Stenka ou la quête de soi-même
La quête de soi-même demeure pour Stenka l’objectif premier d’un rêve de vie. Il ne dissocie jamais le quotidien de son art et ce culte qu’il voue à la mort n’est qu’un long apprentissage de la connaissance de soi.
La peinture devient son reflet, tout en attendant d’elle qu’elle façonne son existence. L’homme démuni, puni par la nature comme il se plaît à le souligner, a besoin d’être soigné. Pour cela, il se tourne alors vers une autre forme de thérapie, celle qui l’aide à pénétrer d’autres mondes, à dialoguer avec les génies ou l’ancêtre.
La peinture lui sert de catalyseur, l’aide à montrer, à descendre sur sa propre échelle, à soulever les voiles qui le séparent de ce qu’il ne veut rendre à la réalité. Il vogue de la terre aux 7 profondeurs, jusqu’à l’empyrée des cieux devenus transparents et il avance, victorieux, dans sa « conquête de la flamme éternelle ».
Stenka a installé son atelier dans une plantation d’avocatiers. Il s’est bâti un univers champêtre, à l’écoute de la nature, loin des miasmes et des tourbillons urbains.
Il fabrique lui-même ses bâtons de craie, une peinture qu’il crée à partir de pigments naturels, de subtils mélanges. Il broie la pierre, l’écorce, retrouve la teinture artisanale des bleus, indigos ; il aime travailler les fonds de la toile comme pour mieux la préparer à recevoir la révélation qu’il fixe avec le latex pur, la colle d’hévéa.
Ainsi prémuni, accordé à un univers où les hasards le guideront, il plonge dans les au-delà lointains et proches à la fois, ressent les ondes et les vibrations que provoquent ses comportements, retrouve l’énergie originelle. Il use de ses mains, de ses doigts, fouille la matière et suit la ligne comme un fil d’Ariane qui lui fera découvrir l’homme.
Parfois, il jette une ficelle sur la toile et se laisse conduire, petit Poucet attentif qui ne perd jamais son chemin. La musique l’accompagne : des instruments-parleurs jalonnent sa quête, les corps suivent un rythme, esquissent une chorégraphie à l’appel des profondeurs.
Au cours de ces danses sacrées, le peintre croise la Femme-mère-gérante-prêtresse, visage si doucement incliné, femme-serpent, aux contours de sagesse.
Les bleus, blancs, ocres luttent pour la transparence et crient. Victoire parce que le peintre a su lever les voiles et capter le message au tréfonds de l’être. Mais sa lumière est noire, grise, la seule qui puisse traverser l’infini à la recherche des vérités incendiaires.
S’il se quitte, c’est pour mieux se retrouver dans d’autres civilisations que l’art lui permet de contacter, de l’homme-insecte à l’homme-oiseau, extra-terrestres volant d’un monde à un autre, traversant les temps, les espaces, cherchant la clé de vie, il passe par l’ancêtre d’Égypte et façonne son homme à la silhouette pharaonique, lien lumineux avec l’autre versant.
Il met en scène les merveilles disparues et à venir dans des voyages interplanétaires où tous les points se rejoignent. L’oiseau revient sans cesse d’un tableau à l’autre, épousant toutes les formes, jusqu’à n’être qu’une aile, un rythme actionné par le souffle du vent.
C’est l’oiseau messager des dieux, mais aussi le passeur qui aide l’homme à relier la terre au ciel, cette terre qui, pour l’artiste, est une partie du ciel étoilé : terre pilée, malaxée, déployant ses ocres, terre rouge de vie actionnant la matière, terre verte de fécondité à l’orée des transformations. Que de métamorphoses d’insectes, d’animaux en hommes !
Comme si cette ultime évolution se nourrit des énergies de ses ancêtres primitifs. Poussé par l’élan créateur, l’artiste transplante une image de son lieu d’origine ou de son plan, la fait voyager pour que jaillisse un nouvel effet de sens. Alors, il peut s’interroger sur la force, le dessein, « le sens qui tire ».
Le peintre sait que sa palette l’aide à percer certains mystères, à introduire quelques jokers et à donner une cohérence à ce qui n’est que fatras, sans rompre avec le cordon ombilical reliant l’œuvre à l’ancêtre.
