Interview/ Cancer du sein en Côte d’Ivoire Dr Mama Ahmed (médecin oncologue médicale à l’hôpital militaire d’Abidjan) : " de plus en plus, nous trouvons le cancer du sein chez les femmes beaucoup plus jeunes"

Dr Mama Ahmed, médecin oncologue médicale à HMA. Ph : Monsan
Dr Mama Ahmed, médecin oncologue médicale à HMA. Ph : Monsan
Dr Mama Ahmed, médecin oncologue médicale à HMA. Ph : Monsan

Interview/ Cancer du sein en Côte d’Ivoire Dr Mama Ahmed (médecin oncologue médicale à l’hôpital militaire d’Abidjan) : " de plus en plus, nous trouvons le cancer du sein chez les femmes beaucoup plus jeunes"

Le 14/10/23 à 07:44
modifié 14/10/23 à 07:44

Invité à la cérémonie de lancement d'Octobre rose du groupe Fraternité Matin, le 06 octobre 2023, Dr Mama Ahmed, médecin oncologue à l’Hôpital militaire d’Abidjan (Hma) a relevé une prévalence de plus en plus prononcée du cancer du sein chez les jeunes filles de 30 ans. Il évoque en plus de cette situation plusieurs aspects de la maladie dans cette interview.



Quel est l’état du cancer du sein en Côte d’Ivoire ?

Nous avons des chiffres assez catastrophiques. Il y a plus de 1700 femmes qui décèdent chaque année avec une incidence de nouveaux cas de plus de 3300 personnes par an. Ces cas viennent généralement à des stades tardifs. Un état qui nécessite une lutte pour informer davantage la population.



Pourquoi ces femmes viennent-elles à des stades tardifs ?

Nous essayons de comprendre et nous croyons que c’est une question d’ignorance et aussi de culture. En Afrique, la santé n’est pas toujours le premier recours. Pour certains Africains, souvent, la maladie n’est pas liée à un germe ou à un dysfonctionnement. Elle est peut-être due au spirituel. Certaines personnes préfèrent passer par ces solutions avant de se rendre à l’hôpital. Aussi, l'offre de soin n’est pas généralisée. Cette maladie est insidieuse, le sein ne fait pas mal, et le manque de douleur peut amener les femmes à ne pas se rendre à l’hôpital. En général, les femmes attendent de voir les symptômes avant de se rendre dans un centre de santé. Alors qu’avec le cancer de sein, une fois que les symptômes apparaissent, c’est qu’il est tard. Raison pour laquelle il faut se faire dépister tôt.



Quelles sont les causes de cette maladie ?

Nous ne pouvons parler de causes de la maladie parce que présentement, aucune cause n’a été identifiée. Mais nous avons essayé d’associer à la maladie, un ensemble de facteurs. Notamment, les femmes qui ont des grossesses tardives, qui ne se mariaient pas tôt, celles qui n’allaitent pas leurs enfants, qui sont très obèses, qui ont des règles trop tôt ou trop tard. La prise de pilule expose également à ce danger. À cela, il faut ajouter l’alcool, le tabac...



Quelles sont les tranches d'âge les plus touchées ?

L’âge moyen en Côte d’Ivoire, c’est quarante-quatre (44) ans. Mais ces chiffres vont chuter vers l’âge de trente (30) ans parce que de plus en plus, nous trouvons le cancer de sein chez les femmes beaucoup plus jeunes. Alors qu’en Europe, les pics sont entre 60 ans 50 ans.

Et quelle est la situation chez les hommes ?

Les hommes développent aussi le cancer de sein. Mais le taux est très rare, c’est moins de 1 %. Sur cent (100) cas, vous avez quatre-vingt-dix-neuf (99) femmes et un seul homme qui développera le cancer du sein. Chez les hommes, ce n’est pas fréquent, c’est pourquoi la sensibilisation se fait au niveau des femmes. Chez les hommes, nous suspectons plutôt les liens génitaux. C’est de voir si dans la famille, il n’y a pas un gène prédisposant à développer le cancer du sein. En général, le dépistage concerne la femme, c’est elle qui est invitée parce que les chiffres sont effrayants. Pour l'homme, c'est beaucoup plus particulier, c'est exceptionnel, nous essayons de faire une enquête familiale.

Un conseil à donner aux femmes sur la fréquence des examens ?

La femme qui n’a aucun signe doit faire une mammographie tous les deux (2) ans. Ce n’est pas coûteux surtout dans le mois d’octobre rose.

Le 14/10/23 à 07:44
modifié 14/10/23 à 07:44