Parcs et réserves du Cavally: L’Ong Nofna invite les acteurs pour la préservation de ce patrimoine naturel unique
« Une décennie que nous travaillons aux côtés de l’Oipr, notamment autour du Parc national de Taï. Avec leur arrivée dans le paysage du Cavally, nous reconnaissons pleinement l’office dans sa fonction de gestionnaire. Nos premiers travaux ont donc eu pour but d’identifier les complémentarités d’actions possibles. Il en est ressorti la nécessité de lui apporter notre expertise en matière d’observation indépendante pour identifier et documenter les infractions commises dans et autour de l’aire protégée », a expliqué Digbé Thomas, secrétaire général de l'Ong Nofna.
Selon lui, dans la poursuite de leur collaboration, ils ont mis en œuvre des projets "Agr" (Activités génératrices de revenus) pour les jeunes et les femmes des communautés locales. Ce, dans le but de réduire les pressions des activités illégales sur la réserve. « Nous organisons des campagnes de sensibilisation pour impliquer les communautés dans la protection de la réserve et nous mettons en lumière le rôle de l'Oipr », a-t-il éclairé.

Les impacts des "Agr"
Aude Carine Bahi Sihi, secrétaire à l'organisation, a, à son tour, affirmé que les projets "Agr" qui ont porté sur la culture du riz, l'apiculture ou la transformation de produits locaux, offrent aux femmes des alternatives économiques viables. « En générant des revenus stables, ces activités réduisent leur besoin de recourir à des pratiques destructrices comme l'agriculture sur brûlis ou la coupe illégale de bois », a-t-elle expliqué.
Pour elle, cela contribue directement à la préservation de la réserve tout en améliorant les conditions de vie des communautés. « Depuis la création de Nofna, plusieurs centaines de jeunes et femmes ont bénéficié de projets "Agr" ».
Nofna et l'Oipr unis pour la protection de la réserve de Cavally
Le président de l’organisation, Téré Fidèle, a affirmé qu’il est envisagé de renforcer la collaboration entre Nofna et l'Oipr en élargissant leurs activités d'observation indépendante et en développant de nouveaux projets "Agr".
« Nous souhaitons également mettre en place des programmes éducatifs pour les jeunes, afin de les sensibiliser dès le plus jeune âge à l'importance de la préservation de la réserve. Enfin, nous espérons mobiliser davantage de partenaires pour soutenir ces initiatives et garantir un avenir durable pour la réserve du Cavally », a-t-il émis comme vœu.
La protection de la réserve de Cavally est l'affaire de tous
La protection de la réserve de Cavally est l'affaire de tous, a souligné Téré Fidèle, qui indique que chaque geste compte, qu'il s'agisse de soutenir financièrement les actions de l'Oipr, de participer à des projets communautaires ou simplement de sensibiliser son entourage à l'importance de la préservation des forêts.
Le massif forestier ivoirien a disparu en moins d’un demi-siècle
Pour le président de Nofna, les acteurs, autorités, citoyens doivent se mobiliser pour préserver ce patrimoine naturel unique. « En effet, la forêt de Cavally est un trésor et c'est ensemble que nous pourrons la protéger pour les générations futures. Et pour y arriver, l’Ong appelle les autorités nationales et locales à renforcer leur engagement en faveur de la réserve de Cavally, notamment en allouant des ressources supplémentaires à l'Oipr pour la surveillance et la gestion. La Côte d’Ivoire ne compte aujourd’hui que deux millions d’hectares de forêts (2,97 ha). C’est près de 90% de moins qu’au début des années 60. Présentement, ce sont 80% des forêts qui ont disparu en un demi-siècle », a-t-il soutenu.
Un appel aux partenaires financiers et techniques
Aux partenaires techniques et financiers, le président de Nofna rappelle que la préservation de la réserve de Cavally est un enjeu mondial pour la biodiversité et le climat. Leur soutien est essentiel pour financer des projets concrets, comme le renforcement des capacités de l'Oipr, la mise en place de systèmes de surveillance modernes, ou le développement d'Agr durables pour les communautés locales.
Neuf agents pour veiller sur 64 000 hectares (soit un agent pour 7111 ha à surveiller)
Faut-il le rappeler, la forêt classée de Cavally est devenue une réserve naturelle en septembre 2023. Et son classement en réserve naturelle est une grande satisfaction pour Nofna, car cela lui confère un statut de protection plus important que celui de forêt classée. Dorénavant, conformément au code forestier, elle bénéficie d’un cadre juridique renforcé pour sa préservation et aucune activité humaine n’y est plus permise.
De plus, elle est maintenant placée sous la responsabilité de l’Office ivoirien des parcs et réserves, ce qui lui permet de bénéficier de l’expertise de cette institution publique spécialisée dans la gestion de nos aires protégées.
La forêt du Cavally, ce sont plus de 64 000 hectares à couvrir en zone transfrontalière et plusieurs centaines de milliers de riverains à prendre en compte. Et pour surveiller cette superficie, dit-il, l’équipe de l’Oipr en place ne compte à ce jour (22 mars, ndlr) que neuf agents (soit un agent pour 7111 ha à surveiller).
L’équipe de l’Oipr ne dispose pas encore de véhicules de terrain. « Cela explique notre appel aux autorités publiques, au gouvernement sur la nécessité de pouvoir étoffer et mieux équiper le personnel en place », a-t-il lancé comme appel.