Décès de Rosine Diodan (ex-journaliste et formatrice à Fraternité Matin) : Rosine, Rosine !

Pour Venance Konan, Rosine Diodan était l’une des rares femmes journalistes, et assurément l’une des meilleures journalistes de la presse écrite du pays. (Ph: Dr)
Pour Venance Konan, Rosine Diodan était l’une des rares femmes journalistes, et assurément l’une des meilleures journalistes de la presse écrite du pays. (Ph: Dr)
Pour Venance Konan, Rosine Diodan était l’une des rares femmes journalistes, et assurément l’une des meilleures journalistes de la presse écrite du pays. (Ph: Dr)

Décès de Rosine Diodan (ex-journaliste et formatrice à Fraternité Matin) : Rosine, Rosine !

Le 24/01/25 à 09:10
modifié 24/01/25 à 10:45
La plume est son Adn. Elle a formé plusieurs générations de journalistes. Elle a porté à bout de bras Ivoir'Soir. Le journalisme a coulé dans ses veines jusqu'à son dernier souffle.
Quel est donc ce cruel destin qui veut que je commence cette nouvelle année en chroniquant sur les décès d’êtres qui me furent si chers ? Hier c’était Didier Abinan, mon vieux compagnon. Aujourd’hui, c’est Rosine Diodan, ma grande sœur bien-aimée, le pilier d’Ivoir’Soir de la grande époque.

Oh Seigneur !

Lorsque j’étais étudiant à Abidjan, la plume de Rosine Diodan était l’une de celles que je lisais avec le plus de plaisir dans Fraternité Matin. Elle était à cette époque l’une des rares femmes journalistes, et assurément l’une des meilleures journalistes de la presse écrite du pays. J’eu l’occasion de la rencontrer pour la première fois lors d’un reportage sur un congrès du Mouvement des élèves et étudiants de Côte d’Ivoire (Meeci) à Yamoussoukro.

Je m’essayais au journalisme avec notre journal d’étudiant « Campus Info. » C’était en 1981 ou 1982. En 1987, après mes études, je commençai à faire des piges à Fraternité Matin. Puis Ivoir’Soir fut créé par ce journal qui était l’unique quotidien de l’époque.

Un jour je croisai Rosine qui faisait partie de l’équipe qui pilotait le journal dans un couloir et lui demandai si je pouvais écrire aussi dans Ivoir’Soir. Et elle me recommanda d’aller voir Yacouba Kébé, qui dirigeait le journal. J’allai le voir et mon aventure au long cours avec ce journal et le groupe Fraternité Matin commença.

Rosine fut ma formatrice. Elle me fit aimer le journalisme, elle fit de moi un journaliste. Tout comme moi, elle forma aussi Honorat De Yedagne, Amédée Assi, Sanogo Abdoul Bakary, et plus tard les Bledson Mathieu, Agnès Kraidy, Michel Man, et tous ces jeunes passionnés par le journalisme, mais qui n’avaient pas fait d’école de journalisme et apprenaient le métier sur le tas. Rosine était une excellente formatrice.

Sous des dehors un peu bourrus, Rosine avait un cœur en or. Elle était exigeante, perfectionniste. Avec le temps Rosine devint une grande sœur pour moi. Nous étions des voisins à Williamsville et elle connaissait toute ma famille et de mon côté je connaissais la sienne.

Ah Rosine ! Elle était réputée être très tête en l’air.

On raconta pendant longtemps à Fraternité Matin qu’elle alla un jour au cinéma avec Kinimo Kangah Man Jusu, chef du service Culture de Fraternité Matin, son beau-frère, qui était lui aussi réputé être tête en l’air. Après la séance de cinéma, les deux empruntèrent un taxi pour revenir au journal, oubliant qu’ils avaient été au cinéma dans la voiture de Kinimo. Rosine m’a toujours dit que ce n’était pas vrai.

Mon parcours me conduisit à être le rédacteur en chef de Rosine à Ivoir’Soir. Elle qui m’avait formé. Elle resta toujours ma grande sœur. Puis je partis travailler à l’Assemblée nationale. Lorsque je revins à Fraternité Matin, Rosine avait pris sa retraite. Elle n’était plus là lorsque je devins le directeur général du groupe.

Ah Rosine ! Je pleure lorsque je pense à notre dernier rendez-vous manqué. Par ma faute. Rosine fut frappée par un Avc. J’allai lui rendre visite chez elle à Andokoi Kouté. Elle voulut venir passer quelques jours chez moi à Bingerville, pour changer un peu d’air et de cadre. J’ai promis de venir la chercher lorsque j’en aurai le temps. J’ai remis à demain... jusqu’à ce que l’on m’annonce le décès de Rosine.

Avec les disparitions de Gaoussou Kamissoko, Hien Solo, Didier Abinan, Rosine Diodan, c’est une grosse page de l’histoire de Fraternité Matin qui se referme. Puissent les jeunes générations de journalistes de Fraternité Matin d’aujourd’hui s’inspirer d’eux pour ouvrir une nouvelle page encore plus riche.


Le 24/01/25 à 09:10
modifié 24/01/25 à 10:45