Avoir mal quand on fait l’amour, ce sujet délicat reste tabou et mal documenté. Ces douleurs lors d’un rapport sexuel touchent-elles beaucoup de femmes ?

Difficile à dire. Selon Jean-Paul Kouamé, sexologue, une femme sur cinq souffrirait de dyspareunie. Malheureusement, elles n'obtiendront jamais de diagnostic et ne seront pas traitées puisqu'elles n'oseront pas consulter parce que pour elles, la douleur lors des rapports sexuels est un sujet tabou.

La dyspareunie ou algopareunie est une douleur qui survient chez la femme lors des rapports sexuels avec pénétration vaginale. La douleur peut être ressentie avant, pendant ou après la pénétration.

La conséquence de cette douleur est une réticence progressivement croissante à faire l'amour qui retentit sur la vie personnelle de la femme, puis sur celle de son couple.

Il existe deux types de dyspareunies. Les dyspareunies superficielles, ou dyspareunies d’intromission : la douleur se manifeste à proximité ou au niveau de l’orifice du vagin, à l'entrée du vestibule et du vagin le plus souvent au début du rapport sexuel.

Elles peuvent notamment provenir de mutilations sexuelles.

Les dyspareunies profondes : en cas de douleurs pelviennes, c’est-à-dire de douleurs ressenties dans la région du pelvis, incluant le bas ventre et la zone génitale qui peut signer une endométriose.

Les symptômes

Les douleurs peuvent varier d'une femme à l'autre. Elles peuvent se produire lors de chaque pénétration ou seulement lors de certaines circonstances et elles peuvent ou non se produire avec tous les partenaires.

La dyspareunie peut apparaître chez des femmes qui ont déjà une vie sexuelle active.

Les douleurs peuvent être décrites comme une sensation de brûlure, d'élancement, de coupure ou d'irritation. Plusieurs femmes qui appréhendent la douleur au moment d'une relation sexuelle contractent involontairement leurs muscles pelviens, ce qui peut causer une aggravation de la douleur.

Les causes

Les causes peuvent varier selon l'endroit où est ressentie la douleur. Une douleur ressentie à l'entrée du vagin peut être causée par une blessure ou un traumatisme pouvant être occasionnés par une intervention ; un dessèchement du vagin causé par une déficience en œstrogènes, l'herpès ; une infection vaginale ; un manque de lubrification ; une réaction suite à l'utilisation d'un spermicide, d'une douche vaginale ou de condoms ; un vagin étroit.

Pour cela, les toilettes vaginales, avec la douche, sont à proscrire: elles perturbent la flore vaginale, assèchent le vagin, c'est une catastrophe. Idem pour les tampons en dehors des règles qui assèchent terriblement les muqueuses. Il existe aussi des causes pouvant expliquer une dyspareunie profonde : déchirure des ligaments qui retiennent l'utérus.

Endométriose lésions suite à un accouchement (post-partum), problème de santé touchant une trompe de Fallope ou un ovaire, problème d'ordre urinaire. Des troubles d'ordre psychologique peuvent aussi parfois être la cause de la dyspareunie.

Par exemple, la dépression, l'anxiété, le manque d'estime de soi, le manque de désir ou un traumatisme psychosexuel peuvent être à l'origine du problème.

Diagnostic

Pour qu'un diagnostic précis soit posé, il importe pour le médecin de connaître différents détails dont : l'endroit où est ressentie la douleur ; depuis quand la douleur est présente et les circonstances relatives à l'apparition de la douleur.

Par la suite, le médecin devra procéder à un examen gynécologique. Pour déterminer l’origine de la dyspareunie, un examen des bactéries et des cellules présentes dans le vagin (examen cytobactériologique) et un prélèvement vaginal sont pratiqués. Des examens complémentaires peuvent être demandés pour rechercher des maladies sexuellement transmissibles.

Traitement

Le traitement de la dyspareunie varie selon la raison de la douleur. Il importe donc de poser un diagnostic adéquat. Le médecin met en place un traitement de la dyspareunie selon sa cause :

- des antibiotiques ou des antimycosiques si la dyspareunie est due à une infection du vagin ou du col ;

- un traitement hormonal à base d'œstrogène, afin d’assouplir et de lubrifier les tissus de la paroi vaginale et de la renforcer. La consultation d’un sexologue clinicien en vue d’une psychothérapie est envisagée si la cause est psychologique.

Conseils

Il est important de savoir si elles ont toujours existé ou si elles sont survenues récemment. L'intensité et le type de douleurs (brûlures, écrasement, tension lancinante...) sont importants à préciser. Quand la douleur se répète, en parler à son gynécologue ou à un médecin sexologue est nécessaire, idéalement le plus tôt possible pour éviter que la souffrance se chronicise.

Dans le cas contraire, si la douleur ne se répète pas ou si elle survient dans une seule position sexuelle, il n'y a pas d'urgence.

Vous pourrez le mentionner à votre médecin quand vous le voyez.

Selon le sexologue, il n’existe pas de réelle prévention des dyspareunies. En revanche, si elle est régulière et perturbe votre sexualité, une consultation est nécessaire.

Afin qu’il réalise quelques tests et vous prescrive le traitement adapté. Tout simplement parce que la douleur chronique a quelques particularités, elle n'est pas "naturelle" durant un rapport donc elle diminue la lubrification, ce qui majore la sensation douloureuse.

De plus, le cerveau l'enregistre et vous l'anticipez quand vous avez un nouveau rapport : du coup, vous êtes moins excitée et vous lubrifiez moins. Ce qui majore la douleur.

C'est pour cette raison qu'il est préférable de consulter afin de déterminer son origine, la traiter et ainsi rompre le cercle vicieux.

Le gel lubrifiant est communément recommandé pendant les rapports sexuels. Il facilite la pénétration et peut atténuer la crainte des douleurs.

Allongez le temps des préliminaires, privilégiez l'érotisme, les massages, les fellations et les cunnilingus...

Laissez-vous le temps d'oublier les réflexes associés à la douleur et vous verrez, peu à peu, le plaisir insouciant et léger reviendra sous la couette ou ailleurs.