N’ko Ambroise est un planteur ivoirien propriétaire d’une exploitation agricole de 50 hectares dans la sous-préfecture d’Azaguié où il cultive du cacao, du café, des agrumes, des arboretums (Parc consacré à la culture expérimentale d'arbres et autres).

La particularité de ce cacaoculteur, c’est qu’il commercialise ses fèves de cacao bio uniquement qu’à des chocolatiers (fabricant et vendeur des produits de chocolaterie et de confiserie comme des bonbons, des mousses au chocolat, etc.). En prélude à la Cop28 qui se tiendra du 30 novembre au 12 décembre 2023, à Dubaï, une délégation d’Expertise France a visité son exploitation, le 8 novembre 2023.

Lors de la visite guidée, N’ko Ambroise a fait savoir qu’au moment où le prix du kilogramme du cacao sur le plan national est fixé à 1000 FCfa, il vend ses fèves de cacao au prix minimum de 3000 FCfa le kilogramme. Parce que le cacao vendu à 1000 FCfa, est un cacao conventionnel, a-t-il expliqué. Alors que celui de sa plantation est bio. La différence entre ces deux fèves de cacao, à l’écouter, réside dans la façon de le cultiver, dans le choix des produits utilisés et dans le processus de fermentation après la cueillette des cabosses.

N’ko Ambroise a raconté que son cacao à lui, dans un premier temps, est cultivé en agroforesterie en raison de la présence des autres cultures. Puis, le travail sur son exploitation est fait manuellement sans intervention de la machinerie pour éviter l’impact carbone. « Nous n’utilisons pas de désherbage chimique puisque le glyphosate est interdit à 1000% dans notre exploitation. Je mets minimum 17 jours de la cueillette à la fève marchande sans compter le temps que vont prendre les décortiqueuses des fèves de cacao », a-t-il dit.

Puis d’ajouter : « Quand le chocolatier veut faire de la durabilité ou un commerce équitable, nous nous convenons sur un certain prix. Je ne commercialise pas seulement sur le marché local. Je suis également à l’international avec des chocolatiers suisses et autres qui donnent le prix qu’ils estiment être celui qu’on doit donner à un cacaoculteur, s’ils veulent continuer à recevoir des fèves de qualité ».

Les « saveurs de Agnéby-Tiassa », une marque de la plantation N'ko

Parmi les chocolatiers locaux qui s’approvisionnent depuis l’exploitation N’ko, figure Axel Emmanuel, le chocolatier ivoirien. Ce dernier a développé une marque de chocolat spéciale avec les fèves de cacao provenant de l'exploitation N’ko qu’il a baptisée les « saveurs de Agnéby-Tiassa », labellisée biologique en agroforesterie.

Sur son exploitation, N’ko Ambroise travaille en collaboration avec des femmes qui appartiennent au Programme Agneby. Une organisation agricole qui regroupe 1500 planteurs répartis dans deux sous-préfectures : Azaguié et Guessiguie. Ces femmes entrent en scène après le séchage du cacao. Elles s’occupent de débarrasser à la main, les fèves de cacao de leur coque après les avoir torréfiées (griller).

Cet ancien pilote, revenu à la terre il y a de cela 17 ans, initie des formations en bonnes pratiques agricoles, notamment sur l’agriculture durable, la biodiversité et l’agroforesterie pour la préservation du milieu dans lequel évolue le cacaoyer.

Il a par ailleurs remporté le prix de cacao d'excellence à "International Cocoa Awards" au Salon du Chocolat de Paris porte de Versailles.

« J’ai fait partie des 20 meilleurs fermenteurs de cacao au monde. Nous sommes en train de passer un accord avec l’Organisation des Nations unies pour l’agriculture et l’alimentation (Fao) qui va mettre sur le terrain cette année 300 hectares de cacao biologique que j’ai la charge d’encadrer. Mais également le programme d’investissement forestier mondial pour l’agroforesterie et la production du cacao zéro-déforestation, puisque nous avons la norme Arétine qui à l’horizon 2030 interdira tout cacao qui n’est pas fait sous agroforesterie d’entrer sur l’espace de l'Union européenne », nous a relaté N’ko Ambroise au nombre de ses projets futurs.

Danielle SERI (stagiaire)