L'Editorial d'Adama Koné: Vieux père, on est calé !
C’est un fait devenu presque banal. Une situation qui mérite, tout de même, qu’on s’y attarde. Car, elle est source de gêne. Elle est synonyme de perte de valeur, comme la disposition à rendre service à son prochain. Il s’agit du pourboire géré de manière agressive. C’est pratiquement inaperçu. Rappelons quelques scènes au quotidien pour bien percevoir s subtilité. C’est sûr, chacun à quelque niveau qu’il soit se situe, se retrouvera.
Scène 1. Au super marché, à l’entrée du parking, l’attitude des agents de sécurité est très souvent risible. L’insistance du garde-à-vous qui vous est servi défie celui des forces de défense et de sécurité. Il faut se faire remarquer, surtout quand c’est une grosse cylindrée qui fait son apparition. Une invite à mettre la main à la poche. Si vous ne réagissez pas, au contrôle, c’est la fameuse phrase : « Le boss, on est là ! ». Peu importe que ce soit le propriétaire ou le chauffeur qui soit au volant. Dans le super marché même, vous êtes vite repéré. L’empressement des agents pour emballer vos marchandises est fonction de votre apparence.
Le caddy peut être rempli, mais si vous n’êtes pas bien habillé ou si vous n’avez pas de clé de voiture en main, pas sûr de bénéficier du service « gratuit » d’emballage et d’escorte jusqu’à la voiture. Même la caissière entre dans la danse. N’hésitant pas souvent à commenter la qualité d’un produit que vous avez pris et qui serait son produit préféré. Objectif, attirer l’attention, créer la familiarité et partant, susciter un « au revoir financier ». Surtout en ces temps de manque de monnaie.
Scène 2. Dans un restaurant. Le garçon qui vous sert, par exemple, le chawarma, attend un petit geste. « Vieux père, je vais bien doser ça pour vous ». Une dose qui vaut sa dose de récompense. Vous y laisserez 25% du prix du sandwich, comme pourboire. Pour 2000 FCfa, c’est un billet de 500 FCfa qu’il faut glisser. Cet exemple peut être prolongé dans les banquets. Lors de dîner à la faveur de diverses manifestations, et même dans les grands hôtels, il faut mettre la main à la poche pour bénéficier de meilleurs services du service traiteur, sous peine d’être maltraité. A la sortie, au parking, c’est le même scénario. Ce n’est pas une obligation. Mais si vous êtes un habitué des lieux, reconnu par les vigiles, rassurez-vous que personne ne sera disposé à vous assister si vous n’avez pas l’habitude de « sciencer » (donner un pourboire). Sans le dire ouvertement, tout le personnel se passe le mot. Et vous êtes automatiquement « blacklisté ». En cas de nécessité, ça sera la non-assistance à personne en danger. Ainsi, vous manœuvrerez seul pour sortir du parking.
Scène 3. Dans la rue. Si vous êtes à la recherche d’une adresse géographique, il est mieux d’avoir une localisation précise, sans complication. Selon votre apparence, celui qui essaiera de vous orienter, pourra être très dévoué et disponible. Il sera prêt à vous y conduire alors que l’endroit est juste à côté, à portée de vue. Il se proposera, au besoin, d’aller frapper à la porte pour vous annoncer. A la fin du petit trajet, le petit « merci » à lui adressé ne suffira pas. Son regard interrogateur vous interpellera. Même dans les embouteillages, les jeunes volontaires, dans les quartiers, n’hésitent pas à convoyer un véhicule « repéré », pour lui faciliter très vite le passage. En réalité, c’est parce que c’est une grosse cylindrée et le conducteur a l’allure d’un homme aisé. Il est alors clair que l’espoir d’un petit geste en faveur du convoyeur est permis. Les scènes peuvent être multipliées. Entendons-nous bien. Il n’est nullement question de condamner le pourboire.
Synthèse. C’est un geste de reconnaissance du dévouement ou de l’attention de celui qui s’est mis à votre disposition. De celui qui a fait son travail convenablement. Un travail pour lequel d’ailleurs, il est très souvent rémunéré. Ici, ce qui est dénoncé, c’est le caractère impératif que ces agents imposent aux clients, usagers et autres. Il arrive même pour le donateur d’être dans l’embarras. C’est, en effet, courant de constater la mauvaise mine que présente le « racketteur » insatisfait de la somme qui lui a été remise. Comme s’il y avait une facture à la « bienveillance » qu’il avait manifestée.
