Jean-Marc Yacé (candidat à la présidence du Pdci-Rda): "Nous promettons de continuer l’immense chantier de modernisation du Pdci-Rda"

Jean-Marc Yacé, candidat à la présidence du Pdci-Rda. (Ph: Dr)
Jean-Marc Yacé, candidat à la présidence du Pdci-Rda. (Ph: Dr)
Jean-Marc Yacé, candidat à la présidence du Pdci-Rda. (Ph: Dr)

Jean-Marc Yacé (candidat à la présidence du Pdci-Rda): "Nous promettons de continuer l’immense chantier de modernisation du Pdci-Rda"

Le 05/12/23 à 16:10
modifié 05/12/23 à 16:40
Le maire de Cocody, Jean-Marc Yacé, est candidat à la succession d'Henri Konan Bédié. Dans cette interview, il explique sa motivation.
Vous êtes en lice pour succéder au président Henri Konan Bédié. Qu’est-ce qui motive votre candidature ?

Je vous informe que je pars à cette élection avec l’âme meurtrie, la mort dans l’âme. Je n’ai vraiment pas souhaité me présenter à cette élection. J’aurais souhaité que le président Henri Konan Bédié soit encore vivant et qu’il continue de nous guider, de nous orienter. Malheureusement, le sort si cruel en a décidé autrement. J’en suis très triste. Je m’incline devant son illustre mémoire. J’ai travaillé avec lui, surtout dans ces derniers moments. L’homme d’État et l’homme politique qu’il était a apporté plusieurs réformes au Pdci-Rda qu’il n’a pas achevées. Nous promettons de continuer l’immense chantier de modernisation du Pdci-Rda dans le droit-fil de sa philosophie politique. Et je pense que c’est ensemble que nous allons continuer son œuvre. Pour sa mémoire, je m’engage dans la compétition électorale pour fructifier son héritage politique, conformément à ce que lui et moi nous nous sommes dit. Et surtout pour le travail qu’il m’avait confié pendant notre collaboration.

Quel est le travail que le président Henri Konan Bédié vous a confié ?

Je suis l’un des derniers vice-présidents qu’il a nommés avant son rappel à Dieu. Au niveau du comité politique, il m’a chargé de la coordination des élus du Pdci-Rda. Il m’avait instruit de voir comment je pouvais réorganiser les élus en vue de les motiver à demeurer ensemble au service du parti, et de trouver des stratégies en vue de faire du Pdci-Rda un parti fort.

Quelle est votre vision pour le Pdci-Rda ?

Mon premier objectif est de mener une restructuration profonde au sein de mon parti, le Pdci-Rda. Je souhaite renouveler les différentes instances et les responsabilités afin d’instaurer une autonomie financière, compte tenu du nombre important de militants. Cette autonomie est atteignable à condition que nous soyons bien organisés. Un manque d’organisation avait été constaté à un moment donné dans notre parti, entraînant une baisse de la participation financière de la base. Je suis convaincu qu’avec une organisation solide et une cotisation régulière, le Pdci peut parvenir à une autogestion financière. La clé réside dans une structure bien pensée et des mécanismes efficaces qui encouragent une contribution constante de la base. Cette restructuration vise à revitaliser la participation des membres en rétablissant la confiance et en démontrant l’impact positif de leurs contributions sur le fonctionnement autonome du parti. Mon ambition est également de réorganiser la jeunesse du parti, les femmes, les différentes sections et les délégations. Nous voulons un parti très bien organisé pour affronter les défis futurs.

Vous parlez souvent de touches nouvelles avec les nouvelles technologies de l’information. Que renferment tous ces groupes de mots ?

Il est primordial de prendre en compte que nous vivons à l’ère des Technologies de l’information et de la communication (Tic). Dans cette optique, ma stratégie consiste à intégrer pleinement notre parti dans le monde numérique en mettant les Tic au service de notre organisation. Une réorganisation dans ce sens est indispensable pour améliorer notre communication et assurer une transmission efficace des informations en temps réel. En parallèle, nous avons l’intention de mettre en place des programmes de formation pour nos militants. En effet, un militant bien formé est un atout, tandis qu’un manque de formation peut représenter un danger tant pour lui-même que pour son parti politique, et au-delà, pour son pays. Nous voulons que nos membres soient compétents dans l’utilisation des outils technologiques modernes, favorisant ainsi une participation active et éclairée dans les activités du parti. En somme, l’adoption des Tic et la formation des militants sont des piliers essentiels de notre vision stratégique pour l’avenir du Pdci-Rda.

Il se dit que vous êtes un phénomène de ville qui aura du mal à séduire les délégués de l’intérieur du pays ?

