Youssoupha (Rappeur) : « Je me rends compte que je suis Français »
Le rappeur de 45 ans sort Amour suprême le 24 janvier. Dans un entretien à l’AFP, il évoque son patriotisme, son amour pour ses deux enfants et affirme ne pas être féministe, et ne pas « avoir la prétention d’apprendre la vie à celle qui la donne ».
En 13 chansons, vous dressez votre propre bilan entre maturité et lucidité. Pourquoi ce besoin ?
Youssoupha : On a moins de jugements, de certitudes, sur les gens et les choses. On se voit évoluer, se remettre en cause, partir. Ma vie d'il y a 20 ans n'est plus celle d'aujourd'hui. Donc mon rap a changé.
Vous évoquez votre départ de France pour la Côte d'Ivoire, en 2016. Avec le recul, quel regard posez-vous sur ce choix ?
Mon discours, où je disais « je pars là-bas pour ma paix d'esprit et une meilleure qualité de vie », ça ne « matchait » pas du tout avec l'image que les gens se font de l'Afrique. Ma qualité de vie est meilleure. Ce qui est plus nouveau, c'est qu'en partant de la France, j'ai peut-être réalisé que j'aimais ce pays. Mon attachement à la France était réel mais peut-être que, dans la contrariété d'un jeune noir de banlieue, où on a affaire à des combats du quotidien, je n'avais pas le temps de révéler ça.
Quand en avez-vous pris conscience ?
Ce qui se passe dans le pays depuis quelques années m'affecte. Je me sens attaché à mes compatriotes. En fait, je me rends compte que je suis Français.
Qu'est-ce qui vous inquiète ?
Je n'ai jamais autant découvert la diversité qu'en France. Maintenant, on éclate (divise) les gens, on les rejette par rapport à leurs croyances, leur couleur, leur identité culturelle, en voulant faire une espèce de standard français qui n'existe pas vraiment. Autant de médiocrité pour un pays qui peut inspirer autant de grandeur, je trouve ça décalé.
Après Mon roi pour votre fils, vous dédiez Dieu est grande à votre fille. Sacré titre !
Être une femme, partout sur Terre, ce n’est pas anodin. Je ne pouvais pas faire une chanson qui dise « Ma reine, tu es belle et tu es mignonne » parce que, quand on a dit ça, on n'a rien dit. Cette formule-là m'est venue à l'esprit parce que je savais que ça allait mettre mal à l'aise les hommes. D'ailleurs, depuis que le morceau est sorti, ils disent : « Le titre, il est blasphématoire, comment, Dieu au féminin ? ». Comme quoi, il y avait vraiment un sujet
Revendiquez-vous l'écriture d'une chanson féministe ?
Je voulais quelque chose qui se consacre à ma fille mais qui, d'une manière générale, casse une espèce de domination qu'on met de manière insidieuse dans la tête des femmes. Sur la validité de leur pensée, de leur intelligence, sur le complexe sur leur corps. Mais je n'ai pas l'impression de l'être, féministe. Je suis un homme qui a grandi avec des clichés d'hommes. Mais j'ai arrêté d'avoir la prétention d'apprendre la vie à celle qui la donne.
Peut-on vous qualifier de déconstruit ?
En déconstruction ! Faut me voir dans un stade de foot, je redeviens très, très con. Donc : déconstruction non achevée. Ma fille et mon fils seront meilleurs que moi.
L'héritage est-il le fil rouge de l'album ?
J'ai renoncé à être parfait parce que, ça, c'est mort. Par contre, je ne renonce pas à la transmission. Je tiens vraiment à ce qu'on ne reste pas seulement sur nos combats et ce qui a pu nous faire souffrir, mais aussi sur ce qui peut nous élever. On peut le transmettre aux autres qui viennent après. Comme ça, ils s'élèveront plus vite et plus haut que nous.
Le Figaro avec l’Afp
Youssoupha : On a moins de jugements, de certitudes, sur les gens et les choses. On se voit évoluer, se remettre en cause, partir. Ma vie d'il y a 20 ans n'est plus celle d'aujourd'hui. Donc mon rap a changé.
Vous évoquez votre départ de France pour la Côte d'Ivoire, en 2016. Avec le recul, quel regard posez-vous sur ce choix ?
Mon discours, où je disais « je pars là-bas pour ma paix d'esprit et une meilleure qualité de vie », ça ne « matchait » pas du tout avec l'image que les gens se font de l'Afrique. Ma qualité de vie est meilleure. Ce qui est plus nouveau, c'est qu'en partant de la France, j'ai peut-être réalisé que j'aimais ce pays. Mon attachement à la France était réel mais peut-être que, dans la contrariété d'un jeune noir de banlieue, où on a affaire à des combats du quotidien, je n'avais pas le temps de révéler ça.
Quand en avez-vous pris conscience ?
Ce qui se passe dans le pays depuis quelques années m'affecte. Je me sens attaché à mes compatriotes. En fait, je me rends compte que je suis Français.
Qu'est-ce qui vous inquiète ?
Je n'ai jamais autant découvert la diversité qu'en France. Maintenant, on éclate (divise) les gens, on les rejette par rapport à leurs croyances, leur couleur, leur identité culturelle, en voulant faire une espèce de standard français qui n'existe pas vraiment. Autant de médiocrité pour un pays qui peut inspirer autant de grandeur, je trouve ça décalé.
Après Mon roi pour votre fils, vous dédiez Dieu est grande à votre fille. Sacré titre !
Être une femme, partout sur Terre, ce n’est pas anodin. Je ne pouvais pas faire une chanson qui dise « Ma reine, tu es belle et tu es mignonne » parce que, quand on a dit ça, on n'a rien dit. Cette formule-là m'est venue à l'esprit parce que je savais que ça allait mettre mal à l'aise les hommes. D'ailleurs, depuis que le morceau est sorti, ils disent : « Le titre, il est blasphématoire, comment, Dieu au féminin ? ». Comme quoi, il y avait vraiment un sujet
Revendiquez-vous l'écriture d'une chanson féministe ?
Je voulais quelque chose qui se consacre à ma fille mais qui, d'une manière générale, casse une espèce de domination qu'on met de manière insidieuse dans la tête des femmes. Sur la validité de leur pensée, de leur intelligence, sur le complexe sur leur corps. Mais je n'ai pas l'impression de l'être, féministe. Je suis un homme qui a grandi avec des clichés d'hommes. Mais j'ai arrêté d'avoir la prétention d'apprendre la vie à celle qui la donne.
Peut-on vous qualifier de déconstruit ?
En déconstruction ! Faut me voir dans un stade de foot, je redeviens très, très con. Donc : déconstruction non achevée. Ma fille et mon fils seront meilleurs que moi.
L'héritage est-il le fil rouge de l'album ?
J'ai renoncé à être parfait parce que, ça, c'est mort. Par contre, je ne renonce pas à la transmission. Je tiens vraiment à ce qu'on ne reste pas seulement sur nos combats et ce qui a pu nous faire souffrir, mais aussi sur ce qui peut nous élever. On peut le transmettre aux autres qui viennent après. Comme ça, ils s'élèveront plus vite et plus haut que nous.
Le Figaro avec l’Afp