Filière anacarde : Une décennie d’action des comités de veille entre succès et défis

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Filière anacarde : Une décennie d’action des comités de veille entre succès et défis

Le 02/02/25 à 18:50
modifié 02/02/25 à 19:10
Le Centre d'Innovations et de Technologies de l'Anacarde (CITA) de Yamoussoukro a abrité, le 30 janvier 2025, un atelier stratégique dédié à l’évaluation de l’opérationnalité des comités de veille de la filière anacarde. Organisée par le Conseil du Coton et de l'Anacarde (CCA), cette rencontre a réuni des acteurs clés du secteur, sous la présidence du Ministre d'État, Ministre de l'Agriculture, du Développement Rural et des Productions Vivrières, Kobenan Kouassi Adjoumani, en présence des préfets de région et de département des principales zones de production.

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L’objectif de cet atelier était clair : dresser le bilan des dix années de fonctionnement des comités de veille, identifier les défis persistants et proposer des recommandations pour renforcer leur efficacité dans l’encadrement de la filière anacarde, un secteur stratégique pour l’économie ivoirienne.

Une décennie de croissance impressionnante

Depuis la réforme de 2013, la Côte d'Ivoire s'est imposée comme le leader mondial de la production de noix brutes de cajou. La production nationale est passée de 500 000 tonnes en 2013 à 1,2 million de tonnes en 2024. Parallèlement, la transformation locale a connu un essor considérable, atteignant 344 000 tonnes de noix traitées sur place en 2024, contre seulement 31 000 tonnes en 2013.

Ces performances ont propulsé la Côte d'Ivoire au rang de deuxième fournisseur mondial d'amandes de cajou. Cependant, malgré ces avancées, la filière reste confrontée à des défis majeurs tels que l’exportation illégale des noix vers les pays voisins, l'absence de traçabilité efficace des produits, une sensibilisation insuffisante des producteurs et des capacités de transformation locale encore limitées.

« Nous devons intensifier nos efforts pour endiguer la fuite des noix et garantir une juste rémunération aux producteurs », a insisté Mamadou Berté, Directeur Général du Conseil du Coton et de l’Anacarde, soulignant la nécessité d'une action concertée pour surmonter ces obstacles.

Les comités de veille : des acteurs clés de la régulation

Créés par arrêté interministériel le 25 mars 2014 et opérationnalisés dès le 22 janvier 2015 à Bouaké, les comités de veille ont été mis en place dans les départements des principales zones de production d’anacarde. Présidés par les préfets, ils regroupent l’ensemble des acteurs locaux de la filière et assurent la supervision de la commercialisation des noix, veillant au respect des réglementations en vigueur.

Leur rôle est essentiel dans la lutte contre les exportations frauduleuses, la promotion de la transparence des transactions et le contrôle des prix. « Sous votre autorité éclairée, les Comités de Veille ont joué un rôle déterminant et remarquable dans l’évolution et le développement de la filière anacarde », a salué le Ministre d'État, Kobenan Kouassi Adjoumani, à l’endroit des préfets.

Cependant, malgré les progrès réalisés, des faiblesses subsistent. L'atelier a permis de souligner des lacunes dans la traçabilité des produits et la nécessité d’une meilleure implication des sous-préfets et des acteurs locaux.

Vers une filière plus compétitive : les recommandations

Pour relever ces défis, Mamadou Berté a présenté une feuille de route ambitieuse à l’horizon 2030, articulée autour de quatre axes stratégiques. Il s'agit d'assurer une rémunération décente aux producteurs ; de renforcer la contribution de l’anacarde au PIB national ; de professionnaliser l’ensemble des acteurs de la chaîne de valeur ; d'améliorer la gouvernance du secteur pour une gestion plus efficace et transparente.

Dans cette dynamique, un projet d’identification des producteurs d’anacarde a été lancé. Ce registre national permettra de mieux cibler les interventions gouvernementales et de dimensionner les actions du CCA en fonction des besoins réels des acteurs.

Parmi les recommandations phares issues de l’atelier figurent la création de comités de veille sous-préfectoraux pour renforcer la proximité avec les producteurs ; le renforcement des ressources financières et logistiques allouées aux comités de veille pour accroître leur efficacité ; la mise en place de campagnes de sensibilisation continues auprès des producteurs et des acheteurs ; le développement de mécanismes de contrôle plus rigoureux pour lutter contre la fuite des noix de cajou vers les pays voisins.

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Des acteurs engagés pour l’avenir de la filière

Prenant la parole, Ekponon Assomou André, Préfet de la région du Poro et Préfet du département de Korhogo, a salué les avancées enregistrées tout en reconnaissant les défis à relever : « En dix ans, il y a eu des progrès significatifs, mais aussi des insuffisances à corriger. Nous avons proposé des solutions pour une meilleure implication des acteurs locaux, y compris la création de comités sous-préfectoraux. »

Avec une vision claire et l’engagement de l’ensemble des parties prenantes, la Côte d’Ivoire semble bien armée pour consolider sa position de leader mondial de la filière anacarde, tout en garantissant une répartition équitable des richesses générées par ce secteur stratégique.




Chiffres clés de la filière anacarde

66 : Nombre de comités de veille opérationnels dans les départements de production.

19 : Régions concernées, en plus du district autonome de Yamoussoukro.

344 000 tonnes : Quantité de noix de cajou transformées localement en 2024.

1 200 000 tonnes : Production nationale de noix brutes de cajou en 2024 (contre 500 000 tonnes en 2013).

2e : Rang mondial de la Côte d’Ivoire en tant que fournisseur d’amandes de cajou.


Défis majeurs de la filière

Fuite des noix de cajou vers les pays voisins, entraînant des pertes économiques importantes.

Traçabilité des flux de production et de commercialisation encore insuffisante.

Sensibilisation des producteurs sur les bonnes pratiques commerciales et la réglementation.

Capacité de transformation locale à renforcer pour maximiser la valeur ajoutée.


Recommandations stratégiques

Création de comités sous-préfectoraux pour renforcer la gouvernance locale.

Renforcement des moyens logistiques et financiers des comités de veille.

Campagnes de sensibilisation ciblées pour une meilleure adhésion des producteurs.

Mécanismes de contrôle renforcés pour lutter contre les exportations illégales.


Le 02/02/25 à 18:50
modifié 02/02/25 à 19:10