Moi, un phénomène de ville? C’est vrai que je suis né en ville mais je viens quand même d’un village où j’ai toujours été depuis mon enfance, et jusqu’à présent. De plus, mes parents ne se sont jamais détachés de leur village. C’est ce qu’ils nous ont inculqué dans notre éducation. Ne jamais se couper de ses racines. Ceux qui le disent oublient que j’ai fait 17 ans dans l’armée ivoirienne et que j’étais pendant 17 ans dans les villes de l’intérieur du pays. Par ailleurs, en m’engageant officiellement au Pdci-Rda, j’ai été un émissaire du parti et du président du Pdci-Rda dans les villes et villages de notre pays. Le président Henri Konan Bédié m’a confié des missions où je suis allé rencontrer plusieurs secrétaires de section à l’intérieur du pays. Je connais l’intérieur de la Côte d’Ivoire. Ainsi, l’étiquette de phénomène de ville ne saurait me définir. En tant que planteur, mes pas me portent fréquemment à l’intérieur du pays. En effet, je suis le pionnier de la culture de bananes bio dans le Nord, une région habituellement étrangère à cette pratique alors que la majorité des plantations de bananes se trouvent dans le Sud. Mon amour pour l’excellence se manifeste également dans mes activités agricoles. Quant à la campagne électorale, je m’abstiens tant que la liste des candidats du Pdci-Rda n’est pas rendue publique par le comité électoral. Cependant, j’ai déjà rencontré plusieurs délégations et sections, déléguant des membres de mon état-major, dirigé par Ange Dagaret-Dassaud, membre du bureau politique et délégué communal. Ces émissaires parcourent actuellement toute la Côte d’Ivoire, sensibilisant les militants aux raisons de ma candidature et partageant ma vision ainsi que les objectifs que je souhaite atteindre pour le parti.

Si vous êtes président du Pdci, garderez-vous la règle non écrite qui veut que le président du parti soit naturellement le candidat à l’élection présidentielle ?

Il n’a jamais été écrit dans les textes de mon parti que le président du parti doit être désigné candidat à l’élection présidentielle. Il y avait une évidence, c’était le Président Félix Houphouët Boigny ; personne ne pouvait discuter. Le président Bédié a continué cette tradition. Les textes du parti ne disent pas qu’obligatoirement le président du parti soit le candidat désigné à la présidentielle. Le parti a des compétences internes ; nous organiserons la convention pour choisir notre candidat à la présidentielle. À cette rencontre, nous allons désigner le candidat qui va aller nous représenter simplement. Je n’ai pas de problème à cela.

Si Jean-Marc Yacé est élu, peut-il aller à la convention ?

Pour le moment, je suis un candidat déclaré à la présidence du Pdci-Rda.
Il y a des brouillements au sein de votre parti. On est même au stade des invectives. Le congrès extraordinaire ne va-t-il pas être le lieu d’un combat de boxe ?

Si les élections étaient un combat de taekwondo, certaines personnes pourraient bien être en difficulté (rires). Cependant, le Pdci-Rda demeure un parti de paix, ancré dans la tradition du dialogue, conformément aux conseils du président Félix Houphouët-Boigny : «Le dialogue, l’arme des forts.» Bien que certains militants puissent exprimer des opinions divergentes, notre parti ne cultive pas une culture de violence. Il est essentiel de souligner l’existence d’un comité de conciliation et de recherche de consensus, formé dans le but de promouvoir la paix, l’unité, l’union et la cohésion au sein de notre parti. Bien sûr, les aspirations à occuper des postes sont présentes chez chacun. Cependant, la question centrale est de savoir comment travailler ensemble, conformément à l’enseignement du président Houphouët qui, dans ses derniers instants, a déclaré : «Je ne laisse pas un homme fort, je laisse une équipe forte.» Mon plaidoyer va en faveur d’une équipe solide, capable de diriger le parti et éventuellement le pays, tout en maintenant une vision commune basée sur la paix et l’unité.

Que pensez-vous du consensus ?

Le consensus dans une famille politique est une excellente chose. Il participe à la sauvegarde de l’union et de l’unité. Je ne suis pas contre le consensus, si les arguments sont valables. Je suis ouvert. Je garde les conditions secrètes qui peuvent me permettre d’accepter le consensus. Nous voulons l’unité du parti. Nous voulons que notre parti soit fort.

Si d’ici le 16 décembre, il n’y a pas de consensus, qu’est-ce qui se passera ?

La décision ultime appartiendra aux doyens du parti. Le Pdci maintiendra son engagement en tant que parti de paix, et nous prendrons nos décisions dans ce cadre. L’élément central demeure la préservation de l’unité du Pdci. Il est crucial que tous les militants comprennent que des opinions divergentes peuvent exister, mais l’unité au sein du Pdci-Rda demeure primordiale. Nous devons demeurer fidèles à l’idéologie du parti, axée sur l’union, la discipline et la paix. Il est nécessaire que chacun comprenne que malgré nos idées parfois opposées, nous partageons tous une appartenance commune au Pdci-Rda. En restant unis et en maintenant notre engagement envers un Pdci fort, nous renforcerons non seulement notre position collective, mais nous progresserons également ensemble. L’individualité peut apporter la compétence, mais l’unité est la clé pour aller loin. Nous appelons à la mise de côté de l’orgueil, prônons l’humilité et rappelons-nous que notre objectif est de servir le parti dans la paix, suivant les conseils du Président Félix Houphouët-Boigny. Le président Bédié a toujours plaidé en faveur du rassemblement, et nous aspirons à avoir un guide qui nous oriente vers la cohésion.Au sein de notre parti, nous ne sommes pas en guerre les uns contre les autres, et cela doit rester au cœur de notre perspective.

Interview réalisée par


Le 05/12/23 à 16:10
modifié 05/12/23 à 16:40