
Dans son antre de l'AZK Live, Mama Vibz rêve de faire d'Abidjan une capitale incontournable du reggae.
Dans son antre de l'AZK Live, Mama Vibz rêve de faire d'Abidjan une capitale incontournable du reggae.
Johanna Ursula Adotevi Okon: Mama Vibz, une passion pour la musique reggae
Johanna Ursula, également connue sous le pseudonyme de «Mama Vibz» est une figure emblématique de la scène reggae en Côte d’Ivoire. Fondatrice d’AZK Productions, un label créé le 19 mai 2020, elle œuvre activement pour la promotion de la musique reggae ivoirienne et africaine.
Sous son impulsion, AZK Live a vu le jour à Blockhauss, en bordure de la lagune Ébrié. Cet espace, qui redonne vie à l’ancien Champion Live, est dédié à la musique reggae et se veut un lieu d’échange, de rencontre et de musique live. Cet espace est devenu un véritable temple du reggae à Abidjan, accueillant des concerts tous les week-ends et servant de plateforme pour les artistes locaux et internationaux. Grâce à son dévouement et à sa passion, Johanna Ursula continue de contribuer significativement à la vitalité et à la reconnaissance de la scène reggae en Côte d’Ivoire et au-delà.
Une adolescence entre natation et musique reggae
A l’adolescence, la petite Johanna passe son temps à la piscine d’État de Treichville pour vivre sa passion : la natation. Une disciple dans laquelle elle excelle au point de devenir championne nationale de 1981 à 1987. « C’était vraiment une belle époque. C’est un peu là aussi que j’ai découvert ma deuxième passion, l’art et la musique reggae. Je me suis liée d’amitié aux rastas qui trainaient à l’école régionale de Treichville, juste derrière la piscine d’État. On faisait le show au Café des Arts à Treichville. On écoutait Jahman, Bob Marley et des artistes locaux comme Alpha Blondy, Ismaël Isaac et les frères Keïta », se souvient Johanna qui, après son baccalauréat obtenu en 1987, débarque à Londres au début des années 90. Là, sa passion pour la reggae music se renforce avec la découverte des Sound system (Jah Saka Sound). « C’était une véritable découverte pour moi. Je découvrais une autre dimension de la musique reggae. A mes heures de temps libre, je fréquentais les studios londoniens de musique reggae (Sparkside Studio avec Linton Kwesi Johnson (LKJ), Matumbi et la scène Underground jamaïcaine de Reggae à Londres. J’ai pu rencontrer de grands noms du reggae dont le groupe reggae Londonien Aswad. Je peux dire que c’est à cause du reggae que j’ai décidé, étant en France, d’aller poursuivre mes études en Angleterre. Et j’avoue que l’aventure de Londres a davantage renforcer ma passion pour la musique reggae », relate celle qui sera, en 2003, diplômée en Master Supply Chain (Msc) à Crandfield University de Londres.
Parker Place, une aventure palpitante
De retour au pays dans les années 2000, quoi que bien intégrée professionnellement, Johanna reste toujours attachée à la musique reggae. « C’était difficile car déjà à Londres, mes parents ne comprenaient pas que je traine dans ce milieu. Pour eux, la priorité, c’était les études et ensuite revenir au pays pour travailler dans les conditions les meilleures possibles. Bien que cadre dans une société agro-industrielle où je fais mes classes depuis 30 ans, le virus du reggae est toujours resté inoculé en moi », explique la désormais Mama Vibz qu’on apercevait les week-ends dans les espaces reggae de la place, notamment le Jamaïca, Le Kingston, le Stop In et le fameux Parker Place où elle rencontre, grâce à un ami d’enfance de Londres, l’artiste Kajeem et Désire Aloka, promoteur du célèbre temple de musique reggae Parker Place.
De fil en aiguille, elle nourrit l’idée de s’investir pleinement dans la promotion du reggae ivoirien et africain. Avec Dez Parker, devenu entre-temps, son conjoint et père de ses deux filles Ayannah et Kemene, elle se lance dans l’entrepreneuriat culturel.
Le jour au travail et le soir au Parker Place, elle est à la tâche pour donner une dimension internationale au temple du reggae ivoirien. « Nous avons lancé le premier concert international du Parker Place avec Lloyd Brown et le bassiste de Steel Pulse Amlack, suivra deux ans plus tard, le festival Abidjan Reggae Rock, un rendez-vous de la crème du reggae ivoirien et africain. « Les choses n’étaient pas faciles mais la passion du reggae et la grâce divine nous accompagnaient. Après le décès de Dez Parker le 5 avril 2017, à la demande des musiciens, j’ai repris les choses en main. J’ai organisé 11 concerts internationaux en l’espace de 18 mois entre mai 2018 et avril 2020 avec comme point d’encre, la 3e édition de Abidjan Rock reggae festival, en hommage à Dez Parker, le 5 avril 2019. Des groupes et artistes reggae de gros calibre, notamment Gladiators, Chezideck, Admiral T, Anthony B, Tairo, Takana Zion, Clinton Fearon, Tiken Jah, Winston Mc Anuff, Kenyatta Hill, Lyricson sont passés sur la scène du Parker Place », raconte Johanna qui, d’abord en harmonie avec son ‘’conjoint-associé’’ et ensuite seule, par son management, ses réseaux et son leadership, a fait du Parker Place, la ‘’place to be’’ du reggae à Abidjan. « Le Parker Place a été une aventure palpitante riche en émotion. Cette expérience m’a appris la résilience, la patience et la discipline dans l’organisation », confesse celle qui a été distinguée en novembre 2024, Prix spécial Cultura pour ses actions dans le développement du Reggae en Côte d’Ivoire.
