Médias sociaux/Sensibilisation, renforcement du cadre légal, répression: La grande traque des cybercriminels par l’État (Dossier)

Le ministre de la Communication et de l’Économie numérique a présenté les enjeux de cette initiative. (Ph: Dr)
Le ministre de la Communication et de l’Économie numérique a présenté les enjeux de cette initiative. (Ph: Dr)
Le ministre de la Communication et de l’Économie numérique a présenté les enjeux de cette initiative. (Ph: Dr)

Médias sociaux/Sensibilisation, renforcement du cadre légal, répression: La grande traque des cybercriminels par l’État (Dossier)

Le 14/09/23 à 10:05
modifié 14/09/23 à 11:06
Soucieux d'assainir le milieu de l'information en ligne face au présumé anonymat de certains rédacteurs des réseaux sociaux, le ministre de la Communication et de l'Économie numérique, porte-parole du gouvernement, Amadou Coulibaly, a tenu à présenter les moyens mis en œuvre pour répondre à l'exigence de l'information juste et constructive d'une nation.
« Aux utilisateurs des réseaux sociaux qui, très souvent ont le courage de leur présumé anonymat, il s’agira de faire comprendre qu’ils ne sont pas si anonymes que cela, parce qu’on arrive toujours à les retrouver. L’État s’est donné les moyens de pouvoir traquer tous ceux qui font un usage détourné des réseaux sociaux. Cela prend du temps parfois, mais vous avez dû constater qu’on parvient toujours à mettre la main sur eux ».

Ces propos du ministre de la Communication et de l’Économie numérique, Amadou Coulibaly, tenus devant le Sénat de Côte d’Ivoire le 15 décembre 2022 (lors de l’examen du projet de loi de finances portant budget de l’État pour l’année 2023), sont toujours d’actualité et réaffirment aujourd’hui la ferme volonté du gouvernement de sanctionner tous ceux qui, à travers les réseaux sociaux, se rendent coupables de graves manquements à l’éthique, à la déontologie ainsi qu’aux bonnes mœurs.

Ils résonnent, en effet, à la fois comme une mise en garde et une invitation à un usage plus responsable des médias sociaux. En acte, cette préoccupation se traduit à l’aide de plusieurs instruments et stratégies qu’il est nécessaire de connaître. Entre autres, le renforcement du cadre légal, le développement des compétences numériques de la population et la sensibilisation pour un usage responsable et critique du numérique et des réseaux sociaux. Comment fonctionnent-ils exactement ?

L'initiative présentée aux populations. (Ph: Dr)
L'initiative présentée aux populations. (Ph: Dr)



Instruments de sensibilisation et de répression

Pour accompagner sa transformation numérique et redorer son image ternie par la cybercriminalité, la Côte d’Ivoire s’est dotée, dès 2011, d’un instrument de contrôle et de répression ; la Plateforme de lutte contre la cybercriminalité (Plcc) qui, selon les activistes de la cybercriminalité, est perçue comme « un commando 2.0 ».

En effet, en synergie avec d’autres structures telles que le Laboratoire de criminalistique numérique (Lcn), la direction de l’Informatique et des Traces Technologiques (Ditt), des enquêtes judiciaires s’effectuent en organisant la traque contre les cybercriminels.

Ainsi, de 150 en 2011, la Plcc traite à ce jour plus de 5 000 affaires avec un taux de résolution de 50%. Et le gouvernement est bien déterminé à ne laisser aucun répit aux cybercriminels.

En plus de la traque et de la répression, la Plcc mène des actions de sensibilisation des jeunes dans les lycées et grandes écoles du pays.

Discours de haine, discrimination ethnique, sociale et religieuse au pilori

La régulation des médias sociaux dans leur ensemble est une préoccupation du gouvernement qui a renforcé son cadre juridique en adoptant, en 2013, la loi n°2013-451 du 19 juin 2013 portant lutte contre la cybercriminalité.

En mars 2019, le gouvernement ivoirien a ratifié la convention de Budapest sur la cybercriminalité du Conseil de l’Europe. Celle-ci permet ainsi au pays de bénéficier d’une collaboration internationale dans sa politique de lutte contre la cybercriminalité. Et le cadre légal continue de se renforcer avec l’adoption de nouveaux textes.

Le mercredi 23 novembre 2022, l’Assemblée nationale a adopté le projet de loi modifiant la loi de 2013. Ce projet de loi modificatif est plus dissuasif en ce sens qu’il double quasiment le quantum des peines privatives de liberté et des peines d’amende relatives à la cybercriminalité et aux graves manquements constatés sur les médias sociaux. Tout comme le secteur de l’économie numérique, celui de la communication n’échappe pas à la règle.

