Le défi sera maintenant de mettre en œuvre ces visions de manière à ce qu'elles contribuent de manière significative et pérenne à la croissance et à la modernisation du pays.
Une contribution de Ange KOUAKOU, journaliste indépendant
Ces déclarations, bien qu'optimistes, offrent un aperçu des objectifs plus larges de la nation ouest-africaine dans la préparation du tournoi. Il s'agit d'une ambition qui va au-delà du simple succès dans l'organisation d'un événement sportif, reflétant une vision de développement à plus long terme pour la Côte d'Ivoire. À Abidjan, la CAN 2023 est perçue comme une opportunité, non seulement pour le sport, mais également comme une étape dans la modernisation des infrastructures du pays, un enjeu économique majeur pour la nation. Et le pays ne compte pas rater le rendez-vous.
Projets routiers : d’une pierre deux coups
Rien qu'en 2022, l’Etat de Côte d’Ivoire indique avoir consacré plus de 2 500 milliards de FCFA aux infrastructures routières, une tendance qui se poursuit en cette année charnière. Et pour 2023, l'agenda est tout aussi riche en ambitions. C’est Amédé Koffi Kouakou, le ministre de l'Équipement et de l'Entretien routier, qui l’annonce : construction et bitumage de 1 900 km de routes neuves, et renforcement d'environ 1 000 km de routes déjà revêtues.
À l'aube de la compétition continentale, Abidjan s'affaire à parachever ses derniers chantiers, redoublant d'efforts et accélérant même le rythme là où des retards ont été constatés. Routes urbaines, ponts, aéroports, stades, hébergement, « nous sommes déjà prêts à accueillir la plus grande compétition sportive du continent,» a assuré le Président de la République, Alassane Ouattara, à l'occasion de son discours dans le cadre de la traditionnelle fête nationale du 7 août 2023.
Ainsi, les aéroports de Korhogo, Bouaké et San Pedro sont déjà intégralement rénovés.
Dans la capitale économique (Abidjan), un investissement de 74 milliards de FCFA a été alloué à la construction d'une voie de contournement, une rocade qui encercle la ville et connecte la commune d'Abobo au Stade olympique d'Ebimpé, d'une capacité de 60 000 places. Baptisée Y4, cette nouvelle route a pour ambition de réduire la congestion et de transformer radicalement la vie urbaine d'une métropole en expansion, actuellement en proie à des embouteillages fréquents. Le projet inclut également les inaugurations. Le 5e pont, desservant le Plateau, lui, a été inauguré le samedi 12 août. Ces projets s'inscrivent dans le cadre du vaste Projet de Transport Urbain d'Abidjan (PTUA), dont le coût total s'élève à 504 milliards FCFA, et qui vise à apporter des solutions durables aux défis de la mobilité des populations dans la capitale économique du pays.
À l’intérieur du pays, on s’affaire également. La réhabilitation de l'axe routier de 353,5 kilomètres reliant Abidjan à San Pedro, qui abrite également un stade de 20 000 places, est en cours et devrait être entièrement achevé avant le début du tournoi. Outre les considérations liées à la CAN, l’infrastructure devrait contribuer à exploiter le potentiel de la région de San Pedro, connue pour ses plages idylliques, alors que le gouvernement ivoirien cherche à positionner la Côte d'Ivoire comme une destination touristique majeure sur la scène internationale.
À cela s’ajoute le prolongement de l'autoroute du nord, axe connectant Abidjan à l’hinterland, notamment le Burkina. Le premier segment, s'étendant de Yamoussoukro à Tiébissou sur 37 km, a déjà été livré. Et la deuxième section reliant Tiébissou à Bouaké, carrefour commercial de premier plan et deuxième ville du centre qui accueille les matchs de la CAN après Yamoussoukro, avance à un bon rythme.
Quel avenir pour les infrastructures ?
Si la mise en place de ces structures majeures, en particulier les infrastructures routières, représente une réponse concrète aux défis de mobilité en Côte d'Ivoire, le regard se tourne désormais vers l'avenir des stades et des villages construits pour la CAN 2023. Le challenge est clair : éviter les pièges du passé, comme le triste héritage laissé par le bassin olympique de Rio après 2016 ou le village des athlètes de Sotchi après 2014.
Or, ne serait-ce que pour les infrastructures sportives et connexes, plus de 500 milliards FCFA ont été investis, avec la construction et la réhabilitation de six stades principaux, 24 terrains d'entraînement et trois villages spécialement dédiés, répartis stratégiquement à Bouaké, San Pedro et Korhogo.
À Abidjan, la capitale économique, la réflexion va plus loin. Les autorités ivoiriennes voient dans ces investissements un potentiel dépassant l'événement sportif de la CAN 2023. L'objectif est de créer un héritage durable, en phase avec la vision de développement du pays. Plusieurs options sont à l'étude pour garantir une utilisation continue et judicieuse de ces installations, fait-on savoir. François Amichia, le président du Comité d'organisation de la CAN (Cocan), souligne l'importance de la responsabilité à long terme : « Qu'est-ce que ces infrastructures, ce personnel que vous avez formé, deviennent après la CAN ? ». Il s’agit d’une “question de responsabilité�?, dira-t-il.
Dans les tuyaux, l'idée que les stades puissent devenir les nouveaux centres du Championnat de Ligue 1 de Côte d'Ivoire se fait jour, ou qu'ils servent de lieux d'accueil pour des concerts, d'autres compétitions sportives internationales, expositions, entre autres utilisations possibles. Quant aux villages CAN, ils pourraient être transformés en logements ou en installations dédiées à la communauté.
L'horizon ne s'arrête pas là. Abidjan est déjà sélectionnée pour accueillir les assemblées annuelles de la Banque Africaine de Développement (BAD) en 2025, un rendez-vous économique qui profitera sans aucun doute des améliorations en cours dans la capitale économique, surtout les infrastructures hôtelières et routières.
En outre, la Côte d'Ivoire ambitionne de devenir une destination de choix pour accueillir diverses compétitions sportives dans différentes disciplines. Une ambition qui se reflète dans l'architecture olympique des stades récemment construits. Conception qui illustre la volonté du pays de capitaliser sur ses nouvelles infrastructures pour les années à venir.
Ces plans audacieux témoignent de la volonté de la Côte d'Ivoire de s'inscrire dans une dynamique de développement durable, en réfléchissant avec soin à l'avenir de ses investissements, bien au-delà de la simple tenue d'un événement sportif. Le défi sera maintenant de mettre en œuvre ces visions de manière à ce qu'elles contribuent de manière significative et pérenne à la croissance et à la modernisation du pays.
Une contribution de Ange KOUAKOU, journaliste indépendant