Alépé/Chasse dans la réserve de Mabi-Yaya : Des jeunes libèrent de force des prévenus

Le village, désert dans la journée, portait les traces de la manifestation de rue des jeunes. 
(Ph: SEBASTIEN KOUASSI)
Le village, désert dans la journée, portait les traces de la manifestation de rue des jeunes. (Ph: SEBASTIEN KOUASSI)
Le village, désert dans la journée, portait les traces de la manifestation de rue des jeunes. (Ph: SEBASTIEN KOUASSI)

Alépé/Chasse dans la réserve de Mabi-Yaya : Des jeunes libèrent de force des prévenus

Le 20/09/23 à 13:06
modifié 20/09/23 à 14:55
Dans la nuit du 17 et la matinée du 18 septembre 2023, des jeunes du village de Kossandji ont organisé des manifestations de rue.
Il y avait du grabuge dans les rues de Kossandji, village de la sous-préfecture de Danguira, dans le département d’Alépé. C’était dans la nuit du 17 et la matinée du 18 septembre 2023.

Des pneus et autres objets incendiés laissaient encore échapper de la fumée à presque tous les carrefours. Ce 18 septembre 2023, le calme est revenu en dépit de la fermeture du marché et des rues désertes observées.

Les personnes que l’on pouvait apercevoir aux abords de la voie principale affichaient un air craintif et étaient sur leurs gardes.

Information prise auprès des populations, des jeunes du village de Kossandji ont manifesté pour libérer leurs camarades appréhendés par les agents de l’Office ivoirien des parcs et réserves (Oipr) dans la forêt classée Yaya, devenue réserve naturelle Mabi-Yaya. Et ce, après une partie de chasse au gibier.

Arrestation de quatre chasseurs

Selon Félix Assi Séka, notable de la chefferie, des jeunes se sont rendus, le 13 septembre 2023, aux alentours de la réserve, pour chercher du gibier pour la fête de génération prévue le 15 septembre. Malheureusement pour eux, une ronde des agents de l’Oipr a permis de mettre le grappin sur 20 personnes parmi lesquelles quatre jeunes autochtones, un jeune du village de M’Bohouin et des allogènes.

« Peu après leur arrestation, le chef de l’Oipr et ses collaborateurs les ont conduits à leur base. Mais il se trouve qu’après intervention du chef de village de M’Bohouin, le ressortissant de ce village et deux allogènes ont été relaxés. Les 17 autres étaient maintenus au violon alors qu’ils étaient tous accusés pour les mêmes faits », raconte le notable.

Le portail principal du bureau de l’Oipr a été défoncé pour exfiltrer des mis en cause. (Ph: SEBASTIEN KOUASSI)
Le portail principal du bureau de l’Oipr a été défoncé pour exfiltrer des mis en cause. (Ph: SEBASTIEN KOUASSI)



Au vu de cette situation, poursuit-il, la notabilité du village de Kossandji, dirigée par Claude Botchi, a souhaité que les mis en cause soient relâchés. Avec en lieu et place une séance de sensibilisation séance tenante pour leur montrer une fois de plus le bien-fondé de cette réserve.

Mais l’officier de l’Oipr qui avait déjà rendu compte à sa hiérarchie leur a fait savoir que la procédure était engagée et que les prévenus devaient être mis à la disposition de la justice le 18 septembre pour répondre de leurs actes.

« Lorsque la jeunesse s’est rendu compte que leurs amis allaient être présentés à un juge d’instruction, ils ont commencé à manifester la nuit du 17 septembre, exigeant leur libération », précise Félix Assi Séka.

Selon lui, le chef du village a appelé les uns et les autres à l’apaisement. Des cadres du village dont le député Christophe N’Cho ont essayé sans succès de mener la médiation entre les parties.

Les jeunes se sont alors déportés au bureau des agents de l’Oipr. « Une fois en ce lieu, ils ont ouvert l’accès en défonçant le portail principal et celui de la cellule pour libérer leurs quatre amis de Kossandji et les treize allogènes », précise-t-il.

Les agents des eaux et forêts n’ont pas accepté de donner leur version des faits en invitant l’équipe de reportage à se référer à leur hiérarchie. Les jeunes, pour leur part, ont expliqué leur geste.

Ignace Kacou, au nom du président des jeunes de Kossandji, a relevé que c’est la gestion inéquitable de l’arrestation des personnes prises dans la réserve qui a poussé les jeunes à agir ainsi.

« Pourquoi certains sont libérés et d’autres maintenus pour les mêmes faits qui leurs sont reprochés ? » Selon lui, les jeunes n’y font pas de l’abattage de bois mais quelquefois la chasse de gibier. Il a exhorté les agents de l’Oipr à déloger tous les occupants illégaux de cet espace.

Signalons que des forces de l’ordre sont sur le terrain en vue de sécuriser les installations des agents de l’Oipr.

ENVOYÉ SPÉCIAL A KOSSANDJI



Le 20/09/23 à 13:06
modifié 20/09/23 à 14:55