Mali : Les journalistes résistent à la junte

La Maison de la presse à Bamako. (Ph: Dr)
La Maison de la presse à Bamako. (Ph: Dr)
La Maison de la presse à Bamako. (Ph: Dr)

Mali : Les journalistes résistent à la junte

Le 11/04/24 à 21:22
modifié 12/04/24 à 09:58
Dans un communiqué publié par son président, Bandiougou Danté, la Maison de la presse demande aux médias de ne pas respecter l'interdiction de couvrir les activités des partis et associations politiques.

La Maison de la presse indique avoir été surprise de voir sur les réseaux sociaux, un communiqué de la Haute autorité de la communication (Hac) invitant les médias (radios, télévisions, journaux écrits et en ligne) « à arrêter toute diffusion et publication des actualités des partis politiques et des activités à caractère politique des associations ».

C’est donc un bras de fer qui commence entre les journalistes et la junte. « Après concertation des organisations faîtières réunies ce jour jeudi 11 avril 2024, à son siège, la Maison de la presse rejette purement et simplement ce texte sans fondement juridique de la Hac », précise le communiqué.


Mieux, « la Maison de la presse appelle l’ensemble de la presse malienne à ne pas se soumettre aux injonctions de la Hac et invite les médias à rester debout, unis et mobilisés pour la défense du droit du citoyen à l’information », peut-on lire. Soucieux de garder la main et de protéger leur indépendance, les journalistes contre-attaquent. « La Maison de la presse se réserve le droit de mener toute action pour le respect de la liberté de la presse au Mali », font-ils savoir.

Ce face-à-face entre la Maison de la presse et la Hac intervient dans un contexte de durcissement de la politique gouvernementale à l’endroit de toutes les voies divergentes. Notamment, la dissolution récente de l’Association des élèves et étudiants du Mali (Aeem) et de la Coalition des mouvements de soutien à l’imam Mahamoud Dicko, pourfendeur du régime en place et ancien allié du Premier ministre, Choguel Kokalla Maïga. Les deux hommes s’étaient coalisés pour faire chuter le pouvoir de l’ex-Président Ibrahim Boubacar Keïta, décédé le 12 janvier 2022 à Bamako.

Quant au guide religieux, il est en exil en Algérie où il s’était rendu pour des soins médicaux. Il est d’ailleurs contraint de demander l’asile dans ce pays, puisqu’il est désormais persona non grata au Mali. Son ancien allié le considère désormais comme un obstacle à l’action gouvernementale et à la politique de sécurisation du pays.


D’aucuns pensent que cette volonté de la junte de museler l’opposition et la société civile non alliée émane de la pression née des difficultés économiques en général et de la crise énergétique en particulier. Mais également de la difficulté qu’ont les militaires à venir à bout des groupes armés qui pullulent dans la partie septentrionale du Mali. Et les Maliens semblent appréhender l’avenir avec davantage de difficultés, parce que le pays – en collaboration avec le Burkina Faso et le Niger – a décidé de quitter la Cedeao. Les restrictions communautaires dont seraient l’objet les populations poussent des Maliens à tirer la sonnette d’alarme.

Surtout que le Premier ministre, Choguel Kokalla Maïga a publiquement déclaré la volonté des militaires de reléguer le retour à l’ordre constitutionnel au second plan. Il n’y aura donc pas d’élection sans la sécurisation de l’ensemble du territoire national.


Le 11/04/24 à 21:22
modifié 12/04/24 à 09:58