Prof. Mireille Dosso (microbiologiste): Une vie au service de la sécurité sanitaire en Côte d’Ivoire

Le nom du Prof Mireille Dosso est un label lié à l’Institut Pasteur de Côte d’Ivoire. (Ph: Dr)
Le nom du Prof Mireille Dosso est un label lié à l’Institut Pasteur de Côte d’Ivoire. (Ph: Dr)
Le nom du Prof Mireille Dosso est un label lié à l’Institut Pasteur de Côte d’Ivoire. (Ph: Dr)

Prof. Mireille Dosso (microbiologiste): Une vie au service de la sécurité sanitaire en Côte d’Ivoire

Le 26/01/25 à 14:52
modifié 26/01/25 à 15:08
Dans le domaine médical, sa voix fait autorité. Ses compétences scientifiques et managériales ont contribué au rayonnement de l'Institut Pasteur de Côte d'Ivoire avec lequel elle a développé un lien quasi maternel. Prof. Mireille Dosso, c'est une vie au service de la santé publique en Côte d'Ivoire.
Prof. Mireille Dosso. Son nom est un label lié à l’Institut Pasteur de Côte d’Ivoire, au point où l’on demande entre la structure et sa directrice générale, qui profite de l’aura de l’autre ?
Pendant une vingtaine d’années, cette éminente microbiologiste a apporté à ce centre de recherche, une sorte de caution morale. « Nous sommes aux côtés de l’Institut Pasteur, parce que c’est Prof. Mireille Dosso », n’hésitaient pas à confier certains partenaires.
C’est auréolée de son brillant parcours d’enseignant-chercheur que cette scientifique, respectée de tous, est nommée le 15 janvier 2004 à la tête de l’Institut Pasteur de Côte d’Ivoire. Un poste qui semble taillé sur mesure pour elle. En effet, première femme médecin spécialiste en microbiologie du pays, Prof. Mireille Dosso est une sommité dans son domaine.
Une femme, un parcours
C’est en 1969, à Paris, que Mireille Carmen Bretin obtient le Baccalauréat série A4. Alors que ce Baccalauréat l’aiguillonne vers les spécialités littéraires, elle bifurque au carrefour de la science et s’inscrit à la faculté de médecine à Abidjan où elle décroche un doctorat d’État en 1980. Elle veut aller plus loin. C’est ainsi qu’elle s’envole pour la France.
Le stéthoscope ou le bistouri peuvent bien attendre. Elle explore la bactériologie, la microbiologie, l’immunologie générale et microbienne. « Je voulais aller dans une discipline où je ne créerais de problèmes à personne », se souvient-elle.
Elle décroche un deuxième doctorat d’État en biologie humaine et retrouve la Côte d’Ivoire après. En 1988, elle est admise au concours du Conseil africain et malgache pour l’enseignement supérieur (Cames) et devient en 1994, professeur titulaire de microbiologie.

Elle  a été de tous les combats où des agents pathogènes ont menacé la survie des populations. Notamment Vih, Ebola, grippe aviaire, grippe pandémique, méningites, coronavirus. (Ph: Dr)
Elle a été de tous les combats où des agents pathogènes ont menacé la survie des populations. Notamment Vih, Ebola, grippe aviaire, grippe pandémique, méningites, coronavirus. (Ph: Dr)