En effet, l’Assemblée nationale et le Sénat ont adopté en décembre 2022 la loi N°2022-979 du 20 décembre 2022, modifiant celle de 2017 portant régime juridique de la communication audiovisuelle.

Avec cette loi, les acteurs d’Internet que sont les blogueurs, activistes ou influenceurs, disposant d’au moins 25 000 abonnés en ligne, sont désormais soumis à la rigueur de la loi. « Les contenus susceptibles d’inciter, notamment à la haine, à la discrimination ethnique, sociale et religieuse, à la xénophobie ou la provocation publique à commettre une infraction sont passibles de sanctions », fait savoir la nouvelle législation.

Le document reçu par le ministère ajoute : « en cas de non-respect des principes généraux tels que l’atteinte à la souveraineté nationale, la violation du secret d’État, l’atteinte à la défense nationale, le non-respect des institutions de la République, l’atteinte à la dignité de la personne humaine, les contrevenants sont passibles de sanctions ».

En cas d’inculpation, ils risquent une peine pouvant aller jusqu’à un an d’emprisonnement et une amende de 10 000 000 F Cfa.

Outre le durcissement de la répression, Amadou Coulibaly sait qu’il faut aller au-delà en permettant au citoyen de se faire une idée de la qualité de l’information transmise via les réseaux sociaux.

Elle a aussi été présentée aux autorités administratives. (Ph: Dr)
Elle a aussi été présentée aux autorités administratives. (Ph: Dr)



« Il faut donner aux consommateurs d’informations sur les réseaux sociaux la résilience nécessaire pour pouvoir chercher à vérifier une information qui leur est livrée », confie le ministre dont la feuille de route 2023 prévoit l’actualisation du cadre juridique du secteur de l’Économie numérique, afin de permettre un meilleur accès des populations ivoiriennes aux services numériques ; ainsi qu’une meilleure adaptation aux évolutions technologiques, la création de sites de fact-checking, et le lancement d’un vaste programme d’éducation et de sensibilisation à une utilisation responsable des médias sociaux.

Aussi, il est à rappeler que dans le cadre de la mise en œuvre de la Stratégie Nationale de Cybersécurité adoptée le 22 décembre 2021, avec pour but de mieux sécuriser le cyberespace, soutenir l’accélération de la transformation numérique et faire de la Côte d’Ivoire le leader africain en cybersécurité, il est prévu la création d’un Conseil National de la Cybersécurité et d’une Autorité Nationale de la Cybersécurité dans la période 2021-2025.

Pour une utilisation responsable des médias sociaux

Adoptée en décembre 2021, la stratégie nationale de développement du numérique est bâtie sur sept piliers dont le quatrième concerne le développement des compétences numériques.

Pour l’accélération de la mise en œuvre de cette stratégie, quatre programmes prioritaires ont été identifiés dans le cadre du Comité national de digitalisation (CnDigit) chargé d’assurer, sous l’autorité du Premier ministre, la coordination, la mise en cohérence et le suivi-évaluation des projets prioritaires de digitalisation de l’État.

Le développement des compétences numériques s’inscrit dans le cadre du programme de communication. Il s’agit pour le Gouvernement de favoriser l’appropriation des Tic par l’ensemble des citoyens et vulgariser les outils et services Tic avec pour objectif la formation et le renforcement des capacités humaines en matière de Tic.

Le ministère de la Communication et de l’Économie numérique qui souhaite développer les compétences numériques de la population et sensibiliser à un usage responsable et critique du numérique et des réseaux sociaux, a élaboré un projet afin d’éduquer la population à l’esprit critique sur les informations, les bons comportements sur les réseaux sociaux, la vigilance face aux informations sur le digital.

Ce projet part d’un état des lieux des connaissances et comportements des populations dans l’usage du digital pour proposer ensuite des outils de sensibilisation aux dangers et susciter la prise de conscience.

Le projet s’adresse donc globalement aux citoyens ivoiriens de tout âge, avec un accent particulier sur les jeunes, les éducateurs, les médias, les groupes communautaires, les organisations de la société civile et les entreprises.

Selon les organisateurs, les actions qui seront menées pour atteindre les objectifs et les cibles de cette stratégie de communication tourneront autour d’une vaste campagne à travers les médias. Il s’agira notamment d’étude en ligne, de vidéos éducatives et de visuels sur l’utilisation responsable du web et des réseaux sociaux, en collaboration avec des influenceurs et des experts du domaine.

