Taekwondo/Me Ali Diomandé, ceinture noire 4e dan Kukkiwon: "On attend toujours que la tutelle réunisse les protagonistes autour d'une table"

Me Ali Diomandé, ceinture noire 4e dan Kukkiwon. (Ph: Dr)
Me Ali Diomandé, ceinture noire 4e dan Kukkiwon. (Ph: Dr)
Me Ali Diomandé, ceinture noire 4e dan Kukkiwon. (Ph: Dr)

Taekwondo/Me Ali Diomandé, ceinture noire 4e dan Kukkiwon: "On attend toujours que la tutelle réunisse les protagonistes autour d'une table"

Le 16/01/25 à 11:24
modifié 16/01/25 à 11:34
Quelle est la situation actuelle au taekwondo ?

Nous sommes actuellement dans une situation de pourrissement qui ne fait que creuser le fossé entre les différents acteurs de la crise de leadership au sein de la fédération. Il y a indéniablement une crise profonde dont le point culminant a été l’assemblée générale du 19 octobre 2024 au cours de laquelle 175 clubs affiliés à la Fédération ivoirienne de taekwondo (Fitkd) et à jour de leurs obligations fédérales ont décidé de la révocation du président Jean-Marc Yacé pour mauvaise gouvernance. Il est à craindre un fiasco total de cette saison sportive du taekwondo.

Et pourtant, nous avons vu la World taekwondo (Wt) et l’African taekwondo union (Aftu) mobilisées pour venir au chevet du taekwondo ivoirien...

L’Aftu, en effet, a diligenté deux missions à Abidjan contre lesquelles nous avons protesté en raison de leur caractère informel, biaisé et non transparent. Elle a proposé la non reconnaissance de l’assemblée générale extraordinaire ainsi que des résolutions y afférentes. L’Aftu a été, à ce jour, incapable de nous donner les raisons invalidantes de notre assemblée générale extraordinaire.

Et vous regardez faire les choses.

C’est que nous avons notre méthode de travail. Nous avons, à travers trois courriers datant respectivement du 17 novembre, du 28 novembre et du 19 décembre 2024, protesté contre la démarche de l’Aftu et les conclusions de ses missions. Et cela, devant le président et toutes les instances de la fédération internationale, le président de l’Union africaine et les instances des 34 fédérations nationales africaines membres de l’Aftu. Je pense que notre méthodologie de travail et la transparence qui caractérisent toutes nos démarches nous ont attiré la sympathie de très nombreux responsables du taekwondo sur tous les continents.

Quelle est la position de la World taekwondo dans cette affaire ?

Le seul véritable document officiel à notre disposition est la correspondance de la World taekwondo signée de M. Corbin Min, secrétaire général adjoint de la Wt et datée du 27 novembre 2024. Il signale endosser les conclusions de l’Aftu. Dans ce document officiel, la Wt dit clairement ne pas reconnaître l’assemblée générale extraordinaire du 19 octobre 2024 et ses conclusions. Elle souligne qu’elle reconnaît l’existence de défis majeurs en matière de gouvernance au sein de la Fitkd à résoudre. Elle a réaffirmé sa position de neutralité et la non adoption par elle d'une position définitive par rapport à la crise de leadership au sein de la fédération ivoirienne. Elle a appelé les deux parties à s’engager pour résorber la crise ensemble et indiqué son attention particulière sur la suite des évènements qu’elle dit observer.

L’autre partie a-t-elle connaissance du contenu de ce courrier de la fédération internationale ?

Cette correspondance est adressée à M. Yacé et moi-même et la tutelle en a eu copie, avec des recommandations fortes. Une feuille de route claire et précise pour résoudre la crise.

Que dit le ministère des Sports dans tout cela ?

Ce que je peux dire, c’est qu’à la suite des missions de l’Aftu, nous avons constaté de la part de notre tutelle, la levée de sa décision de suspension des activités de la Fitkd ; la publication d’un communiqué en date du 1er décembre 2024 confirmant le maintien de l’ancien comité directeur et la mise sur pied d’un « Comité de veille » chargé de conduire un programme de six actions d’envergure pour relancer le taekwondo ainsi que la promesse de rencontrer les deux parties pour une sortie de crise.

Voulez-vous insinuer que la situation n’a pas évolué ?

Plus d’un mois après cette annonce, nous constatons une inaction et un silence total de la tutelle. Incompréhensible ! Une fuite en avant de M. Yacé et son équipe dans la tentative d’organiser une assemblée générale ordinaire, en dehors des textes statutaires et réglementaires. Une assemblée générale d’ailleurs annulée par la justice ivoirienne sur notre saisine, en raison de grossières irrégularités. Ce qui confirme que 3 ans après sa prise de fonction, le comité directeur actuel se montre incapable d’organiser une assemblée générale dans les règles de l’art.

Pendant ce temps, la Fitkd vaque tranquillement à ses activités...

On a l’impression que la tutelle demande à M. Yacé et à son équipe de continuer à faire comme s’il ne s’était rien passé et de mettre tout le monde devant le fait accompli. Ma conviction est que cela ne saurait prospérer chez les taekwondo in que nous représentons. Ce silence et cette inaction de la tutelle sont comme un blanc-seing donné à l’équipe de M. Yacé pour exacerber la tension au sein de la famille du taekwondo à travers les invectives, les menaces et les intimidations de toutes sortes sur les 175 membres statutaires à l’origine de l’assemblée générales extraordinaire du Cercle du Rail. Comme si cela ne suffisait pas, nous notons avec consternation sur nos plateformes, des pamphlets contre le Président de la République, Chef de l’Etat.

Ah bon !

Eh oui. Mais le Comité directeur de transition a réagi en protestant et en interpellant M. Yacé et ses collaborateurs. Jusque-là, nous n’avons eu aucune réaction, ni de la tutelle ni de M. Yacé, relativement à cet acte gravissime contre la plus haute autorité de ce pays.

Décidément, le taekwondo ivoirien vole au ras des pâquerettes, avec cette affaire de harcèlement sexuel devant les tribunaux...

En effet, nous avons tous suivi ce procès où l’ex-entraîneur a été condamné vendredi dernier. Voici aujourd’hui l’état lamentable dans lequel nous sommes au taekwondo. C'est une honte pour tous les membres de cette famille que ne saurait dissiper le saupoudrage fait par la communication sur des activités de cosmétique sans aucune consistance qui ne trompent personne d’ailleurs. Le taekwondo ivoirien mérite mieux et nous aspirons à lui donner son lustre d’antan. La majorité des membres de la famille du taekwondo en Côte d’Ivoire se demande si la tutelle a réellement perçu l’ampleur de la crise ou si elle attend que le feu qui couve éclate en plein jour pour intervenir en pompier.

Qu’attendez-vous du ministère des Sports ?

De notre tutelle, le ministère délégué aux Sports et au Cadre de vie, en qui nous continuons de maintenir notre confiance, nous n’attendons ni plus ni moins, qu’en gardant une position de neutralité, elle prenne ses responsabilités en réunissant autour d’une table les deux protagonistes de la crise et fasse ce qu’elle a annoncé dans son communiqué du 1er décembre 2024.

Interview réalisée par


Le 16/01/25 à 11:24
modifié 16/01/25 à 11:34