Faire d’Abidjan l’une
des capitales mondiales
du reggae
En mars 2019, elle épouse l’artiste reggae Jah Light. Avec lui, elle monte une boîte de production : AZK Productions, en juillet 2019 qui donnera naissance à l’espace AZK live en mai 2022. « Ce n’est pas de gaieté de cœur que j’ai quitté le Parker Palace. Mais il fallait laisser les rênes aux ayants droit après le décès de Dez. Aujourd’hui, depuis trois ans à AZK, je fais de mon mieux pour promouvoir le reggae, à travers une série d’activités, notamment les concerts, la production d’albums et les festivals. A travers toutes ces actions, je reste fidèle à notre vision initiale : faire d’Abidjan le paradis du reggae qui accueille les grands artistes et les sommités du mouvement reggae. L’objectif est de mettre en avant les talents, qu’ils soient en herbe ou confirmés, et de leur offrir une visibilité locale et internationale afin de faciliter leur participation à des festivals. Nous voulons aussi proposer une plateforme de partage et de découverte pour les grands noms internationaux du reggae », a confié Mama Vibz.
Dans l’optique de cette vision, elle a organisé plusieurs festivals dont deux éditions de Abidjan Zion Kingdom reggae Festival (AZK reggae festival) en décembre 2022 et mars 2024. Elle est aussi initiatrice du concept Show Reggae Women, une plateforme dédiée aux chanteuses de reggae et prépare pour mai 2025 la 7e édition. « La marche est longue, le monde change. On peut tuer le messager mais jamais le message. Nous avons plusieurs projets en vue avec des actions communautaires au profit des populations de Blockhauss, la terre qui nous accueille », se projette ‘’La Folle’’ du reggae qui réussit le pari de faire monter sur la scène de l’AZK des artistes reggae de renom tels le Jamaïcains Clinton Fearon, en mai 2024 ; Winston MCanuff, en juillet 2024 ; le Martiniquais Typical Féfé, en octobre 2024 et le 14 décembre 2024, le Jamaïcain Lutan Faya. « Notre dernier cadeau était le 21 mars, un concert live de Kenyatta Hill Culture. Le fils du légendaire lead vocal de Culture, Joseph Hill, était sur notre scène avec le groupe mythique. Beaucoup de projets sont en cours de finalisation afin de voir Abidjan grandir comme l’une des principales capitales mondiales du reggae », s’est projetée Mama Vibz pour les mois à venir.
SERGES N’GUESSANT
Une adolescence entre natation et musique reggae
A l’adolescence, la petite Johanna passe son temps à la piscine d’État de Treichville pour vivre sa passion : la natation. Une disciple dans laquelle elle excelle au point de devenir championne nationale de 1981 à 1987. « C’était vraiment une belle époque. C’est un peu là aussi que j’ai découvert ma deuxième passion, l’art et la musique reggae. Je me suis liée d’amitié aux rastas qui trainaient à l’école régionale de Treichville, juste derrière la piscine d’État. On faisait le show au Café des Arts à Treichville. On écoutait Jahman, Bob Marley et des artistes locaux comme Alpha Blondy, Ismaël Isaac et les frères Keïta », se souvient Johanna qui, après son baccalauréat obtenu en 1987, débarque à Londres au début des années 90. Là, sa passion pour la reggae music se renforce avec la découverte des Sound system (Jah Saka Sound). « C’était une véritable découverte pour moi. Je découvrais une autre dimension de la musique reggae. A mes heures de temps libre, je fréquentais les studios londoniens de musique reggae (Sparkside Studio avec Linton Kwesi Johnson (LKJ), Matumbi et la scène Underground jamaïcaine de Reggae à Londres. J’ai pu rencontrer de grands noms du reggae dont le groupe reggae Londonien Aswad. Je peux dire que c’est à cause du reggae que j’ai décidé, étant en France, d’aller poursuivre mes études en Angleterre. Et j’avoue que l’aventure de Londres a davantage renforcer ma passion pour la musique reggae », relate celle qui sera, en 2003, diplômée en Master Supply Chain (Msc) à Crandfield University de Londres.
