Éditorial d'Adama Koné : Quand Dieu nous parle

Éditorial d'Adama Koné : Quand Dieu nous parle

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Le 03/03/25 à 08:29
modifié 03/03/25 à 14:49
Ce lundi 3 mars est le troisième jour du jeûne. Demain, c'est le mardi gras, précédant le mercredi des Cendres qui marque le début du carême. Cette année, musulmans et chrétiens iront ensemble à la recherche du Salut, dans la piété. C'est un calendrier mondial. Toutefois, en Côte d'Ivoire, cette coïncidence religieuse a un sens particulier. Surtout en cette année d'élection pour la Présidence de la République.

Lors d’une conversation avec un interlocuteur vivant en France, il y a quelques jours, il était ravi de constater que cette année encore, le Ramadan a lieu en hiver. Sa joie n’est pas pour cette période d’extrême froid, contrairement à l’extrême chaleur, en Côte d’Ivoire. Mais plutôt la durée de la journée qui s’équilibre avec celle de la nuit (équinoxe).

En Été, par exemple, le solstice fait que le jour est plus long que la nuit. Les musulmans, dans cette période, sont obligés d’observer la tombée de la nuit, parfois à 22h, avant de rompre leur jeûne.

Pour échapper à cette réalité saisonnière, certains n’hésitent pas à prendre leurs congés, pour se rendre en Afrique, lorsque la journée devient « interminable ». Sous les tropiques, principalement en Côte d’Ivoire, l’appréciation du mois de jeûne est tout autre. C’est la coïncidence des calendriers musulmans et chrétiens en matière de mois de pénitence.

Les musulmans observent, depuis le samedi 1er mars, l’abstinence alimentaire et les obligations sociales, comportementales et vestimentaires qui vont avec, du lever au coucher du soleil. C’est aujourd’hui le troisième jour. Le Ramadan dure 29 ou 30 jours, sans discontinuer.

Dans deux jours, le mercredi 5 mars, les chrétiens leur emboîteront le pas. Après, bien sûr, le mardi gras demain. Pendant 40 jours (le carême), sans prendre en compte le dimanche, les chrétiens s’engageront dans la privation. Il s’agit de prendre une résolution (la pénitence) sur une habitude alimentaire, comportementale ou de loisir, de laquelle on tirait le plus de plaisir.

Cette résolution consiste à réduire considérablement ce plaisir durant le carême. Si on mange un demi-poulet les midis, on peut décider d’en prendre que le quart désormais, par exemple. Mais les charismatiques font le jeûne sec jusqu’à 18 heures.

En vérité, l’Église a trois recommandations appelées les 3 P durant le carême : la prière, la privation et le partage. Le jeûne étant obligatoire, le mercredi des Cendres et le Vendredi saint (le dernier). Dans les deux cas (le Christianisme et l’Islam), ce sont des mois de pénitence, de pardon et de charité.

Chaque vendredi, alors que les musulmans iront comme d’habitude à la prière, les chrétiens feront le chemin de croix. Ce qui est intéressant, c’est la traditionnelle rupture de jeûne chez le musulman. Il est de coutume d’inviter amis et connaissances à partager la célèbre bouillie de mil, le soir. Ce sera un véritable moment de fraternité. Car chrétiens et musulmans seront dans les mêmes dispositions spirituelles. Cette convergence, pendant ce mois de mars, est une bénédiction.

Les Ivoiriens doivent comprendre qu’encore une fois, Dieu leur envoie des signaux. Ceux de la paix, de la cohésion sociale et de l’union. Autant le chiffre 3 est significatif chez le musulman, autant il est un symbole pour le chrétien.

Si le chiffre 1 symbolise la Shahada (profession de foi) : « Il n’y a pas d’autre Dieu qu’Allah et Mahomet est le messager d’Allah », le chiffre 3 est également significatif, car il est conseillé d’accomplir de nombreux actes de la sunna trois fois. Chez le chrétien, c’est la trinité : le Père, le Fils et le Saint-Esprit.

Et c’est la troisième fois que Dieu parle aux Ivoiriens. D’abord, il y a eu la Coupe d’Afrique des nations (Can 2023) jouée en 2024, en terre ivoirienne. L’organisation, le déroulement des compétitions, le parcours des Éléphants ont consolidé l’unité nationale, réveillé l’esprit d’appartenance à la même nation et développé la solidarité. A travers le football, le peuple a expérimenté l’œuvre de Dieu pour la Côte d’Ivoire.

Les populations se sont senties plus fortes que jamais. Ensuite, ce nationalisme vertueux a continué quelques mois après, avec la sortie de l’œuvre musicale de l’artiste Debordo Leekunfa. L’effervescence et la mobilisation autour de sa chanson « Djénéba Djaba » ont démontré que l’Ivoirien est capable de sursaut.

Aujourd’hui, le clip est à plus de 22 millions de vues, après quatre mois. Il s’en est suivi le grand déferlement de monde pour soutenir Zeinab Bancé, dans son défi pour le record Guinness de la cuisine. Si elle doit revenir, le 27 mars, pour des raisons techniques, il n’en demeure pas moins que la population lui a apporté tout son soutien. Tout comme récemment, avec Mylène Amon, à Yopougon, dans le domaine de la peinture. Elle aussi a bénéficié de l’engagement du peuple.

Enfin, aujourd’hui, la convergence des calendriers religieux reste la dose de spiritualité que le Seigneur injecte en chaque habitant de la Côte d’Ivoire. C’est le vaccin que donne le Ciel pour prévenir tout débordement. Chacun doit avoir la bonne réaction à ce vaccin.

En cette année d’élection présidentielle, il est bon de se souvenir de ces trois éléments soulignés plus haut qui doivent fortifier la foi en un pays de paix. Beaucoup de politiciens lèvent le ton. Certains brandissent des menaces. Mais il importe de garder la mesure. Il est impérieux de lire et de comprendre les messages d’unité que nous envoie le Ciel.


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modifié 03/03/25 à 14:49