Traoré Salif dit A’Salfo: "Le Femua 2025 est une occasion pour les Ivoiriens de se rassembler, au-delà des clivages politiques"

Pour le leader magicien, tout est prêt pour offrir un festival exceptionnel. (Ph: Dr)
Pour le leader magicien, tout est prêt pour offrir un festival exceptionnel. (Ph: Dr)
Pour le leader magicien, tout est prêt pour offrir un festival exceptionnel. (Ph: Dr)

Traoré Salif dit A’Salfo: "Le Femua 2025 est une occasion pour les Ivoiriens de se rassembler, au-delà des clivages politiques"

Le 10/04/25 à 11:07
modifié 10/04/25 à 18:33
Traoré Salif dit A'Salfo est le commissaire général du Festival des musiques urbaines d'Anoumabo (Femua). Dans cette interview, il explique que le commissariat est fin prêt pour offrir un festival exceptionnel au public ivoirien. En cette année électorale, le Femua apparaît, selon lui, comme une occasion pour les Ivoiriens de rassembler au-delà des clivages politiques, ethniques ou régionaux.
Depuis le lancement de l’édition 2025 du Femua le 20 février, les préparatifs ont véritablement commencé. Il y a bien sûr toute l’organisation des concerts, la sécurité, mais aussi la mobilisation des stars. Est-ce que le commissariat général est prêt ?

Vous savez, dans ce genre de situation, même quand tout est prêt, il faut toujours se dire que cela ne l’est pas, pour garder une certaine rigueur et rester pragmatique dans les actions. Le Femua est un événement qui se prépare dès la fin de l’édition précédente. Cela fait donc un an que cette 17e édition est en préparation. Revenons un peu sur les artistes. Les sponsors et partenaires nous ont renouvelé leur confiance. Tout le dispositif de sécurité, santé, logistique est mis en place. Pour moi, tout est prêt pour offrir une belle édition du Femua. Mais comme je le dis toujours, il ne faut jamais penser que tout est totalement prêt, parce qu’on veut toujours faire mieux que l’année précédente.

Concernant la programmation artistique, vous avez annoncé une centaine d’artistes, dont de grandes figures comme Kaaris, Angélique Kidjo, connue au niveau mondial, ou encore Josey pour la Côte d’Ivoire. Avez-vous des confirmations officielles ?

Bien sûr. Lorsqu’on est professionnel, il faut suivre les procédures. On n’annonce jamais un artiste tant que le contrat n’est pas signé ou confirmé. C’est d’ailleurs pour cela que nous prenons notre temps avant de faire les annonces. Dès qu’un artiste est annoncé, c’est que sa prestation, sa date d’arrivée, sa logistique ont été validées. C’est aussi ce qui fait la force du Femua. En 17 ans, nous n’avons jamais eu de fausse note dans la programmation. Donc oui, tous les artistes annoncés seront présents. Toutefois, il peut arriver, comme dans tout grand événement, qu’un artiste se désiste à la dernière minute. On a connu cela une fois avec un artiste du Congo, mais tout a été rapidement réglé. Ce n’était qu’un souci de vol et non un désistement définitif. Nous faisons preuve de compréhension, tout comme les artistes avec qui nous travaillons. C’est dans l’intérêt de tout le monde : ni le promoteur, ni l’artiste ne gagne à ce qu’un événement se passe mal.

Le Femua est aujourd’hui un festival de renommée internationale. Il attire énormément de monde sur les différents sites. Certaines personnes se posent des questions sur la sécurité. Avez-vous prévu un dispositif adapté ?

Je n’ai aucun doute à ce sujet. Même dans les plus grands événements au monde, comme ceux du Stade de France, il peut y avoir des incidents. Mais nous avons confiance, car en 17 ans d’existence, le Femua n’a jamais enregistré d’incident majeur. Les forces de l’ordre ivoiriennes travaillent avec un grand professionnalisme, et toutes les dispositions ont été prises, que ce soit avec la police nationale ou les agences de sécurité privée. Nous avons également un public discipliné, ce qui est un vrai atout. Vous pouvez avoir la meilleure sécurité, si votre public est indiscipliné, cela ne sert à rien. Or, le public du Femua est mature, respectueux, même s’il peut y avoir quelques bousculades dues à l’affluence. Mais ce sont des choses normales dans un festival de cette envergure. En plus, nous avons la chance d’avoir un site assez vaste, bien aménagé. Malgré cela, nous dépassons souvent les prévisions. Certaines nuits, nous atteignons entre 40 000 et 50 000 festivaliers ! IMRA sera également présent, et il attire énormément de monde. Même s’il a un public très expressif, c’est un public conscient de l’image de son artiste et qui fait des efforts pour être exemplaire. C’est pourquoi je n’ai pas hésité à le programmer. Vous verrez, ce public vous surprendra positivement.

M. le Commissaire général, vous êtes à votre 17e édition. Combien de festivaliers attendez-vous cette année ?

Sur l’ensemble du festival, nous visons environ 300 000 personnes. L’année dernière, nous avions dépassé les 200 000 festivaliers sur 5 jours. Cette année, avec la programmation, la coïncidence avec les fêtes de Pâques, et la décentralisation dans une grande ville comme Daloa - avec son stade municipal - nous pensons battre un record d’affluence.

À quoi les festivaliers doivent-ils s’attendre cette année ? Quelle est la particularité du Femua 2025 ?

La première particularité, c’est l’évolution dans la programmation. On innove. Le Femua Tradi prend de l’ampleur cette année avec les Bétés, les Gourous, les Hausa de San Pedro qui vont venir à Anoumabo rencontrer les Ébrié. Ce sera un grand moment de partage culturel et de tradition. Nous aurons également le tournoi des partenaires, qui renforce la solidarité entre les différents sponsors, ainsi que le cross populaire à Daloa, sans oublier le tournoi des régions. Cette année, ce sont de véritables régions qui sont représentées : Daloa, Gonaté, etc. D’ailleurs, une école primaire sera construite à Gonaté. Vous êtes sans savoir que nous mettons tout en œuvre pour que cette édition soit exceptionnelle.

Le Festival a été initié en 2008. Cette année, des institutions comme la Cedeao et l’Uemoa vous rejoignent. Quelle est votre réaction face à ces soutiens ?

C’est une grande satisfaction. Cela montre que le Femua n’est plus seulement un festival ivoirien. C’est un événement qui apporte quelque chose à toute l’Afrique. Ces institutions ont compris l’importance de notre vision, et leur soutien est le fruit d’un travail de longue haleine. Leur présence confirme notre positionnement en Afrique, et nous motive à aller encore plus loin pour la culture sur le continent.

Quel message pour les festivaliers, à quelques jours de l’ouverture le 15 avril ?

Mon message reste le même. L’année 2025 est une année électorale, avec ses tensions. Le Femua est donc une occasion pour les Ivoiriens de se rassembler, au-delà des clivages politiques, ethniques ou régionaux. Pendant quelques jours, nous serons simplement Ivoiriens. La culture a ce pouvoir de briser les barrières et de rassembler. J’invite tous les Ivoiriens à venir nombreux, pour prouver qu’en dehors de la politique, il y a la culture, et qu’elle peut apaiser, unir, et inspirer. Le Femua est à point nommé pour jouer ce rôle.

Interview réalisée par


Le 10/04/25 à 11:07
modifié 10/04/25 à 18:33