Gouvernance : « Sans données, nous avançons à l’aveuglette » (Mo Ibrahim)

Mo Ibrahim.

Gouvernance : « Sans données, nous avançons à l’aveuglette » (Mo Ibrahim)

Le 08/02/24 à 15:59
modifié 09/02/24 à 15:09
L’homme d’affaires, Mo Ibrahim, fondateur et président de la fondation éponyme, a souligné le 29 janvier 2024, une forte corrélation entre la qualité des données et l’efficacité de la gouvernance.

C’était à la faveur de la présentation du Rapport 2023 sur l’Indice Ibrahim de la gouvernance en Afrique (Iiag) à Accra au Ghana, selon un communiqué de presse de l'institution.


« Sans données, nous avançons à l’aveuglette : les politiques sont mal ciblées et les progrès chaotiques. Si nous souhaitons vraiment ne laisser personne de côté, nous devons agir de toute urgence pour combler l’insuffisance de données en Afrique. Les données sont essentielles à la réalisation de l’Agenda 2063 de l’Union africaine et des objectifs de développement durable des Nations unies. Je pense depuis longtemps que le Programme 2030 des Nations unies aurait dû comporter un ODD 0 qui se serait intitulé "Des données fiables au service de la gouvernance" », a déclaré Mo Ibrahim.

Intitulé "Le pouvoir des données au service de la gouvernance : combler les lacunes en matière de données pour accélérer la transformation de l’Afrique", le Rapport 2023 indique : « dans 14 pays africains, le dernier recensement de la population date d’avant 2010. Seuls trois pays africains disposent d’un système d’enregistrement des décès qui recense au moins 90 % des décès. Alors que l’ODD 1 appelle à l’éradication de l’extrême pauvreté d’ici à 2030, seuls cinq pays africains disposent de données sur la proportion de la population vivant sous le seuil de pauvreté pour la période 2019-2022 ».

Du renforcement de la production statistique

Des domaines en progression comme les infrastructures de santé, l’économie informelle, l’environnement, la violence à l’égard des femmes, le travail des enfants ou les flux financiers illicites enregistre un manque criard de données selon l’étude. Ce, dans un contexte ou le sous-financement des systèmes statistiques demeure une difficulté majeure à l’échelle mondiale, ces derniers ne recevant que 0,34 % du total de l’aide publique au développement (Apd), selon les experts de la fondation Mo Ibrahim.

En Afrique, l’Apd allouée aux données et aux statistiques a presque diminué de moitié entre 2018 et 2021, précisent-ils.


Outre l’investissement dans les données, le rapport indique des pistes essentielles pour renforcer l’impact des données et accélérer le développement sur le continent.

Il s’agit notamment d’assurer l’indépendance des instituts nationaux de statistique, d’exploiter d’autres sources de données telles que les données produites par les citoyens et les données des entreprises privées, et de tirer parti de technologies nouvelles telles que l’intelligence artificielle.


Le 08/02/24 à 15:59
modifié 09/02/24 à 15:09