Clémence Kouassi (Ong Mam’anges connect) : "Il faut des psychologues d’Etat dans les centres de santé pour aider toutes ces femmes qui perdent leur bébé"
L'Ong Mam'anges connect qui vient en aide aux femmes qui ont perdu leur enfant en couche ou à très bas âge organise, ce samedi 28 octobre, à Cocody, un atelier thérapeutique dédié à ces femmes en détresse. La présidente fondatrice de l'organisation, Clémence Kouassi, explique dans cet entretien le concept de Mam'anges et le objectifs visés.
Vous venez de lancer une initiative qui vise à soutenir les femmes qui ont eu le malheur de perdre un enfant à très bas âge. Pourquoi cet engagement ?
C’est d’abord mon histoire. En 2021 j’ai perdu mon bébé, mon petit ange. Et le deuil de cet enfant n’a pas été facile pour moi à cause de l’environnement familial qui, au lieu de m’aider à m’en remettre, m’a au contraire enfoncée dans ma détresse. Nos us et coutumes et notre mentalité traditionnelle africaine s’avèrent souvent maladroits et nocifs dans ce genre de situation. Pour beaucoup, le deuil d’un bébé qui est parti très tôt n’est pas légitime. Vous entendrez dire par exemple qu’on n’a pas le droit de pleurer parce qu’on n’a pas connu ce bébé ou bien on l’a connu trop peu de temps. Après donc mon choc, j’ai dû aller consulter un psychologue parce que j’avais besoin de sortir de mon environnement familial qui, pour moi, était toxique et m’enfonçait beaucoup plus. Avec l’aide de ce psychologue, j’ai réussi à me relever.
Au sortir de cet épisode douloureux, l’idée de mettre en place un espace pour favoriser une thérapie de groupe m’est venue à l’esprit. J’étais convaincue qu’ensemble on peut facilement arriver à la guérison. L’idée était de permettre à toutes ces mamans qui ont perdu un enfant, les Mam’anges (mamans d’anges Ndlr), qui vont consulter un psychologue de pouvoir poursuivre leur thérapie dans cette communauté-là. Celle-ci devait également permettre aux femmes meurtries qui n’ont pas les moyens financiers d’aller consulter individuellement un psychologue de pouvoir bénéficier de soins psychologiques dans la communauté avec un psychologue que nous allions choisir. Et il y a une psychologue du nom d’Odile Pohon qui a décidé d’accompagner gratuitement l’Ong.
Il s’agit donc d’une sorte de solidarité féminine ?
Exactement. Il faut se tenir la main pour avancer surtout pour une question qui concerne la santé mentale. Elle nécessite beaucoup plus d’effort. On ne peut pas aller sur un développement durable sans une santé mentale équilibrée. Vous savez, lorsque l’équilibre émotionnel d’une femme est dérangé cela affecte durement la cellule familiale et même son physique.
Quels risques encourent ces femmes en détresse suite à la perte de leur bébé ?
Cette situation peut conduire à la dépression, à la démence voire au suicide. Il y a des femmes qui se sont suicidées parce qu’elles ont enchainé les fausses couches. En général, elles sont stigmatisées, brimées par leur belle-famille ou leur propre famille. Souvent même le mari les abandonne pour d’autres femmes qui, elles, peuvent enfanter. C’est donc une problématique qui peut aller très loin. En créant cette communauté, nous voulons dire à ces femmes-là qu’elles ne sont pas seules dans leur épreuve. Voir que d’autres femmes sont aussi passées par l’épreuve qu’on traverse rassure qu’on n’est pas soi-même le problème, et que c’est peut-être un problème médical ou spirituel. En regardant le parcours d’une autre on peut donc arriver à se remettre vite de sa période de douleur. Et quand on est parvenu à déconstruire la culpabilité, la honte, la peur, on peut aisément aborder le sujet de la prochaine grossesse parce qu’on se sent forte mentalement.
Comment arrivez-vous à divulguer votre message et atteindre votre cible ?
Nous comptons sur vous les médias. Depuis le lancement des assises des Mam’anges, Fraternité Matin et beaucoup d’autres médias ont montré un certain intérêt à nos activités. Nous vous en remercions énormément. Nous nous servons aussi de notre page Facebook qui est beaucoup dynamique pour véhiculer nos messages. Nous l’utilisons pour briser le tabou sur ce sujet à travers de posts de sensibilisation, car ce caractère tabou ne fait pas avancer les choses. Nous utilisons tous nos autres réseaux sociaux et nos messageries pour se passer des messages et se fixer des rendez-vous. Et là, ce 28 octobre, l’Ong organise une activité dénommée la cohorte des Mam’anges où les trois pans de la santé à savoir le mental, la santé physique et la santé financière seront abordés. Une coach en développement personnel et mindset, une entrepreneure et une maquilleuse viendront nous entretenir. En fait, nos rencontres ne doivent pas servir uniquement à pleurer. Après les pleurs, il faut rechercher son autonomie financière, réveiller le lead qui est en chacune de nous et connaitre le succès. Nous sommes liées par la douleur mais pour un avenir meilleur.
Pensez-vous aux conjoints de ces Mam’anges ? Y a-t-il quelque chose prévue pour eux ?
