Éditorial d'Adama Koné/Développement : De la Chine à la Cedeao

Éditorial d'Adama Koné/Développement : De la Chine à la Cedeao

Le 20/11/23 à 08:52
modifié 20/11/23 à 10:07
En Côte d’Ivoire, la coopération avec la Chine est très visible. Elle va au-delà de la diplomatie pour prendre un visage concret. A preuve, certaines réalisations peuvent être passées en revue.

Le lycée d’excellence Alassane Ouattara de Grand-Bassam (Leao), l’hôtel des Parlementaires de Yamoussoukro, le palais de la culture de Treichville, le stade olympique d’Ebimpé, le barrage de Soubré, l’extension du Port autonome d’Abidjan pour ne prendre en compte que ces exemples.

De 2014 à 2017, les investissements et échanges commerciaux sino-ivoiriens s’élevaient à 935 milliards de FCfa. Dans ce montant, la part des entreprises chinoises dans les investissements privés en Côte d’Ivoire s’établissait à 200 milliards de FCfa. La Chine développe ses relations avec plusieurs pays d’Afrique. Elle a même une base militaire au Djibouti.

Mais, la Chine, depuis dix ans, c’est une nouvelle approche du développement. Malgré sa taille, en termes d’espace et de population (le cinquième de la population mondiale) qui font de l’empire du milieu un dragon sérieux face aux Occidentaux, le pays reste convaincu qu’il ne peut et ne doit se développer seul.

Le creuset de cette vision est l’initiative « La ceinture et la route », présentée au 18e congrès du Parti communiste chinois (Pcc) par le secrétaire général et Président de la République populaire de Chine, Xi Jinping.

A la lecture des cinq axes de succès que développe le géniteur de ce projet, que de similitudes avec les pratiques sous les tropiques. Il est clair que le développement n’est pas du prêt-à-porter. Mais, le développement a des principes.

Ils sont les mêmes partout et leur respect produit les mêmes effets. Comme dirait le cousin, 1+1=2 en Chine, 1+1=2 en Côte d’Ivoire, en France, aux États-Unis et partout dans le monde.

Pour mieux comprendre les ressemblances évoquées plus haut, nous allons considérer les espaces Union économique et monétaire ouest-africaine (Uemoa) et Communauté économique des États de l’Afrique de l’ouest (Cedeao).

La Cedeao se veut désormais une organisation qui a bien identifié sa cible. On parle de passer de la Cedeao des États à la Cedeao des peuples. Autrement dit, les populations doivent être au centre de toute action. Ce qu’évoque d’ailleurs Xi Jinping, lorsqu’il dit que les relations interétatiques sont portées par les liens amicaux entre les peuples. L’autre similitude entre l’initiative « La ceinture et la route » et les projets régionaux ouest-africains tient aux infrastructures.

Bien d’investisseurs sont regardants sur les conditions et l’environnement des affaires. Les infrastructures de transport sont considérées à ce niveau. La Côte d’Ivoire peut être comptée parmi les pays de la sous-région ayant réalisé des prouesses en la matière. Mais, il faut aller loin. Les économies doivent s’interconnecter par le déplacement des peuples et le convoyage des produits.

La route amène le développement. S’agissant de la Cedeao, des projets communautaires existent. Par exemple, l’autoroute Abidjan-Lagos. Elle doit traverser le Ghana, le Togo et le Bénin. L’autoroute Abidjan-Ouagadougou doit également favoriser les échanges sur cet autre axe.

Sur ces deux projets, la Côte d’Ivoire a pris une bonne longueur d’avance. Après Bassam, les bulldozers se déploient vers Bonoua. A la verticale, l’autoroute a déjà atteint Bouaké et la moitié nord du pays est l’objectif visé par les autorités ivoiriennes, pour atteindre la frontière avec le Burkina Faso. Ces équipements routiers sont un socle pour les échanges.

Xi Jinping, dans son analyse, fait du commerce un pilier important du développement. En Afrique, c’est un véritable défi. Le commerce intra-africain est faible. Les pays ont des économies extraverties. Des circuits économiques verticaux, orientés vers l’Occident et composés de matières premières agricoles, minières et minéralières.

Pourtant, les potentialités et les opportunités existent entre les pays. Il faut arriver à intéresser le marché de plus de 360 millions d’habitants pour la Cedeao et de plus de 123 millions de consommateurs de l’Uemoa. Des marchés forts qui soutiendraient les économies nationales. Toute chose que soutient le projet de la ceinture économique de la route de la soie.

Une économie forte permet de tenir une monnaie robuste. Si la pensée du Président chinois Xi Jinping est de faire en sorte que les monnaies des pays d’Asie aient une convertibilité sans entrave, en Afrique de l’ouest, la tendance est d’aller plus loin. Les Africains veulent une monnaie commune.

L’Uemoa, avec ses huit pays, est un bel exemple. Le Franc de la Communauté financière d’Afrique (FCfa) est une une réalité dont s’inspire la Cedeao. Les premières bases de cette monnaie commune sont jetées. Le nom de la monnaie est trouvé, l’Eco.

L’actualité est de trouver les critères de convergence pour rendre le projet de la monnaie unique réel. Toutes ces bonnes intentions, pour se développer, s’appuient sur des politiques coordonnées.

L’intégration économique, car c’est cela la finalité, commande que les États fassent des sacrifices. Et c’est un des grands défis de l’Afrique. Se départir de quelques petits pans de souveraineté au profit de l’intérêt communautaire. Le tout, pour le bonheur des peuples. C’est ce que Xi Jinping qualifie « d’intensification de la communication des politiques ».

Ne pas se laisser piéger par les divergences, mais élaborer des plans communs de développement, soutenus par des lois. C’est la promotion de la coopération régionale.


Le 20/11/23 à 08:52
modifié 20/11/23 à 10:07