Protection des données à caractère personnel/Commissaire Marcellin Dougba, directeur de la PLCC: "Fouiller le téléphone de son conjoint est un vol de données"

Les experts ont longuement expliqué la gestion des données à caractère personnel. (Ph: Dr)
Les experts ont longuement expliqué la gestion des données à caractère personnel. (Ph: Dr)
Les experts ont longuement expliqué la gestion des données à caractère personnel. (Ph: Dr)

Protection des données à caractère personnel/Commissaire Marcellin Dougba, directeur de la PLCC: "Fouiller le téléphone de son conjoint est un vol de données"

Le processus de transformation digitale que connaît la Côte d’Ivoire, et qui se caractérise par la dématérialisation des données, ne se fait pas sans risque.

En effet, les populations pas suffisamment informées des subtilités de ce processus sont soit victimes, soit se rendent elles-mêmes coupables de cyberactivité. C’est pour échanger sur cette problématique qu’un opérateur de téléphonie mobile a organisé le 14 décembre 2024, à son siège à Cocody Riviera Golf, une journée d’échange, de partage mais surtout de sensibilisation à l’intention des populations.

Baptisée “Data Privacy Day”, cette journée de sensibilisation a été articulée autour d’un panel dont le thème était "La transformation numérique : Innover tout en protégeant les données personnelles".

Invité sur le plateau, Commissaire Marcellin Dougba, directeur de la Police de lutte contre la cybercriminalité (Plcc), a rappelé quelques dispositions de la loi sur la cybercriminalité.

Selon lui, la loi sur la cybercriminalité qualifie de vol de données le fait pour toute personne d’introduire un dispositif à l’intérieur d’un équipement et d’en copier des données. Est aussi qualifié de vol le fait pour toute personne d’accéder à un équipement, et aussi de prendre connaissance du contenu d’un équipement. « Par exemple, une conjointe qui fouille le téléphone de son mari pour prendre connaissance de son contenu se rend coupable de vol de données à caractère personnel ; c’est une violation de son intimité », a tranché l’officier de police scientifique.

Affirmation qui n’a pas manqué de soulever un tollé dans le douillet auditorium de l’entreprise. A propos des types d’attaques qui sont régulièrement signalés à la Plcc, en ce qui concerne la violation des données, l’officier a indiqué que le top 5 ce sont l’usurpation de compte ; les cas d’accès frauduleux ; sextorsion (qui occupe le quart des plaintes) ; spoliation de compte et le phishing.

Régis Zagbadi, Data Protection Officer, Risk et Compliance Officer à Orange Côte d’Ivoire, s’est longuement étendu sur la gouvernance des données en Côte d’Ivoire.

Selon lui, le nœud gordien de la protection des données, l’élément central dans la transformation numérique, c’est bel et bien la politique de gouvernance des données. Malheureusement, selon le spécialiste, ce point capital dans la protection des données ne vaut pas tripette pour nombre d’entreprises.

« Quand vous mettez en place une structure de collecte des données, il faut veiller à ce que vous ayez une charte de protection des données, une politique de confidentialité. L’un des points d’achoppement entre le régulateur et les structures de gestion de données, c’est qu’il n’y a pas de gouvernance, pas de cadre, pas de politique », a-t-il déploré. Non sans saluer son employeur qui a l’une des meilleures politiques de gouvernance des données à caractère personnel.

Les échanges ont permis au public de saisir toute la délicatesse de la gestion des données à caractère personnel et d’être plus à même de bien les gérer pour sa propre sécurité.

Myriam Kadjo Morokro, secrétaire général d'Orange Côte d'Ivoire, a salué les experts pour les éclairages, ainsi que l’initiative de cette journée de sensibilisation qui a mis en exergue les défis liés au développement technologique. Notamment le respect de la confidentialité et la préservation des informations sensibles des individus.

Firmin NDri Bonfils