Écoles de football en Côte d’Ivoire: Comment les jeunes concilient le sport et les études

Des écoles comme Ivoire académie et Mimosifcom offrent des conditions de travail bien meilleures.
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Des écoles comme Ivoire académie et Mimosifcom offrent des conditions de travail bien meilleures.

Écoles de football en Côte d’Ivoire: Comment les jeunes concilient le sport et les études

Le 30/09/23 à 19:18
modifié 01/10/23 à 08:27


Le 3 août dernier, en pleines vacances scolaires, nous avons assisté à un tournoi des centres de formation dans la commune d’Abobo. Précisément au quartier Habitat. Ce jour-là, il y avait du monde à l’école primaire publique du quartier. Des jeunes dont l’âge varie de 14 à 16 ans étaient amassés autour de la clôture de l’école primaire. Tandis que d’autres, à l’intérieur, suivaient la rencontre qui opposait les minimes de l’Académie Traoré Massé (Atm) et ceux de l’Académie des footballeurs d’Abobo (Ajfa).

L’ambiance était surchauffée autour du terrain en latérite, avec des tracés à peine visibles. Mais le ballon roulait quand même. Passement de jambes, crochets, pichenettes, tacles impeccables...les gestes techniques que multiplient les adolescents transforment la rencontre en un match agréable à regarder. On assiste à un récital de certains joueurs.

Le public constitué des jeunes de centres de formation, leurs encadreurs et de quelques adultes amoureux du beau football jubilaient. Chaque fait et geste était salué par des salves d’applaudissements.

«C’est comme ça ici, les mercredis, jeudis et samedis pendant les vacances scolaires. Nous assistons avec plaisir à ce tournoi qui occupe sainement les jeunes. Il y a plusieurs catégories de jeunes. Je suis venu regarder le beau jeu produit par ses gamins », a confié Dieudonné Kouakou, un jeune du quartier.

Parmi les spectateurs se trouvait Bamba Ibrahim, âgé de 14 ans. Il fait partie de la catégorie minime de l’Olympique sport d’Abobo (Osa). Il venait à peine de finir leur match. Le jeune Bamba est admis en classe de 3e avec une moyenne annuelle de 14/20.

Comment fait-il pour allier ses entraînements et ses études ? Sa stratégie est simple. « Pendant l’année scolaire, je me concentre sur mes études. Je vais aux entraînements en fonction de mon emploi du temps. Nous nous entraînons trois fois par semaine, mercredi (après-midi) et samedi (toute la journée) et dimanche après-midi. Nos entraînements commencent à 13h et nous finissons au plus tard à 16h. Lorsque j’arrive à la maison, je dors un peu quand je me sens trop fatigué. Après, je commence à étudier. Et ça marche très bien », explique le jeune homme, droitier qui évolue au poste de milieu offensif. Le jeune Bamba qui rêve d’évoluer un jour à Manchester City compte arrêter ses études après le baccalauréat pour « me consacrer entièrement à ma passion de footballeur », confie-t-il.

Akpo Seka a pris une tout autre décision en ce qui concerne ses études. « Je compte aller le plus loin possible dans mes études, jusqu’à ce que je décroche un contrat professionnel », confie-t-il.

A 14 ans, il vient d’être admis au Bepc et passe en classe de seconde avec 12 de moyenne annuelle. Tout comme son coéquipier Bamba, le jeune Seka a sa méthode pour rester concentré à l’école malgré ces heures d’entraînement avec l’Osa.

Très peu d’écoles dédiées

A côté de ces nombreux jeunes qui naviguent entre les terrains vagues et les tables-bancs des établissements scolaires, il y en a qui ont la chance d’évoluer dans un cadre différent.

C’est le cas de ceux de l’Ivoire Académie, un centre de formation sport-études. C’est un complexe qui met à disposition des pensionnaires, la formation et les infrastructures nécessaires à la réussite d’une carrière professionnelle. Le centre qui a vu passer certains joueurs professionnels ouvre ses portes aux jeunes à partir de 9 ans et ce jusqu’à 17 ans. Des garçons recrutés sur la base de leurs aptitudes à la pratique du sport et d’un dossier scolaire acceptable.

Pendant la rentrée scolaire, tous les pensionnaires sont logés à l’internat de l’académie et suivent le programme sport-études de la 6e à la terminale (système scolaire ivoirien).

Comme à l’Académie Mimosifcom de l’Asec Mimosas, à Sol béni. C’est d’ailleurs sur ce grand club ivoirien qu’Ivoire Académie a bâti son modèle.

« Nous avons des enseignants qui viennent nous encadrer et ça se passe très bien. Au début, j’avais du mal, parce que mon idée était focus sur le football. Mais on m’a appris à accepter les deux parce qu’on ne sait jamais. Si le football ne marche pas, alors je pourrais m’orienter vers autre chose ou poursuivre mes études. Et puis, même si je deviens professionnel, il faut que je puisse lire et comprendre les contrats que je vais signer... », note Hamed qui dit être à sa deuxième année dans ce centre fondé en 2000 par l’homme d’affaires indien, Aziz Alibhai.

Déjà, plusieurs joueurs de renom tels que Jean Eudes Aholou (Strasbourg), Habib Maiga (Fc Metz), sont passés par cette « terre promise ».

Non loin de là, à Yopougon, un autre centre de formation offre pratiquement la même opportunité aux jeunes. Le Casyfoot, bien connu dans la plus grande commune d’Abidjan pour avoir remporté l’édition 2021 du tournoi de la municipalité, est adossé au collège Baz de Yopougon Andokoi. « Nous donnons la chance aux jeunes ivoiriens de suivre une formation académique et scolaire, pour les aider à réaliser leur rêve », déclarait le président de cette école de football, Jean-Philippe Dieudonné. Malheureusement, ce genre d’établissements se comptent du bout des doigts.

SABINE KOUAKOU


Le 30/09/23 à 19:18
modifié 01/10/23 à 08:27