Ce travail d’artiste bénéficie de l’instinct, de la grâce d’une inspiration qui pousse à chercher la clé de ce que l’on est. Elle est un jalon dans la quête des racines et de leur renouvellement.
Marie-José Hourantier
La peinture lui sert de catalyseur, l’aide à montrer, à descendre sur sa propre échelle, à soulever les voiles qui le séparent de ce qu’il ne veut rendre à la réalité. Il vogue de la terre aux 7 profondeurs, jusqu’à l’empyrée des cieux devenus transparents et il avance, victorieux, dans sa « conquête de la flamme éternelle ».
Stenka a installé son atelier dans une plantation d’avocatiers. Il s’est bâti un univers champêtre, à l’écoute de la nature, loin des miasmes et des tourbillons urbains.
Il fabrique lui-même ses bâtons de craie, une peinture qu’il crée à partir de pigments naturels, de subtils mélanges. Il broie la pierre, l’écorce, retrouve la teinture artisanale des bleus, indigos ; il aime travailler les fonds de la toile comme pour mieux la préparer à recevoir la révélation qu’il fixe avec le latex pur, la colle d’hévéa.
Ainsi prémuni, accordé à un univers où les hasards le guideront, il plonge dans les au-delà lointains et proches à la fois, ressent les ondes et les vibrations que provoquent ses comportements, retrouve l’énergie originelle. Il use de ses mains, de ses doigts, fouille la matière et suit la ligne comme un fil d’Ariane qui lui fera découvrir l’homme.
Parfois, il jette une ficelle sur la toile et se laisse conduire, petit Poucet attentif qui ne perd jamais son chemin. La musique l’accompagne : des instruments-parleurs jalonnent sa quête, les corps suivent un rythme, esquissent une chorégraphie à l’appel des profondeurs.
Au cours de ces danses sacrées, le peintre croise la Femme-mère-gérante-prêtresse, visage si doucement incliné, femme-serpent, aux contours de sagesse.
Les bleus, blancs, ocres luttent pour la transparence et crient. Victoire parce que le peintre a su lever les voiles et capter le message au tréfonds de l’être. Mais sa lumière est noire, grise, la seule qui puisse traverser l’infini à la recherche des vérités incendiaires.
S’il se quitte, c’est pour mieux se retrouver dans d’autres civilisations que l’art lui permet de contacter, de l’homme-insecte à l’homme-oiseau, extra-terrestres volant d’un monde à un autre, traversant les temps, les espaces, cherchant la clé de vie, il passe par l’ancêtre d’Égypte et façonne son homme à la silhouette pharaonique, lien lumineux avec l’autre versant.
Il met en scène les merveilles disparues et à venir dans des voyages interplanétaires où tous les points se rejoignent. L’oiseau revient sans cesse d’un tableau à l’autre, épousant toutes les formes, jusqu’à n’être qu’une aile, un rythme actionné par le souffle du vent.
C’est l’oiseau messager des dieux, mais aussi le passeur qui aide l’homme à relier la terre au ciel, cette terre qui, pour l’artiste, est une partie du ciel étoilé : terre pilée, malaxée, déployant ses ocres, terre rouge de vie actionnant la matière, terre verte de fécondité à l’orée des transformations. Que de métamorphoses d’insectes, d’animaux en hommes !
Comme si cette ultime évolution se nourrit des énergies de ses ancêtres primitifs. Poussé par l’élan créateur, l’artiste transplante une image de son lieu d’origine ou de son plan, la fait voyager pour que jaillisse un nouvel effet de sens. Alors, il peut s’interroger sur la force, le dessein, « le sens qui tire ».
Le peintre sait que sa palette l’aide à percer certains mystères, à introduire quelques jokers et à donner une cohérence à ce qui n’est que fatras, sans rompre avec le cordon ombilical reliant l’œuvre à l’ancêtre.
Ce travail d’artiste bénéficie de l’instinct, de la grâce d’une inspiration qui pousse à chercher la clé de ce que l’on est. Elle est un jalon dans la quête des racines et de leur renouvellement.
Marie-José Hourantier