Le Ghana est riche de sa culture politique. C’est une nation forte dont la démocratie se trouve fortement ancrée dans les mœurs. Au point que des actes qui paraissent purement anodins aux yeux du plus petit citoyen ghanéen se présentent comme de véritables prouesses pour ceux qui vivent hors du territoire ghanéen.

Qui ne se souvient pas de ce geste hautement salutaire posé par le vice-Président ghanéen d’alors, Mahamudu Bawumia, adversaire de l’actuel Chef de l’Etat et candidat du Nouveau Parti patriotique (Npp) qui était la formation politique au pouvoir ?

En effet, le 8 décembre dernier (au lendemain du scrutin présidentiel du 7 décembre 2024), Mahamudu Bawumia avait humblement reconnu sa défaite, affirmant qu’il venait d’appeler son adversaire, John Dramani Mahama, pour le féliciter. « Le peuple ghanéen s’est exprimé, il a voté pour le changement et nous le respectons en toute humilité », a-t-il déclaré un dimanche matin.

Habituée à ces initiatives politiques de premier plan, la nation étoilée au drapeau tricolore, rouge, jaune et vert, s’est encore illustrée de fort belle manière, le 20 avril dernier, jour exceptionnel consacrant la résurrection du Christ.

En effet, ce jour-là, l’actuel Chef de l’Etat, John Dramani Mahama, et son prédécesseur, Nana Addo Dankwa Akufo-Addo, se sont rencontrés dans la localité de Kwahu, région est du Ghana.

Marquer la période sacrée de Pâques

« Le dimanche 20 avril 2025, le Président de la République, John Dramani Mahama et moi, nous nous sommes rencontrés sur le paysage luxuriant de Kwahu où, pendant près de deux décennies, je me suis rendu consécutivement pour marquer la période sacrée de Pâques », affirme fièrement Nana Addo Dankwa Akufo-Addo, le Chef de l’Etat sortant.

« Avant de quitter Kwahu plus tôt dans la journée, je suis passé pour échanger mes vœux de Pâques avec le Président Nana Akufo-Addo qui était également sur la montagne », dira, pour sa part, avec le sourire, John Dramani Mahama, l’actuel occupant du fauteuil présidentiel. Quelle modestie, quelle humilité, est-on tenté de dire d’emblée !

Un communiqué officiel, rendu public par la représentation diplomatique de Côte d’Ivoire au Ghana, a dépeint l’atmosphère dans laquelle s’est déroulé ce grand rendez-vous, assurément inédit.

« Dans une atmosphère chaleureuse, empreinte de fraternité, les deux leaders ont échangé sur divers sujets et ont profité de l’occasion pour adresser un message commun de paix, de cohésion nationale et d’unité. Ils ont invité leurs compatriotes à célébrer Pâques dans la sérénité, la tolérance et le respect des valeurs démocratiques qui fondent la République du Ghana », rapporte cette note officielle.

Assurément, et c’est bien de le dire ! Depuis 1992, année au cours de laquelle l’ancienne Gold Coast a voté sa nouvelle Constitution (adoptée lors du référendum du 28 avril 1992 et promulguée par la loi constitutionnelle du 7 janvier 1993), le Ghana a carrément tourné le dos aux vieux démons de la division.

Citoyens, leaders et hommes politiques... ont alors compris que rien ne vaut la paix, la cohésion et l’unité nationale. Par conséquent, il faut les protéger comme la prunelle des yeux.

Aujourd’hui, en Côte d’Ivoire, à six mois du scrutin présidentiel, au moment où l’atmosphère politique se durcit davantage, nos leaders de la vie politique ne devraient-ils pas s’inspirer de telles actions si nobles ?