Riziculture en Côte d'Ivoire: «Nous pourrons atteindre ces objectifs d’autosuffisance fin 2026»

Kobenan Kouassi Adjoumani, ministre d’État, ministre de l’Agriculture, du Développement rural et des Productions vivrières. (Ph: Dr)
Kobenan Kouassi Adjoumani, ministre d’État, ministre de l’Agriculture, du Développement rural et des Productions vivrières. (Ph: Dr)
Kobenan Kouassi Adjoumani, ministre d’État, ministre de l’Agriculture, du Développement rural et des Productions vivrières. (Ph: Dr)

Riziculture en Côte d'Ivoire: «Nous pourrons atteindre ces objectifs d’autosuffisance fin 2026»

Par (RFI)
Le 25/02/25 à 15:59
modifié 25/02/25 à 16:25
À Paris, le Salon de l'Agriculture bat son plein depuis samedi. Un événement qui invite chaque année des pays partenaires, dont fait partie la Côte d'Ivoire. De passage en France à cette occasion, le ministre ivoirien de l'Agriculture et du Développement durable, Kobenan Kouassi Adjoumani, a souhaité mettre en avant la volonté de son pays de développer la culture rizicole, et ce, jusqu'à l'autosuffisance de son pays.
On sait que la Côte d'Ivoire est un poids lourd de la production du cacao ou de manioc dans le monde, mais aujourd'hui, votre visite concerne plus particulièrement une céréale, le riz. Pouvez-vous nous dire quels sont vos projets ?

Figurez-vous que, dans les années 1970, la Côte d'Ivoire était déjà autosuffisante en riz. Ce qui nous a échappé des années plus tard, en raison de notre volonté affichée de soutenir notre économie à travers les produits de rentes. Aujourd'hui, nous revenons aux fondamentaux en décidant de faire une production intensive de riz sur des espaces limités et avec une technologie appliquée. Le riz est très important dans la consommation des Ivoiriens. L'objectif est donc de produire de façon abondante pour nourrir les Ivoiriens. Et la protéine végétale la plus consommée en Côte d'Ivoire est le riz. C'est pour cela que nous jetons notre dévolu sur le riz.

Cette année, mais en réalité cela fait depuis un moment, nous avons décidé en raison des chocs exogènes, qui sont la guerre en Ukraine ou encore la pandémie de Covid-19, de produire pour nous-mêmes en nous spécialisant dans la production vivrière. Des efforts ont été faits dans ce sens. Au moment où nous mettions en place le Programme national d'investissement agricole (PNIA I – 2010-2015), nous étions à 900 000 tonnes de riz blanchi. En 2023, nous sommes montés jusqu'à 1,3 million de tonnes. Et nous venons de faire le bilan de nos activités : nous sommes maintenant à 1,55 million de tonnes. En sachant que nos besoins pour atteindre l'autosuffisance alimentaire sont de l'ordre de 2,1 millions de tonnes, je peux vous rassurer qu'au lieu d'atteindre nos objectifs en 2030, nous pourrons le faire bien avant. Nous estimons qu'avec la progression constatée entre 2023 et 2024, nous pourrons atteindre ces objectifs d’autosuffisance fin 2026.

C'est un devoir pour nous, nous en avons les moyens et les hommes. Et Alassane Ouattara nous a donné des instructions fermes de produire pour les Ivoiriens et, si possible, de faire en sorte que l'excédent de production soit exporté vers les produits qui nous environnent.

Concrètement, comment combler cet écart pour atteindre l'objectif initialement fixé à 2030 ?

Pour que nous puissions l'atteindre, il nous faut des semences améliorées, donc à haut rendement. Nous avons le centre national de recherche agronomique qui y travaille. Des semences qui s'adapteraient au climat, car il ne faut pas oublier qu'il y a les effets néfastes du changement climatique qui jouent sur nos productions agricoles.

Nous avons donc décidé de mettre en place des plateformes sur lesquelles des aménagements sont faits pour irriguer les plantations. L'idée est de recueillir le surplus d’eau qui tombe du ciel lors de la saison des pluies, de canaliser cette eau et de la distribuer dans les différentes plantations rizicoles. Nous avons déjà commencé et nous comptons continuer.

Justement, en 2024, la culture du cacao a souffert de ces aléas climatiques. Peut-on imaginer que cette eau soit redistribuée sur d'autres cultures ?

Ce qui fait le charme de notre cacao, c'est le fait que tout s'obtient naturellement. Nous plantons nos cacaoyers dans des parcelles aménagées. Nous le faisons sans utiliser des moyens colossaux. Aujourd’hui demander à un paysan d’installer un arrosage goutte à goutte ou une irrigation entrainerait une augmentation des prix et le consommateur sera lésé.

En revanche, nous avons trouvé des méthodes, c'est-à-dire des plants résilients, qui s'adaptent au climat. Nous avons aussi décidé de lutter contre le swollen shoot [Virus de l'œdème des pousses du cacaoyer, en français], une maladie qui décime nos plantations. Et enfin, nous avons décidé de faire une révision de nos plantations en adaptant les plants vieillissants par des plants qui s'adaptent au climat.

Vous parlez de cacao et nous savons aujourd'hui que du cacao produit en Côte d'Ivoire est exporté illégalement vers des pays frontaliers. Selon l'agence de presse Reuters, près de 50 000 tonnes de cacao auraient été exportés illégalement entre octobre et décembre 2024. Quelle mesure avez-vous mise en place pour juguler cette fraude ?

D'abord, le gouvernement a pris des décisions drastiques pour opposer une résistance farouche à tous ceux qui viendraient utiliser notre cacao pour en faire un commerce illicite. L'année dernière, à la suite de saisies importantes de cacao qui avait pris la destination d'autres pays, que le conseil de sécurité s'est réuni et qu'il a pris de grandes décisions qui s'appliquent à tous aujourd'hui. Des textes ont été signés. Sur cette base, un corridor a été établi au niveau des différentes zones frontalières où des instructions fermes ont été données pour traquer tous les trafiquants qui viennent acheter notre cacao afin de le commercialiser dans les pays limitrophes. Des mesures qui existaient, mais qui ont été renforcées.

Nous l'avons fait, et cela a été salutaire, car des hauts fonctionnaires ont été relevés de leurs fonctions, des militaires également. Depuis lors, les choses se sont estompées et nous ne parlons plus de commerce illicite. Nous veillons au grain et nous sommes prêt à les traquer. Lire la suite sur...


Par (RFI)
Le 25/02/25 à 15:59
modifié 25/02/25 à 16:25