Électricité : Une Can sans courant au quartier Vidange ?
La dégradation très prononcée de l’unique voie principale du Dokui-Olympe ou Dokui-Extension 2, plus connu sous le nom de ‘’ Quartier Vidange ‘’ – tiré de la station de traitement des boues de vidange en face de l’entrée de l’agglomération – n’est plus la seule raison qui fait de cette zone d’habitation de la commune d’Abobo, un enfer. Depuis que le transformateur électrique qui dessert le quartier à pris feu quelques semaines avant la fin de l'année 2023, le calvaire des populations est quasi-quotidien. Le transformateur mobile mis à disposition ne suffit pas et il ne se passe un seul jour sans que les habitants soient privés d’électricité durant des heures, toutes les nuits... Le rythme des délestages est aux antipodes de la forte réduction du temps de coupure observé depuis plusieurs années maintenant.
C’est donc amer que Charles Kambou, comptable en chef d’une entreprise publique, dénonce le 4 janvier 2024, « la légèreté avec laquelle le problème est géré ». Parce qu’il n’admet pas qu’en plus d’être « royalement ignorés » relativement à la voirie, les populations soient obligées de subir ces coupures intempestives de courant. « Même si nous ne pouvons pas suivre la Can à la télévision pour nous qui somment obligés d’aller travailler, nous avons le droit de pouvoir dormir au moins après une journée de travail », lâche-t-il.
Son ami, Soro Moussa, homme d’affaires, avec qui il dit « prendre de l’air du fait de la chaleur dans son appartement », a déjà entrepris des démarches pour quitter le quartier. Parce qu’il est pessimiste quant à une amélioration des infrastructures. Il dit avoir trouvé son « bonheur », à Cocody. Un appartement moins spacieux que celui qu’il occupe actuellement, mais « situé dans une zone où il n’y a quasiment jamais de délestage ».
Quelques mètres plus loin, un groupe d’une douzaine de femmes au bas d’un immeuble – pratiquement toutes en soutien-gorge – exprime son amertume contre la Compagnie ivoirienne d’électricité (Cie), le gouvernement et la mairie. Celle qui tient la lampe qui éclaire ce petit monde de lancer à tue-tête : « Donc, à cause de la Can, on ne peut plus dormir ? ». S’adresse-t-elle aux agents de la Cie qui s’affairent autour du local abritant le transformateur quelques dizaines de mètres plus loin?
...tout le quartier dehors...
Lorsque nous arrivons à hauteur des techniciens du courant, nous constatons que la zone est noire de monde. Les habitants sont sortis de leurs appartements comme pour leur faire comprendre que personne n’ira dormir tant que le problème n’est pas réglé.
Quand nous demandons à Aïcha Coulibaly, tenancière de restaurant, pourquoi elle ne rentre pas chez elle le temps que les techniciens finissent le boulot, elle dit n’avoir aucune confiance dans une suite heureuse « si personne ne reste pour leur mettre la pression ». « Quand ils viennent nous couper le courant parce qu’on a pas payé, il ne nous laisse pas de répit. Pourquoi nous devrions leur en laisser quand il ne font pas leur travail ? », demande-t-elle, très énervée. !
Son époux, Charles est plus calme, mais pas moins en colère. Et se demande : « Quand je pense à la capacité de production d’électricité installée qui a été multipliée par trois ou quatre depuis bientôt 5 ans, je me demande comment nous faisons pour que les investissements - avec les constantes augmentations de prix du kwh – n’arrivent pas à faire en sorte que ce type de coupure prolongée et intempestive ne soient plus vécues en Côte d’Ivoire ».
Lorsque l’électricité est rétablie au milieu de la nuit – pour quelques heures – les populations se dispersent non sans « remercier la Cie d’avoir gâcher toute une nuit de repos, alors qu’il faudra se rendre au travail dans moins de 5 heures », comme relevé par Mamadou Soumahoro, un médecin.
Au même moment, c’est de son balcon qu’un habitant lance une mise en garde : « Vous allez venir me trouver ici pour me remettre la facture... ! ».