Parker Place, une aventure palpitante
De retour au pays dans les années 2000, quoi que bien intégrée professionnellement, Johanna reste toujours attachée à la musique reggae. « C’était difficile car déjà à Londres, mes parents ne comprenaient pas que je traine dans ce milieu. Pour eux, la priorité, c’était les études et ensuite revenir au pays pour travailler dans les conditions les meilleures possibles. Bien que cadre dans une société agro-industrielle où je fais mes classes depuis 30 ans, le virus du reggae est toujours resté inoculé en moi », explique la désormais Mama Vibz qu’on apercevait les week-ends dans les espaces reggae de la place, notamment le Jamaïca, Le Kingston, le Stop In et le fameux Parker Place où elle rencontre, grâce à un ami d’enfance de Londres, l’artiste Kajeem et Désire Aloka, promoteur du célèbre temple de musique reggae Parker Place.
De fil en aiguille, elle nourrit l’idée de s’investir pleinement dans la promotion du reggae ivoirien et africain. Avec Dez Parker, devenu entre-temps, son conjoint et père de ses deux filles Ayannah et Kemene, elle se lance dans l’entrepreneuriat culturel.
Le jour au travail et le soir au Parker Place, elle est à la tâche pour donner une dimension internationale au temple du reggae ivoirien. « Nous avons lancé le premier concert international du Parker Place avec Lloyd Brown et le bassiste de Steel Pulse Amlack, suivra deux ans plus tard, le festival Abidjan Reggae Rock, un rendez-vous de la crème du reggae ivoirien et africain. « Les choses n’étaient pas faciles mais la passion du reggae et la grâce divine nous accompagnaient. Après le décès de Dez Parker le 5 avril 2017, à la demande des musiciens, j’ai repris les choses en main. J’ai organisé 11 concerts internationaux en l’espace de 18 mois entre mai 2018 et avril 2020 avec comme point d’encre, la 3e édition de Abidjan Rock reggae festival, en hommage à Dez Parker, le 5 avril 2019. Des groupes et artistes reggae de gros calibre, notamment Gladiators, Chezideck, Admiral T, Anthony B, Tairo, Takana Zion, Clinton Fearon, Tiken Jah, Winston Mc Anuff, Kenyatta Hill, Lyricson sont passés sur la scène du Parker Place », raconte Johanna qui, d’abord en harmonie avec son ‘’conjoint-associé’’ et ensuite seule, par son management, ses réseaux et son leadership, a fait du Parker Place, la ‘’place to be’’ du reggae à Abidjan. « Le Parker Place a été une aventure palpitante riche en émotion. Cette expérience m’a appris la résilience, la patience et la discipline dans l’organisation », confesse celle qui a été distinguée en novembre 2024, Prix spécial Cultura pour ses actions dans le développement du Reggae en Côte d’Ivoire.
Faire d’Abidjan l’une
des capitales mondiales
du reggae
En mars 2019, elle épouse l’artiste reggae Jah Light. Avec lui, elle monte une boîte de production : AZK Productions, en juillet 2019 qui donnera naissance à l’espace AZK live en mai 2022. « Ce n’est pas de gaieté de cœur que j’ai quitté le Parker Palace. Mais il fallait laisser les rênes aux ayants droit après le décès de Dez. Aujourd’hui, depuis trois ans à AZK, je fais de mon mieux pour promouvoir le reggae, à travers une série d’activités, notamment les concerts, la production d’albums et les festivals. A travers toutes ces actions, je reste fidèle à notre vision initiale : faire d’Abidjan le paradis du reggae qui accueille les grands artistes et les sommités du mouvement reggae. L’objectif est de mettre en avant les talents, qu’ils soient en herbe ou confirmés, et de leur offrir une visibilité locale et internationale afin de faciliter leur participation à des festivals. Nous voulons aussi proposer une plateforme de partage et de découverte pour les grands noms internationaux du reggae », a confié Mama Vibz.
Dans l’optique de cette vision, elle a organisé plusieurs festivals dont deux éditions de Abidjan Zion Kingdom reggae Festival (AZK reggae festival) en décembre 2022 et mars 2024. Elle est aussi initiatrice du concept Show Reggae Women, une plateforme dédiée aux chanteuses de reggae et prépare pour mai 2025 la 7e édition. « La marche est longue, le monde change. On peut tuer le messager mais jamais le message. Nous avons plusieurs projets en vue avec des actions communautaires au profit des populations de Blockhauss, la terre qui nous accueille », se projette ‘’La Folle’’ du reggae qui réussit le pari de faire monter sur la scène de l’AZK des artistes reggae de renom tels le Jamaïcains Clinton Fearon, en mai 2024 ; Winston MCanuff, en juillet 2024 ; le Martiniquais Typical Féfé, en octobre 2024 et le 14 décembre 2024, le Jamaïcain Lutan Faya. « Notre dernier cadeau était le 21 mars, un concert live de Kenyatta Hill Culture. Le fils du légendaire lead vocal de Culture, Joseph Hill, était sur notre scène avec le groupe mythique. Beaucoup de projets sont en cours de finalisation afin de voir Abidjan grandir comme l’une des principales capitales mondiales du reggae », s’est projetée Mama Vibz pour les mois à venir.
SERGES N’GUESSANT