L'éditorial d'Adama Koné/Ramadan : Côté « show » religieux

L'éditorial d'Adama Koné/Ramadan : Côté « show » religieux

Le 10/03/25 à 11:53
modifié 10/03/25 à 12:35
Samedi 1er mars 2025. Premier jour du mois de mars, premier jour du Ramadan. Au lendemain du vendredi saint où les musulmans ont fait la prière traditionnelle de ce jour.

Les magasins grouillent de monde. Non seulement, c'est la fin du mois, mais surtout, ce samedi coïncide avec le début du jeûne de 29 ou 30 jours. C'est l'effervescence dans les familles. C'est pourquoi, ça "chauffe" pendant le mois de jeûne.

Oui, le Ramadan est un mois particulier. Pour les musulmans, c’est le mois de l’accomplissement, de la soumission totale à Allah. C’est le mois de la piété, du pardon et de la charité.

C’est le mois de toutes les vertus islamiques. Du lever du jour à son coucher, ils s’abstiennent de se nourrir, de boire et pendant toute la période, ils doivent avoir un comportement exemplaire dans leur dire, leurs fréquentations, leur habillement, etc.

Le Ramadan est le moment de la verticalité totale où le fidèle va à la rencontre directe de Dieu. Au-delà de ces considérations religieuses, le Ramadan a aussi une particularité sociale, observable partout.

Des faits qui ont constitué une sorte de promotion du mois de jeûne. Une période qui ne passe pas inaperçue. Tout le monde se prête au jeu. Le premier fait est aujourd’hui de l’histoire. Par le passé, bien des musulmans avaient la fâcheuse manie de cracher dans la rue. Bien que cela ne soit pas recommandé, la pratique a donné tout de même l’occasion d’identifier la période de jeûne.

Cette mauvaise habitude a inspiré des cinéastes. Mettant en scène des situations comiques. Tournant en dérision ce fait pour décourager ses pratiquants. La longue prière du soir donnant souvent lieu à des occupations de rue participe de la singularité du Ramadan.

En plus, d’autres réalités contemporaines, plus fréquentes, animent le quotidien des populations. Les grandes affiches sur les artères des villes invitant à la consommation de denrées alimentaires changent le décor des rues.

Dans les magasins, les offres spéciales sont proposées : les fameux paniers de rupture de jeûne. Les promotions sur les dattes, le sucre, le lait, le riz, la pomme de terre, les boissons non alcoolisées, etc.

En dehors des supermarchés, il faut ajouter les activités saisonnières des personnes qui trouvent l’opportunité de libérer leur génie créateur dans la confection de paniers aux contenus rivalisant d’originalité.

Dans les quartiers, c’est la montée en puissance des vendeuses de beignets de mil, de haricot, de bouillie de mil. Les jus de bissap, de gingembre, d’orange, de mil et de plus en plus de soupe de pattes de bœuf font partie des aliments que proposent les étals dès l’après-midi.

Le ballet des jeunes filles pour la distribution ou le partage de plats de rupture en rajoute à l’ambiance du Ramadan. Sans compter l’ affluence devant les boulangeries pour se procurer du pain, très consommé pendant ce mois.

En face, malheureusement, les restaurateurs classiques enregistrent une forte baisse d’activité. L’ambiance du Ramadan touche également les entreprises. Bien d’entre elles aménagent les horaires pour faciliter le jeûne aux travailleurs. Ainsi, la descente est fixée autour de 16h30.

Aujourd’hui, cette heure coïncide avec l’emploi du temps de la fonction publique. Permettant aux musulmans et à leurs proches d’autres confessions religieuses de partager la bouillie de fin de journée. Autant de faits de société liés à la religion, qui font que le Ramadan « chauffe ». Une effervescence qui fait le charme de ce mois.

Chez les chrétiens, progressivement, pendant le carême, il y a du mouvement. Depuis trois ans, des frémissements sont palpables. La population manifeste de plus en plus de soutiens pendant les 40 jours de pénitence. Sur les grandes surfaces, des kits sont proposés dans les rayons. Mais ça reste timide.

Cette année, Allah fait la grâce de vivre une expérience spirituelle partagée entre chrétiens et musulmans. Par la concomitance entre le Ramadan et le Carême, les croyants sont appelés à raffermir leur foi dans la solidarité.

Selon les résultats du recensement général de la population et de l’habitat de 2021, les religions prédominantes en Côte d’Ivoire sont les religions musulmane (42,5%) et chrétienne (39,8%).

Les animistes et les personnes « sans religion » représentent respectivement 2,2% et 12,6% de la population. Entre 1998 et 2021, la part des chrétiens d’autres obédiences (évangélique, céleste, assemblée de Dieu, etc.) a été multipliée par sept. Sur la même période, celle des musulmans a haussé de quatre points. Toutes les autres religions ont connu une baisse de leur poids.

En effet, les catholiques ont perdu deux points de pourcentage, les animistes dix points et les « sans religion » quatre points. Dieu bénisse la Côte d’Ivoire.


Le 10/03/25 à 11:53
modifié 10/03/25 à 12:35