L'éditorial d'Adama Koné : Le Pdci et la règle des arrondis

Tidjane Thiam, président du Pdci-Rda. (Ph: Dr)
Tidjane Thiam, président du Pdci-Rda. (Ph: Dr)
Tidjane Thiam, président du Pdci-Rda. (Ph: Dr)

L'éditorial d'Adama Koné : Le Pdci et la règle des arrondis

Le 28/04/25 à 10:19
modifié 28/04/25 à 11:08
Faisons un peu de science. En mathématiques, lorsque vous avez plusieurs opérations à effectuer avec une même valeur de départ, les résultats peuvent être nets (ronds) ou approximatifs, donc avec une virgule.

Dans le dernier cas, vous avez deux options. Premièrement, arrondir au fur et à mesure que vous calculez, de la première à la dernière opération. Deuxièmement, effectuer toutes les opérations et n'arrondir que le résultat de la dernière opération.

Alors, quelles sont les conséquences ? Si la personne effectue toutes les étapes en gardant les chiffres après la virgule, et donc sans arrondir, le résultat de la dernière opération sera beaucoup plus proche de la réalité, même arrondi. Mais, en globalisant à chaque opération, on crée un fait ou, du moins, on introduit un biais. De sorte qu’au bout du compte, le résultat final est la somme des biais.

L’on s’éloigne ainsi de ce que pouvait être le chiffre exact. Il est clair qu’à ce niveau, il est difficile de percevoir l’orientation de la réflexion. Elle a pourtant un lien étroit avec la situation que vit le Parti démocratique de Côte d’Ivoire - Rassemblement démocratique africain (Pdci-Rda).

En effet, ce schéma (globalisation à chaque étape) est exactement le comportement qu’a observé le parti à propos de son leader, le président du Pdci-Rda, Tidjane Thiam. Démonstration. A son arrivée, après le décès du président Henri Konan Bédié, plusieurs voix se sont élevées pour contester la régularité de sa candidature à la tête du parti.

Parmi les griefs, son absence au bureau politique pendant tout le temps passé à l’extérieur. Malgré cela, le parti a trouvé les moyens de lui accorder des circonstances atténuantes. En arrondissant les angles... des textes. Avec le paiement de ses cotisations de 10 années, le verrou de cette conditionnalité a sauté. Première opération avec arrondi. Les textes du parti qui s’alignent sur ceux de la Constitution, sur bien des questions, demandent qu’il soit présent sur le territoire ivoirien durant au moins cinq ans. Mais il y avait une évidence.

Tout le monde sait que le candidat Tidjane Thiam est resté 23 ans hors du pays. Là aussi, les sages du parti ont arrondi les angles pour lui tailler des conditions sur mesure. Soit deuxième opération d’arrondissement. Quand il s’est agi de s’assurer qu’il n’avait pas de problème de nationalité, il s’est également trouvé des voix pour rassurer.

Troisième cas où le Pdci a arrondi la situation, en attendant discrètement que la question soit réglée. Elle a été « vidée » effectivement, le 23 mars dernier, par la réponse favorable donnée par la France, à la requête du président du Pdci-Rda. Toutefois, il reste que le candidat a politiquement été maladroit.

En médiatisant à l’avance comme après, à grande échelle, sa libération de la nationalité française. Comme dit depuis lors, le justiciable a livré lui-même les preuves de son « forfait ». On peut le percevoir, il y a eu trop d’arrangements dans le parcours de Tidjane Thiam. Trop de situations ont été arrondies, comme en mathématiques. Augmentant les risques d’erreur sur le même « variable ou la même valeur Thiam ». Et l’accumulation de ces erreurs a atteint une quantité industrielle difficile à maîtriser.

C’est qu’en ce qui concerne l’État, les arrangements ne sont plus possibles. C’est une autre réalité. Dans nos quartiers, il est dit qu’on ne peut pas prendre un ticket de zoo pour traverser une forêt dense. Quand il est question de briguer la magistrature suprême, le seul interlocuteur est la Loi fondamentale. Avec les arrondis, il s’est éloigné de plus en plus de la rigueur des textes.

A l’analyse, le concerné s’en était rendu compte, au fil du temps. Subtilement, il l’a manifesté, à l’insu de ses partisans. Comment ? Aujourd’hui, l’on comprend mieux sa motivation pour une autre révision de la liste électorale.

Le président du Pdci avait fait ses calculs. Sachant qu’il serait radié, il prêchait plus pour sa propre chapelle. Ainsi, un rétablissement exclusif dans la nationalité ivoirienne lui aurait donné le droit et l’occasion de se rattraper et de faire une nouvelle inscription.

Sinon, tout le monde sait que les dates de la Rle ne sont pas tombées du ciel. Tout le monde savait qu’il serait impossible d’organiser deux opérations de suite. C’est pourquoi les majeurs de 2025 ont été admis prématurément et préventivement à l’inscription. Tout le monde a vu que les premières semaines, certains bureaux de la Commission électorale indépendante étaient vides.

Pour une organisation qui se lance dans la course au pouvoir, il y a un minimum de prévention, d’anticipation et de planification à observer. Au demeurant, quelle est la preuve que les citoyens à inscrire seraient tous de l’opposition ? Quelle est la preuve qu’il y aurait plus de monde ? Chaque organisation a sa petite idée derrière la tête. Prendre à contre-pied le calendrier électoral pour entrer dans une sorte de vide constitutionnel, rattraper ou arrondir un cas, agacer le processus électoral, etc.

A six mois, il est encore temps pour chaque parti de s’organiser et se concentrer sur l’avenir.


Le 28/04/25 à 10:19
modifié 28/04/25 à 11:08