Deux faits ont fortement marqué l’actualité de la semaine qui s’écoule. Le premier, c’est l’hommage pluriel à l’ancien Président Henri Konan Bédié, successeur de Félix Houphouët-Boigny à la tête de l’État et du Pdci-Rda. Il a essayé tant bien que mal de marcher dans les pas du père de la nation, en maintenant allumé le flambeau de la paix et en poursuivant l’œuvre de construction avec son projet des 10 sentiers du futur et des 12 travaux de l’Éléphant d’Afrique.

Le deuxième, c’est la grande victoire du petit Krécoum Loevan Niels Samuel-Marie. Il est revenu du Canada avec le trophée du concours international de dictée organisé par la Fondation Pierre Gérin-Lajoie. C’est une performance à saluer et la preuve qu’il ne faut pas désespérer. Il y a encore de la bonne graine dans le pays. Il faut rappeler que la Côte d’Ivoire a toujours su tirer son épingle du jeu dans ce concours de dictée. En 2022, Haïdara Ben Becaye Ryad Moctar, en classe de Cm1 et ses deux petits amis avaient terminé parmi les dix premiers. Lire aussi: Tidjane Thiam dressant le portrait de Bédié : « Il n’était pas austère, c’était quelqu’un de discret, d’intensément privé »

Le 1er août 2023, c’est avec stupeur que les Ivoiriens apprennent le décès du Président Henri Konan Bédié. Décès soudain, il faut le dire, et précoce pour nous, malgré son âge. Il avait 89 ans. C’est vrai, on peut affirmer et écrire qu’il a vécu pleinement sa vie. Il a gravi les échelons rapidement grâce à son esprit vif et à une grande intelligence. Il a été fait, lorsque l’on regarde son cursus scolaire et universitaire, pour être un meneur d’hommes. D’aucuns avaient mal compris sa célèbre phrase : ‘’Ce sont mes suiveurs’’. Henri Konan Bédié, un tantinet espiègle, s’était déjà posé comme un leader au lycée. Relisons ensemble quelques parties de l’excellente contribution du Prof. Frédéric Grah Mel parue dans Fraternité Matin du 22 mai 2024.

Reprenant le témoignage d’un contemporain de HKB, en l’occurrence, Mory Doumbia, premier proviseur du lycée classique d’Abidjan, il écrit : ‘’Si on l’appelait l’Empereur, explique Mory Doumbia, c’était tout simplement parce qu’il se faisait passer pour Napoléon. Il adorait poser sa main sur sa poitrine, le torse bombé et parader dans une allure altière qu’on tenait pour napoléonienne’’. C’est tout à fait normal qu’un leader ait des personnes et beaucoup de personnes qui le suivent. Et Bédié peut aujourd’hui, à l’heure du bilan de sa vie, être fier d’avoir mené de nombreux Ivoiriens sur le chemin de la réussite. Et épargné une catastrophe à la Côte d’Ivoire. En décembre 1999, quand il a quitté, sous la menace des armes, le pouvoir, il a sauvé le pays. Il aurait pu engager le combat, mais combien de morts aurions-nous déplorés ? Il peut être fier d’avoir rassemblé toute la Côte d’Ivoire.

Ce que nous devons retenir, c’est que notre adversité politique ne doit en aucun cas se transformer en animosité. Maintenant, il reste à son parti de démontrer que Bédié est parti, mais qu’il n’est pas mort. Le Japonais Eichiro Oda disait à cet effet :’’Quand croyez-vous qu’un homme meurt ? Quand il se prend une balle en plein cœur ? Non ! Quand il est atteint d’une maladie incurable ? Non ! Quand il a avalé une soupe de champignons vénéneux ? Non ! Un homme meurt lorsque son souvenir tombe dans l’oubli ‘’. Nous n’entendrons plus les saillies de cet homme au langage châtié, mais que jamais, son souvenir ne tombe dans l’oubli. Et nous espérons que les futures générations, parmi lesquelles Krécoum Loevan Niels Samuel-Marie, notre champion, notre roi en dictée, reprendront le flambeau de l’amour des belles lettres.

Au carrefour de la civilisation universelle, il est impérieux que nous soyons présents avec des têtes bien faites et bien pleines. L’année 2023 était celle de la jeunesse. De façon implicite, elle se poursuit en 2024. Il faut aller plus loin dans les actions en faveur des jeunes, notamment en matière de formation. C’est avec la connaissance que nous arriverons à assurer notre présence au rendez-vous du donner et du recevoir. Demain se prépare aujourd’hui. Soyons donc, nous les hommes d’aujourd’hui, des modèles pour nos successeurs, demain. Inculquons-leur les valeurs qui font naître de vrais hommes et qui façonnent un pays. Bonne fête des Mères à toutes les femmes du monde. Prions pour toutes celles que Dieu a déjà rappelées. Pax et bonum ! Paix et bien !.