Nous avons entamé ce projet par les émotions que nous connaissons mieux, à savoir celles des femmes. Mais, il y a aussi des papas de petits anges qui nous ont contactés pour nous faire part de leur besoin d’écoute, de thérapie. Nous avons déjà rencontré et échangé avec certains d’entre eux. Je peux donc vous dire que L’Ong Mam’anges connect pense aussi à eux et va bientôt se préparer à organiser les assises des papas d’anges après les assises des Mam’anges que nous allons organiser en novembre, à Cotonou.
Vos rencontres sont-elles assorties de recommandations à l’endroit des autorités étatiques ?
L’Etat devrait penser à recruter des psychologues d’Etat afin de soulager le maximum de patients qui ont besoin d’être écoutés. Payer une séance avec un psychologue n’est pas à la portée de tout le monde. Il faut donc des psychologues d’Etat dédiés à des centres de santé communautaires qui pourront aider ces femmes qui perdent leur bébé en couche et bien d’autres malades en payant un montant forfaitaire de consultation.
Entretien réalisé par FAUSTIN EHOUMAN
Au sortir de cet épisode douloureux, l’idée de mettre en place un espace pour favoriser une thérapie de groupe m’est venue à l’esprit. J’étais convaincue qu’ensemble on peut facilement arriver à la guérison. L’idée était de permettre à toutes ces mamans qui ont perdu un enfant, les Mam’anges (mamans d’anges Ndlr), qui vont consulter un psychologue de pouvoir poursuivre leur thérapie dans cette communauté-là. Celle-ci devait également permettre aux femmes meurtries qui n’ont pas les moyens financiers d’aller consulter individuellement un psychologue de pouvoir bénéficier de soins psychologiques dans la communauté avec un psychologue que nous allions choisir. Et il y a une psychologue du nom d’Odile Pohon qui a décidé d’accompagner gratuitement l’Ong.
Il s’agit donc d’une sorte de solidarité féminine ?
Exactement. Il faut se tenir la main pour avancer surtout pour une question qui concerne la santé mentale. Elle nécessite beaucoup plus d’effort. On ne peut pas aller sur un développement durable sans une santé mentale équilibrée. Vous savez, lorsque l’équilibre émotionnel d’une femme est dérangé cela affecte durement la cellule familiale et même son physique.
Quels risques encourent ces femmes en détresse suite à la perte de leur bébé ?
Cette situation peut conduire à la dépression, à la démence voire au suicide. Il y a des femmes qui se sont suicidées parce qu’elles ont enchainé les fausses couches. En général, elles sont stigmatisées, brimées par leur belle-famille ou leur propre famille. Souvent même le mari les abandonne pour d’autres femmes qui, elles, peuvent enfanter. C’est donc une problématique qui peut aller très loin. En créant cette communauté, nous voulons dire à ces femmes-là qu’elles ne sont pas seules dans leur épreuve. Voir que d’autres femmes sont aussi passées par l’épreuve qu’on traverse rassure qu’on n’est pas soi-même le problème, et que c’est peut-être un problème médical ou spirituel. En regardant le parcours d’une autre on peut donc arriver à se remettre vite de sa période de douleur. Et quand on est parvenu à déconstruire la culpabilité, la honte, la peur, on peut aisément aborder le sujet de la prochaine grossesse parce qu’on se sent forte mentalement.
Comment arrivez-vous à divulguer votre message et atteindre votre cible ?
Nous comptons sur vous les médias. Depuis le lancement des assises des Mam’anges, Fraternité Matin et beaucoup d’autres médias ont montré un certain intérêt à nos activités. Nous vous en remercions énormément. Nous nous servons aussi de notre page Facebook qui est beaucoup dynamique pour véhiculer nos messages. Nous l’utilisons pour briser le tabou sur ce sujet à travers de posts de sensibilisation, car ce caractère tabou ne fait pas avancer les choses. Nous utilisons tous nos autres réseaux sociaux et nos messageries pour se passer des messages et se fixer des rendez-vous. Et là, ce 28 octobre, l’Ong organise une activité dénommée la cohorte des Mam’anges où les trois pans de la santé à savoir le mental, la santé physique et la santé financière seront abordés. Une coach en développement personnel et mindset, une entrepreneure et une maquilleuse viendront nous entretenir. En fait, nos rencontres ne doivent pas servir uniquement à pleurer. Après les pleurs, il faut rechercher son autonomie financière, réveiller le lead qui est en chacune de nous et connaitre le succès. Nous sommes liées par la douleur mais pour un avenir meilleur.
Pensez-vous aux conjoints de ces Mam’anges ? Y a-t-il quelque chose prévue pour eux ?
Nous avons entamé ce projet par les émotions que nous connaissons mieux, à savoir celles des femmes. Mais, il y a aussi des papas de petits anges qui nous ont contactés pour nous faire part de leur besoin d’écoute, de thérapie. Nous avons déjà rencontré et échangé avec certains d’entre eux. Je peux donc vous dire que L’Ong Mam’anges connect pense aussi à eux et va bientôt se préparer à organiser les assises des papas d’anges après les assises des Mam’anges que nous allons organiser en novembre, à Cotonou.
Vos rencontres sont-elles assorties de recommandations à l’endroit des autorités étatiques ?
L’Etat devrait penser à recruter des psychologues d’Etat afin de soulager le maximum de patients qui ont besoin d’être écoutés. Payer une séance avec un psychologue n’est pas à la portée de tout le monde. Il faut donc des psychologues d’Etat dédiés à des centres de santé communautaires qui pourront aider ces femmes qui perdent leur bébé en couche et bien d’autres malades en payant un montant forfaitaire de consultation.
Entretien réalisé par FAUSTIN EHOUMAN