Côte d’Ivoire : « La société civile ivoirienne est un embryon qui peut se transformer…», selon un homme de droit
Lors de la traditionnelle présentation de vœux de nouvel an, du bureau Konrad-Adenauer-Stiftung à Abidjan, le 5 février 2024 au siège de ladite structure, à Cocody, Séraphin Néné Bi, Professeur de droit à l’Université Alassane Ouattara de Bouaké a accordé trois (3) questions à Fratmat.info. Dans cet entretien, le directeur du Centre Africain d'Histoire du Droit, des Institutions et des Idées Politiques s’est prononcé sur la situation de la société civile en Côte d’Ivoire.
Quelle est le rôle d’une société civile ?
La société civile doit jouer son rôle d’observatrice des actions du politique et apporter son appréciation positive ou négative. Elle doit lutter pour le bien commun, l’intérêt de la société globale. Par conséquent, elle a obligation puisque les constantes de la démocratie sont liberté et égalité. Elle doit pouvoir vérifier si chaque action, finance et décision du gouvernement ou des décideurs est conforme à ces piliers de la démocratie. Vérifier s’il y a un gap ou si c’est normal.
Pensez-vous que la Société civile ivoirienne, est-elle forte ?
Pour découvrir si la société civile ivoirienne est forte ou pas, c’est de savoir quelle est la note qu’on pourrait donner à la démocratie en Côte d’Ivoire. Sommes-nous vraiment dans un Etat démocratique ou en voie de démocratisation ? C’est à partir de là qu’on pourra apprécier l’action d’une société civile. En Côte d'Ivoire, la corruption est endémique vu le rapport de la Cour des comptes, vu ce qui se présente au ministère de l’Urbanisme sur la question des 100 milliards, vu quelques scandales financiers qui se présentent. Nous nous interrogeons de savoir est-ce que nous avons une société civile ? Est-ce qu’il existe véritablement des consommateurs qui peuvent influer sur le gouvernement ? Peuvent-ils fléchir ? Est-ce que les consommateurs sont consultés quand le gouvernement prend une décision ou lorsqu’il entend prendre une décision ?
Comparée à des sociétés civiles de la sous-région, celle de la Côte d’Ivoire est-elle en retard ?
La question d’avance ou de retard est relative par rapport à la société elle-même. Que veut la Côte d’Ivoire elle-même ? Quel est son ressort ? Chaque pays a la société civile qu’elle mérite. Donc l’on ne peut pas faire de comparaison véritablement avec les autres sociétés civiles. Mais toutes les institutions sont là, et nous les copions. Nous avons les mêmes institutions presque dans tous les Etats francophones, mais au finish comment cela marche ? Quel est le résultat ? Malheureusement, personne ne rend compte. On met quelqu’un, ensuite, on le dégomme, l’on ne sait pas ce qui se passe. On légifère par ordonnance et pourtant, on est ultra majoritaire à l’Assemblée. On ne sait pas pourquoi...Ce sont à toutes ces préoccupations qu’il faut répondre.
La société ivoirienne, a-t-elle du coffre pour atteindre le niveau que vous espérez et jouez pleinement son rôle ?
Il faut, à un moment donné, avoir une masse critique. Avoir une personne ou deux, c'est bien, mais une masse critique serait meilleure. Il faut un bout de personnes suffisamment outillées pour qu’on puisse arriver à cela. Pour l’heure, la société civile ivoirienne est un embryon qui peut se transformer petit à petit jusqu’à ce qu’il y ait un enfantement avec un enfant vivant et viable. Une société civile, forte qui peut nous accompagner, c’est possible, mais il y a beaucoup de chemin à faire.
La société civile doit jouer son rôle d’observatrice des actions du politique et apporter son appréciation positive ou négative. Elle doit lutter pour le bien commun, l’intérêt de la société globale. Par conséquent, elle a obligation puisque les constantes de la démocratie sont liberté et égalité. Elle doit pouvoir vérifier si chaque action, finance et décision du gouvernement ou des décideurs est conforme à ces piliers de la démocratie. Vérifier s’il y a un gap ou si c’est normal.
Pensez-vous que la Société civile ivoirienne, est-elle forte ?
Pour découvrir si la société civile ivoirienne est forte ou pas, c’est de savoir quelle est la note qu’on pourrait donner à la démocratie en Côte d’Ivoire. Sommes-nous vraiment dans un Etat démocratique ou en voie de démocratisation ? C’est à partir de là qu’on pourra apprécier l’action d’une société civile. En Côte d'Ivoire, la corruption est endémique vu le rapport de la Cour des comptes, vu ce qui se présente au ministère de l’Urbanisme sur la question des 100 milliards, vu quelques scandales financiers qui se présentent. Nous nous interrogeons de savoir est-ce que nous avons une société civile ? Est-ce qu’il existe véritablement des consommateurs qui peuvent influer sur le gouvernement ? Peuvent-ils fléchir ? Est-ce que les consommateurs sont consultés quand le gouvernement prend une décision ou lorsqu’il entend prendre une décision ?
Comparée à des sociétés civiles de la sous-région, celle de la Côte d’Ivoire est-elle en retard ?
La question d’avance ou de retard est relative par rapport à la société elle-même. Que veut la Côte d’Ivoire elle-même ? Quel est son ressort ? Chaque pays a la société civile qu’elle mérite. Donc l’on ne peut pas faire de comparaison véritablement avec les autres sociétés civiles. Mais toutes les institutions sont là, et nous les copions. Nous avons les mêmes institutions presque dans tous les Etats francophones, mais au finish comment cela marche ? Quel est le résultat ? Malheureusement, personne ne rend compte. On met quelqu’un, ensuite, on le dégomme, l’on ne sait pas ce qui se passe. On légifère par ordonnance et pourtant, on est ultra majoritaire à l’Assemblée. On ne sait pas pourquoi...Ce sont à toutes ces préoccupations qu’il faut répondre.
La société ivoirienne, a-t-elle du coffre pour atteindre le niveau que vous espérez et jouez pleinement son rôle ?
Il faut, à un moment donné, avoir une masse critique. Avoir une personne ou deux, c'est bien, mais une masse critique serait meilleure. Il faut un bout de personnes suffisamment outillées pour qu’on puisse arriver à cela. Pour l’heure, la société civile ivoirienne est un embryon qui peut se transformer petit à petit jusqu’à ce qu’il y ait un enfantement avec un enfant vivant et viable. Une société civile, forte qui peut nous accompagner, c’est possible, mais il y a beaucoup de chemin à faire.