Damiba Arouna (Conservateur de musée) : « Nous avons l’ambition de créer un musée de la cinématographie… »

Damiba Arouna, conservateur du musée national du Burkina Faso et chef du service des expositions à la direction générale du musée.
Damiba Arouna, conservateur du musée national du Burkina Faso et chef du service des expositions à la direction générale du musée.
Damiba Arouna, conservateur du musée national du Burkina Faso et chef du service des expositions à la direction générale du musée.

Damiba Arouna (Conservateur de musée) : « Nous avons l’ambition de créer un musée de la cinématographie… »

Le 15/03/25 à 08:57
modifié 15/03/25 à 11:14
Dans les coulisses de la 29è édition du Festival panafricain du cinéma et de la télévision de Ouagadougou (Fespaco), une exposition pour révéler les métiers de l'ombre. « Mettre en lumière les métiers invisibles du cinéma, c'est révéler l'importance des costumes, du maquillage et des accessoires », affirme Damiba Arouna, conservateur du musée national du Burkina Faso et chef du service des expositions à la direction générale du musée. Le commissaire général de cette exposition s'exprimait ainsi au cours du vernissage de l'exposition dédiée à ces métiers. Exposition organisée du 26 février au 1er mars 2025. Cette exposition a mis en avant trois professions essentielles aux effets spéciaux au cinéma : le costume, le maquillage et les accessoires. À noter que les films primés au Fespaco 2025 seront projetés du 20 au 23 mars 2025 à Bobo-Dioulasso, la deuxième ville du Burkina Faso.
Pourquoi avoir choisi de valoriser spécifiquement ces trois métiers ?

Ce projet s’inscrit dans une continuité initiée lors du FESPACO 2021, en partenariat avec la délégation générale du festival. À l’époque, nous avions monté une exposition sur l’évolution technologique du matériel cinématographique, retraçant l’histoire des caméras, des projecteurs et des supports de diffusion, du CD au numérique. Malheureusement, en 2023, des contraintes financières nous ont empêchés d’organiser une nouvelle exposition. Cette année, nous avons décidé de revenir avec un projet mettant en avant trois métiers essentiels mais souvent méconnus.

Des costumes du musée de l'armée ayant servi à des tournages
Des costumes du musée de l'armée ayant servi à des tournages



Le cinéma est un vaste domaine où de nombreux professionnels œuvrent dans l’ombre. Si les acteurs sont sous le feu des projecteurs, les costumiers, maquilleurs et accessoiristes restent souvent dans l’anonymat. À travers cette exposition, nous souhaitons sensibiliser le public à leur importance et peut-être inspirer des jeunes à embrasser ces carrières. Dans les prochaines années, nous mettrons en lumière d’autres professions du cinéma.

Pouvez-vous nous présenter le musée national du Burkina Faso ?

Le musée national du Burkina Faso est à l’origine un musée ethnographique, mais ses collections se sont diversifiées au fil du temps. Aujourd’hui, il expose non seulement des objets ethnographiques, mais aussi des œuvres d’art contemporain, des costumes, des textiles, des objets archéologiques et même des créations d’élèves, comme des dessins et des poèmes. L’objectif est d’offrir aux visiteurs une vision large et riche du patrimoine culturel burkinabè.

Une donation du fils de Sembène. Des pièce qui ont servi dans le film camp de Thiaroye
Une donation du fils de Sembène. Des pièce qui ont servi dans le film camp de Thiaroye



Comment avez-vous rassemblé les objets exposés ? Sont-ils des prêts ou des acquisitions permanentes ?

Nous avons collaboré avec des producteurs, des costumiers et des accessoiristes qui nous ont prêté des pièces uniques. Les costumes proviennent de professionnels que nous avons contactés, et nous avons travaillé avec l’Association burkinabè des maquilleurs professionnels (ABMA) pour obtenir du matériel utilisé dans l’industrie du cinéma. Grâce à cette collaboration, nous avons pu organiser des démonstrations de maquillage en direct, illustrant des techniques comme le vieillissement, les brûlures et les effets de faux sang.

Une pièce ayant servi dans un tournage
Une pièce ayant servi dans un tournage



Le musée de l’Armée nous a également prêté des tenues militaires souvent utilisées dans les films. Par ailleurs, le fils de Sembène Ousmane nous a généreusement confié des objets ayant servi au tournage de Camp de Thiaroye. Ces prêts témoignent d’une belle synergie entre les acteurs du cinéma et le monde muséal.

Un projet de musée de la cinématographie est évoqué. Pouvez-vous nous en dire plus ?

À ce jour, il n’existe pas encore de musée dédié exclusivement au cinéma au Burkina Faso. Nous avons l’ambition de créer un musée de la cinématographie qui retracera l’histoire du cinéma burkinabè et africain, mettant en avant les costumes, les accessoires et les décors emblématiques. Ce projet est encore à ses prémices, mais nous espérons qu’il verra le jour afin de préserver et promouvoir cet héritage cinématographique essentiel.

Des maquillages
Des maquillages



Comment assurez-vous la conservation des objets exposés, notamment ceux issus de prêts ?

La conservation est un véritable défi. Certains objets collectés étaient en mauvais état et ont nécessité des restaurations et des traitements spécifiques, notamment pour les textiles. Au musée national, nous disposons d’une grande salle climatisée et d’équipements spécialisés pour la préservation du textile, du bois et du métal. Toutefois, la formation en conservation reste limitée, et nous manquons de ressources pour assurer une préservation optimale à long terme. Des financements et des équipements supplémentaires seraient nécessaires pour mieux conserver des objets fragiles, comme les textiles ou les bandes magnétiques.

Envoyé spécial au FESPACO



Le 15/03/25 à 08:57
modifié 15/03/25 à 11:14