Musique : Himra, le roi de la drill ivoire

Himra, la nouvelle étoile montante du Rap ivoirien. (Ph: Dr)
Himra, la nouvelle étoile montante du Rap ivoirien. (Ph: Dr)
Himra, la nouvelle étoile montante du Rap ivoirien. (Ph: Dr)

Musique : Himra, le roi de la drill ivoire

Par (RFI)
Le 24/12/24 à 09:26
modifié 24/12/24 à 09:39
Avec son nouvel album Jeune et riche, sorti en juillet dernier, Himra confirme son statut d’étoile montante de la musique ivoirienne et de pionnier de la drill dans le pays. Le rappeur est parvenu à importer ce genre de Chicago et à le cuisiner à la sauce nouchi, cet argot de la jeunesse abidjanaise. Le succès est au rendez-vous.

On ne voit pas souvent un centre commercial refuser du monde. C’est pourtant ce qui s’est produit le 30 novembre dernier à Cosmos, une galerie marchande du quartier populaire de Yopougon, prise d’assaut pour la séance de dédicace du dernier album de Himra. Une foule de jeunes, voire très jeunes fans, surexcités de rencontrer leur idole, a rapidement débordé la sécurité de l’établissement qui a fini par déplacer l’événement dans le parking, où la dédicace a viré au showcase.

Les derniers hits de l’artiste sont joués depuis le camion publicitaire d’Orange Côte d’Ivoire, son sponsor, et repris en chœur par les fans qui en connaissent les paroles jusqu’aux moindres onomatopées. « Coulibaly & Diabaté », « Inch’allah », « Vêtements », « Banger » et « Cadeau » en featuring avec le rappeur français d'origine ivoirienne La Mano...

Du côté de DJ Arafat

Casquette sur ses dreadlocks, chaîne XXL au cou avec le pendentif « 1X » (se lit une fois) et signe de ralliement comme dans le gangsta rap américain, Himra harangue les spectateurs et plaisante : « Vous m'avez menti, je venais pour une séance dédicace et c’est devenu un concert ! ». La foule est hystérique. Des scènes de chaos et d’euphorie qu’on avait perdu l’habitude de voir, en Côte d’Ivoire, depuis la mort de DJ Arafat en 2019.

Les observateurs de la scène musicale ivoirienne sont d’ailleurs nombreux à avoir dressé le parallèle. « Il y a un effet Himra, comme il y avait un effet Arafat, affirme la poétesse et slameuse Aminata Bamba, dite Amee. Ils pratiquent des genres musicaux différents, mais leurs auras sont similaires en ce qu’ils endossent un personnage de ‘bad boy’, de guerrier. » « On s’ennuyait depuis le départ d’Arafat, s’est exclamée la propre mère de DJ Arafat, l’ancienne star ivoirienne Tina Glamour, sur son compte Facebook. Dieu merci, tu es arrivé ! »

Cette dernière a félicité Himra pour sa réussite à l’occasion de la sortie, le 29 novembre, du clip de « Yorobo Drill Acte 3 » où il rendait un hommage appuyé au roi du coupé-décalé et à son surnom « Yorobo ».

Une filiation totalement assumée par le rappeur de 26 ans. « Le jour de la mort de DJ Arafat [qui s’est tué dans un accident de moto le 12 août 2019 à Abidjan], j’ai fait un rêve où il me disait ‘Lève-toi et va travailler’, a-t-il raconté à la télévision. D’ailleurs, il m’a confié de son vivant qu’il se retrouvait en moi. Nous partagions certaines valeurs et un esprit similaire. Il voyait en moi une énergie qui résonnait avec la sienne. »

Ainsi, pourrait-on ajouter, que la capacité à mobiliser une énorme fanbase chez la jeunesse ivoirienne, qui l'a surnommé le « Chetté », le diminutif de « machette », pour son personnage de chef de guerre qu'il incarne pour ses fans. Ce surnom lui a été attribué en référence à une autre star du coupé-décalé, S.Kelly.

À l’exception de certains codes et gimmicks qu’elle lui emprunte, la musique de Himra a pourtant su se distinguer du coupé-décalé originel comme du rap Ivoire - mélange de rap, de coupé décalé et musique urbaine ivoirienne -. Lui a fait le pari d’aller chercher ses influences outre-Atlantique pour s’approprier le genre ultra-codifié de la drill, apparu à Chicago dans les années 2010 et popularisé à partir de 2020 par le tube « Dior » du rappeur américain Pop Smoke.

La drill évoque, comme sa cousine la trap, la violence de la rue, la drogue et l’argent, mais s’en écarte par un rythme irrégulier et plus rapide, avec un tempo à 140 BPM. « Himra est le meilleur driller de la Côte d’Ivoire, salue Ozone Afrikbamba, animateur radio et télévision spécialisé dans la culture hip hop et producteur de rap. On peut même dire qu’il a accaparé ce style. Il a su amener une proposition musicale inédite sur une scène en quête de nouvelles identités rapologiques. »

L’album Jeune et riche

Avec sa drill Ivoire, Himra est parvenu à tracer sa propre voie, et à y connaître le succès. Il a fait des featurings avec des rappeurs emblématiques de la drill comme le rappeur français Gazo. Abdul Rahim Bakayoko de son vrai nom a même été « validé » par le rappeur français Booba qui l'a qualifié de « nouveau boss du rap ivoire ».

Son album de 25 titres Jeune et riche, sorti le 24 juillet dernier, a été certifié Disque d’or en Côte d’Ivoire. Lire la suite sur...


Par (RFI)
Le 24/12/24 à 09:26
modifié 24/12/24 à 09:39