Subvention du prix du carburant à la pompe: Les États ont atteint leur limite
Pour tous les États du monde, les moyens de contenir cette onde de choc, que certains analystes qualifient déjà de « tsunami », allusion faite aux effets dévastateurs qu’il pourrait avoir sur la stabilisation précaire de l’inflation dans lesdits pays, sont quasiment inexistants.
Tout porte à croire qu’aucun pays ne pourra éviter la répercussion de cette appréciation du prix du baril du pétrole à l’international sur le prix à la pompe. Au mieux, il faudra s’attendre à un ajustement des prix, comme le fait déjà le gouvernement ivoirien en compensant la vente à perte pratiquée à la pompe par des subventions importantes. Il faut entendre par vente à perte, le fait que les produits pétroliers sont vendus dans les stations-services à des tarifs inférieurs à ce qu’ils devraient être, si on se réfère aux variations du cours à l’international.
Pour rappel, la subvention des produits pétroliers, y compris le gaz, a coûté à l’État, pour la seule année 2022, 725 milliards de FCfa. Soit de quoi à construire 6 ponts de la dimension du pont Ado (113 milliards de FCfa) ou une autoroute deux fois deux voies, ayant plus de deux fois la longueur de l’autoroute Yamoussoukro-Bouaké (longue de 133 Km pour un coût global de 268,5 milliards de FCfa). Avec ces exemples, on mesure aisément l’ampleur de l’effort consenti par le gouvernement, mais aussi, ce qu’on aurait pu réaliser avec ces ressources dépensées en subvention. On se rend compte du fait que chaque goutte de carburant consommée nous prive d’infrastructures importantes et pérennes.
Face à cette situation hors de contrôle des États, la bonne attitude serait de soutenir le gouvernement dans ses efforts de maintenir l’équilibre financier du secteur pétrolier afin de garantir sa viabilité sur le long terme en réalisant que les ajustements des prix à la pompe ne se sont pas une option, mais relèvent d’une contrainte économique.
Et en pareille circonstance, les ménages pourraient amortir le choc et préserver leur pouvoir d’achat à travers une consommation responsable de carburant. Il s’agit, en effet, d’éviter le gaspillage de carburant en évitant les déplacements en voiture qui ne sont pas toujours nécessaires.
Pour ceux qui s’étonneraient que la Côte d’Ivoire, un pays avec quelques gisements de pétrole en production, subisse le marché international. Il est bon de rappeler qu'elle n’a pas encore atteint le niveau de production pour influencer significativement le marché international. La nation ivoirienne ne figure pas parmi les pays grands producteurs de pétrole africains. Conscient du caractère stratégique du pétrole, le gouvernement déploie, depuis quelques années, un programme d'exploration qui a permis de faire d'importantes découvertes, notamment avec Eni.
Et même si cela avait été le cas, le résultat serait quasiment le même. À titre d’exemple, le Nigeria, 3e pays africain producteur de pétrole avec 1 081 baril/jour, est confronté au même problème et subit également la crise pétrolière actuelle.
Toutefois, il n’y a pas lieu de s’inquiéter outre mesure. L'État ivoirien, qui a décidé de mettre un fort accent sur le social, sait quel levier actionner pour préserver le pouvoir d’achat des populations. Mais, il était bon que les tenants et les aboutissants de cette crise pétrolière soient décryptés.