
Damiba Arouna (Conservateur de musée) : « Nous avons l’ambition de créer un musée de la cinématographie… »

Le cinéma est un vaste domaine où de nombreux professionnels œuvrent dans l’ombre. Si les acteurs sont sous le feu des projecteurs, les costumiers, maquilleurs et accessoiristes restent souvent dans l’anonymat. À travers cette exposition, nous souhaitons sensibiliser le public à leur importance et peut-être inspirer des jeunes à embrasser ces carrières. Dans les prochaines années, nous mettrons en lumière d’autres professions du cinéma.
Pouvez-vous nous présenter le musée national du Burkina Faso ?
Le musée national du Burkina Faso est à l’origine un musée ethnographique, mais ses collections se sont diversifiées au fil du temps. Aujourd’hui, il expose non seulement des objets ethnographiques, mais aussi des œuvres d’art contemporain, des costumes, des textiles, des objets archéologiques et même des créations d’élèves, comme des dessins et des poèmes. L’objectif est d’offrir aux visiteurs une vision large et riche du patrimoine culturel burkinabè.

Comment avez-vous rassemblé les objets exposés ? Sont-ils des prêts ou des acquisitions permanentes ?
Nous avons collaboré avec des producteurs, des costumiers et des accessoiristes qui nous ont prêté des pièces uniques. Les costumes proviennent de professionnels que nous avons contactés, et nous avons travaillé avec l’Association burkinabè des maquilleurs professionnels (ABMA) pour obtenir du matériel utilisé dans l’industrie du cinéma. Grâce à cette collaboration, nous avons pu organiser des démonstrations de maquillage en direct, illustrant des techniques comme le vieillissement, les brûlures et les effets de faux sang.

Le musée de l’Armée nous a également prêté des tenues militaires souvent utilisées dans les films. Par ailleurs, le fils de Sembène Ousmane nous a généreusement confié des objets ayant servi au tournage de Camp de Thiaroye. Ces prêts témoignent d’une belle synergie entre les acteurs du cinéma et le monde muséal.
Un projet de musée de la cinématographie est évoqué. Pouvez-vous nous en dire plus ?
À ce jour, il n’existe pas encore de musée dédié exclusivement au cinéma au Burkina Faso. Nous avons l’ambition de créer un musée de la cinématographie qui retracera l’histoire du cinéma burkinabè et africain, mettant en avant les costumes, les accessoires et les décors emblématiques. Ce projet est encore à ses prémices, mais nous espérons qu’il verra le jour afin de préserver et promouvoir cet héritage cinématographique essentiel.

Comment assurez-vous la conservation des objets exposés, notamment ceux issus de prêts ?
La conservation est un véritable défi. Certains objets collectés étaient en mauvais état et ont nécessité des restaurations et des traitements spécifiques, notamment pour les textiles. Au musée national, nous disposons d’une grande salle climatisée et d’équipements spécialisés pour la préservation du textile, du bois et du métal. Toutefois, la formation en conservation reste limitée, et nous manquons de ressources pour assurer une préservation optimale à long terme. Des financements et des équipements supplémentaires seraient nécessaires pour mieux conserver des objets fragiles, comme les textiles ou les bandes magnétiques.
Envoyé spécial au FESPACO