Des conférenciers et des ateliers seront également organisés dans les écoles, universités et centres communautaires avec des intervenants professionnels et experts. Disons que par cet acte, le gouvernement veut impliquer le citoyen en lui donnant les outils nécessaires pour se prémunir contre tout danger. Cela passe aussi par le développement des compétences numériques dont les maîtres-mots sont information et formation.

Justement, conformément à la volonté du Président de la République Alassane Ouattara de consacrer l’année 2023 à la jeunesse, les ministères de la Promotion de la Jeunesse, de l’Insertion professionnelle et du Service civique et celui de la Communication et de l’Économie numérique viennent de procéder au lancement d’un programme de formation pour le renforcement des compétences, de l’employabilité et de l’entrepreneuriat de 1 000 jeunes dans le numérique.

Pour sûr, la stratégie du gouvernement, portée par le ministère de la Communication et de l’Économie numérique, vise d’une part à créer un environnement numérique plus sécurisé, indispensable à la souveraineté numérique.

Disons qu’il s’agit, en d’autres termes, de toutes ces stratégies déployées par l’État pour une utilisation citoyenne, responsable et éthique. Cela passe logiquement par l’adoption de textes pour protéger le citoyen et lutter contre toutes les formes de cybercriminalité.

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  • Les arcanes de la campagne pour l’utilisation responsable des réseaux sociaux

Plusieurs personnalités ont exprimé leur soutien à cette initiative. (Ph: Dr)
Plusieurs personnalités ont exprimé leur soutien à cette initiative. (Ph: Dr)



Initiée par le ministère de la Communication et de l’Économie numérique, la campagne de sensibilisation à l’utilisation responsable des médias sociaux en Côte d’Ivoire est une action d’envergure qui vise à éduquer les citoyens sur les pratiques responsables en ligne. À travers des équipes déployées dans plusieurs localités du pays, dont les villes universitaires, elle se veut une réponse aux défis posés par l’expansion des médias sociaux.

Rencontres avec les autorités et ateliers de sensibilisation

Pour chaque étape, les équipes ont débuté la campagne par des rencontres protocolaires avec les autorités locales, illustrant ainsi l’importance accordée à cette initiative au niveau gouvernemental. Cette démarche a permis de créer un cadre de coopération avec les autorités communales et préfectorales.

Sensibilisation aux risques et aux conséquences légales

Les ateliers de sensibilisation ouverts au public et particulièrement destinés aux jeunes et aux femmes ont été le cœur de cette campagne. Ils ont permis d’informer les participants sur les risques liés à une utilisation inappropriée des médias sociaux, ainsi que sur les conséquences légales qui en découlent, suscitant un grand intérêt parmi les participants. Les formateurs ont mis en avant les dangers de la diffamation, de l’atteinte à la réputation et de la publication de contenu obscène en ligne.

Soutien des autorités locales

Le soutien des autorités locales, notamment des préfets et des maires, a été un facteur essentiel pour le succès de cette campagne. Ils ont souligné l’importance de promouvoir un comportement civique en ligne, dans un contexte où les médias sociaux jouent un rôle central dans la communication et l’information.

Engagement des participants

Les participants, qu’ils soient élèves, étudiants ou leaders de jeunesse, ont exprimé leur engagement à devenir des ambassadeurs de cette campagne dans leur entourage. L’objectif de créer une culture de l’utilisation responsable des médias sociaux peut être bien atteint, avec des participants prêts à mettre en pratique les leçons apprises.

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  • Réfléchir avant d’agir en ligne

De nombreuses actions ont été ainsi lancées pour une utilisation citoyenne des réseaux sociaux par la jeunesse et les internautes dans leur ensemble. (Ph: Dr)
De nombreuses actions ont été ainsi lancées pour une utilisation citoyenne des réseaux sociaux par la jeunesse et les internautes dans leur ensemble. (Ph: Dr)



La campagne « EnLigneTousResponsables » met l’accent sur la nécessité de réfléchir avant d’agir en ligne, de respecter la vie privée d’autrui, de faire preuve de sensibilité et d’empathie et, surtout, d’éviter de transgresser la loi.

Cette initiative semble être un pas dans la bonne direction pour sensibiliser la population à l’ère du numérique et promouvoir un comportement responsable sur les médias sociaux en Côte d’Ivoire.

Les équipes poursuivent leurs randonnées à travers le pays, avec des visites prévues à Yamoussoukro, puis Songon, après les étapes réussies de Korhogo, Bouaké, Daloa et Man.

Les équipes du District d’Abidjan prendront le relais dans les prochaines semaines.



Le 14/09/23 à 10:05
modifié 14/09/23 à 11:06