Tous ces faits sont de nature à déshumaniser les rapports naturels, propres à l’Afrique. On se plaint de l’individualisme dans les pays développés. Là-bas, tout est écrit. Tout est presque prévu. Et tout se mérite. Même le pourboire est réglementé. C’est vrai, la chaleur des relations entre voisins, dans les lieux publics, n’est pas monnaie courante. Sous les tropiques, c’est un avantage à consolider. Le pourboire, réclamé maladroitement et gênant la clientèle, a fait prendre des dispositions dans certains établissements qui restent très loin des exceptions. Dans un fastfood de franchise étrangère, à Abidjan, il est mentionné :
« Le pourboire n’est pas autorisé dans notre établissement ». Un exemple à suivre pour que les travailleurs se concentrent sur la satisfaction des clients. L’Ivoirien doit pouvoir assister son frère, rendre service, sans attendre un retour sur un investissement dont il peut être lui-même bénéficiaire demain. Pour le reste, le citoyen ivoirien est forcément sensible à la courtoisie et à la disponibilité manifestées par un tiers, de façon désintéressée. Et, dans ce cas, il sait faire parler son cœur.
Le caddy peut être rempli, mais si vous n’êtes pas bien habillé ou si vous n’avez pas de clé de voiture en main, pas sûr de bénéficier du service « gratuit » d’emballage et d’escorte jusqu’à la voiture. Même la caissière entre dans la danse. N’hésitant pas souvent à commenter la qualité d’un produit que vous avez pris et qui serait son produit préféré. Objectif, attirer l’attention, créer la familiarité et partant, susciter un « au revoir financier ». Surtout en ces temps de manque de monnaie.
Scène 2. Dans un restaurant. Le garçon qui vous sert, par exemple, le chawarma, attend un petit geste. « Vieux père, je vais bien doser ça pour vous ». Une dose qui vaut sa dose de récompense. Vous y laisserez 25% du prix du sandwich, comme pourboire. Pour 2000 FCfa, c’est un billet de 500 FCfa qu’il faut glisser. Cet exemple peut être prolongé dans les banquets. Lors de dîner à la faveur de diverses manifestations, et même dans les grands hôtels, il faut mettre la main à la poche pour bénéficier de meilleurs services du service traiteur, sous peine d’être maltraité. A la sortie, au parking, c’est le même scénario. Ce n’est pas une obligation. Mais si vous êtes un habitué des lieux, reconnu par les vigiles, rassurez-vous que personne ne sera disposé à vous assister si vous n’avez pas l’habitude de « sciencer » (donner un pourboire). Sans le dire ouvertement, tout le personnel se passe le mot. Et vous êtes automatiquement « blacklisté ». En cas de nécessité, ça sera la non-assistance à personne en danger. Ainsi, vous manœuvrerez seul pour sortir du parking.
Scène 3. Dans la rue. Si vous êtes à la recherche d’une adresse géographique, il est mieux d’avoir une localisation précise, sans complication. Selon votre apparence, celui qui essaiera de vous orienter, pourra être très dévoué et disponible. Il sera prêt à vous y conduire alors que l’endroit est juste à côté, à portée de vue. Il se proposera, au besoin, d’aller frapper à la porte pour vous annoncer. A la fin du petit trajet, le petit « merci » à lui adressé ne suffira pas. Son regard interrogateur vous interpellera. Même dans les embouteillages, les jeunes volontaires, dans les quartiers, n’hésitent pas à convoyer un véhicule « repéré », pour lui faciliter très vite le passage. En réalité, c’est parce que c’est une grosse cylindrée et le conducteur a l’allure d’un homme aisé. Il est alors clair que l’espoir d’un petit geste en faveur du convoyeur est permis. Les scènes peuvent être multipliées. Entendons-nous bien. Il n’est nullement question de condamner le pourboire.
Synthèse. C’est un geste de reconnaissance du dévouement ou de l’attention de celui qui s’est mis à votre disposition. De celui qui a fait son travail convenablement. Un travail pour lequel d’ailleurs, il est très souvent rémunéré. Ici, ce qui est dénoncé, c’est le caractère impératif que ces agents imposent aux clients, usagers et autres. Il arrive même pour le donateur d’être dans l’embarras. C’est, en effet, courant de constater la mauvaise mine que présente le « racketteur » insatisfait de la somme qui lui a été remise. Comme s’il y avait une facture à la « bienveillance » qu’il avait manifestée.
Tous ces faits sont de nature à déshumaniser les rapports naturels, propres à l’Afrique. On se plaint de l’individualisme dans les pays développés. Là-bas, tout est écrit. Tout est presque prévu. Et tout se mérite. Même le pourboire est réglementé. C’est vrai, la chaleur des relations entre voisins, dans les lieux publics, n’est pas monnaie courante. Sous les tropiques, c’est un avantage à consolider. Le pourboire, réclamé maladroitement et gênant la clientèle, a fait prendre des dispositions dans certains établissements qui restent très loin des exceptions. Dans un fastfood de franchise étrangère, à Abidjan, il est mentionné :
« Le pourboire n’est pas autorisé dans notre établissement ». Un exemple à suivre pour que les travailleurs se concentrent sur la satisfaction des clients. L’Ivoirien doit pouvoir assister son frère, rendre service, sans attendre un retour sur un investissement dont il peut être lui-même bénéficiaire demain. Pour le reste, le citoyen ivoirien est forcément sensible à la courtoisie et à la disponibilité manifestées par un tiers, de façon désintéressée. Et, dans ce cas, il sait faire parler son cœur.