« J’ai eu la chance, l’avantage d’avoir un mari compréhensif qui m’a donné la possibilité d’aller jusqu’où ma tête me permettrait », confie cette femme qui a mené une vie de famille bien remplie et une riche carrière.
Son parcours universitaire et professionnel correspond à son tempérament. « J’aime le travail bien fait, la simplicité, l’humilité et la discrétion », souligne la microbiologiste qui a fait sienne cette pensée de Rabindranath Tagore, poète indien, « La lumière de la connaissance n’éclaire que le chemin parcouru ». « On se doit donc d’être humble et se dire que finalement, on ne sait pas grand-chose », conseille-t-elle.
Pour cette intellectuelle cash et redoutablement efficace, chaque jour doit servir à faire avancer cette lumière. Elle s’installe dans les laboratoires pour étudier et comprendre les micro-organismes et les infections afin de mieux les combattre.
Comme un gendarme pour sauver des vies
Depuis, cette femme a été de tous les combats où des agents pathogènes ont menacé la survie des populations. Vih, Ebola, H5N1 (grippe aviaire), H1N1 (grippe pandémique), fièvre jaune, dengue, méningites, coronavirus...
Pour cette dernière crise sanitaire, Mireille Dosso fait partie du conseil scientifique chargé du suivi de la « riposte sanitaire ». On la cite parmi le commando africain à la manœuvre pour contrer la pandémie. Entourée d’une équipe dynamique, elle a hissé l’Institut Pasteur de Côte d’Ivoire à la pointe de la recherche et de la prévention épidémiologique.
« Nous sommes comme un gendarme, nous regardons les risques et évitons que cela se produise. Nous protégeons des vies en évitant les morts », explique Mireille Dosso.
« Notre pays surveille 23 maladies prioritaires et l’Ipci en confirme 19. L’Ipci héberge plusieurs plateformes technologiques de biologie et de génétique moléculaire et abrite, depuis 2018, la bio-banque régionale des pays de la Cedeao. Il est également membre du réseau des laboratoires de l’Organisation ouest-africaine de la santé (Ooas) de la Cedeao et héberge plusieurs laboratoires reconnus par l’Oms », rappelait-elle lors de la célébration du cinquantenaire de l’institut en mai 2023.
Le rêve d’un laboratoire
Le laboratoire de haute sécurité de niveau 4 était un de ses grands projets dont elle nous a longuement parlé, un soir dans son bureau, malgré son agenda chargé. Les microbes sont classés sur une échelle de dangerosité qui va de 1 à 4. Par exemple, Ébola est du niveau 4. Alors pour étudier les virus de niveau 4, il faut un environnement de sécurité très élevée.
La communauté internationale a, pour ce faire, défini des types de laboratoires. Sans ces conditions de sécurité, la réglementation sur le plan international interdit de travailler sur un virus de niveau 4.
« Ce laboratoire permettra de mieux protéger la Côte d’Ivoire. C’est une prise de conscience du risque possible pour notre pays. L’Institut Pasteur doit aller plus loin pour étudier ce qu’on pourrait faire. Plus on maîtrise les risques, mieux on protège les populations des épidémies », a-t-elle expliqué.
Les résultats des travaux des chercheurs guident les orientations en matière de santé publique. Et le rayonnement de ce centre d’excellence fait de sa patronne un modèle pour les jeunes étudiantes désireuses de s’engager dans des études longues et des cursus exigeants.
Sa riche carrière est jalonnée de prix. Entre autres distinctions, elle a reçu le Prix recherche science de la santé Unesco-Institut Pasteur en 2005 en Hongrie, un Prix exceptionnel décerné par l’Académie des sciences d’Outre-mer en France en 2010.
En 2011, le Prix de l’Union africaine et de la Cedeao pour la Femme scientifique. « Ces récompenses montrent qu’il est possible de compter sur les femmes pour relever les défis du développement scientifique en Afrique », estime cette intellectuelle. Elle affirme que « c’est une richesse d’être une femme en Afrique malgré les défis. Il y a tellement de choses intéressantes à faire ».
Tellement de choses, mais pour elle, cela a toujours été loin du monde politique. « Je n’ai pas pu mettre la politique dans mon programme », tranche cette universitaire qui, pour de nombreux Ivoiriens aurait fait un excellent ministre de l’Enseignement supérieur et de la Recherche scientifique.
Au moment où elle se retire officiellement de la Direction générale de l’Ipci, le monde de la recherche rend hommage à une dame discrète et efficace pour sa compétence et son talent managérial qui font la fierté du monde médical.

Le 26/01/25 à 14:52
modifié 26/01/25 à 15:08