L'éditorial d'Adama Koné : Cheveux, cils, ongles, teint... La beauté du faux
Le voisin Traoré vient de déménager de l’immeuble où il louait un appartement de trois pièces dans le quartier de Marcory Remblai. Il ne dit plus qu’il va à la maison. Désormais, il fait savoir à qui veut l’entendre qu’il rentre chez lui.
Traoré a, en effet, son propre immeuble. Sa vie a changé. Plus précisément, son activité a changé sa vie en six ans. Il a trouvé sa joie dans la vente de faux cheveux ou mèches. En ces temps de vacances, il se frotte davantage les mains.
Dimanche 16 juin 2024, jour traditionnel de culte chrétien coïncidant, cette année, avec la fête musulmane de la Tabaski. La joie se lit sur les visages. La saveur du mouton, dans la majorité des mets, y est pour beaucoup.
Dans un froufrou de boubous, tout le monde est beau. Tout le monde est charmant. D’ordinaire, les après-midis de fête musulmane, c’est la visite aux parents. Les rues et lieux de commerce sont bondés. Le ballet des enfants ne laisse personne indifférent.
C’est dans cette ambiance festive que Jean-Charles Chaudron, comptable, rencontre Fatou Traoré. Elle est très belle, dans un boubou cousu et brodé avec minutie. Les deux font partie des convives de la famille Sanogo. Entre deux bouchées, Jean-Charles n’a d’yeux que pour Fatou.
La prestance de la jeune dame bouleverse le jeune comptable. Il compte sur sa chance et va l’aborder. Mais, prenant en compte les regards de la maisonnée, il se fait discret. Il réussit à obtenir le numéro et l’adresse géographique de Fatou.
Le samedi 22 juin, Jean-Charles frappe à la porte de la concession indiquée par sa connaissance du jour de fête. Quand on lui ouvre le portail, il se dresse fièrement face à son interlocutrice et demande à voir Fatou. Celle qui l’accueille au seuil de la porte lui adresse un sourire et lui lance : « Tu es comédien toi ! ». Le jeune homme ne semble pas comprendre.
En fait, c’est bien Fatou Traoré qui se tenait devant lui. Mais le visiteur ne l’a pas reconnue. Il croyait avoir affaire à une autre personne. C’est que Fatou Traoré s’était débarrassée de ses faux cils. Elle n’avait plus les faux cheveux qui lui donnaient une allure de princesse arabe. Les faux ongles vernis avaient laissé place à des doigts naturels sans artifice.
Le maquillage artistique à base de make-up, avec « crayon dans cheveux » (pour parler comme l’enfant Yodé dans la chanson Les Côcô), n’est resté que dans l’esprit du comptable. Ça, c’est ce que voyait ou constatait le visiteur du samedi. Peut-être que la jeune dame avait aussi mis de la mousse à la poitrine pour lui donner une fière apparence. Peut-être qu’elle avait taillé sa silhouette avec une gaine au ventre. Mais, certainement, Fatou avait « arrondi les angles » à travers une culotte de fausses fesses.
Difficile de vérifier ces aspects qui relèvent de parties intimes. Mais pour ce qu’il voyait, Chaudron avait en face de lui une autre personne que la Fatou du jour de Tabaski. En réalité, la beauté du faux a pignon sur rue.
Les jeunes filles, de nos jours, sont nombreuses à falsifier leur corps. Les artifices ne sont pas forcément à proscrire. Là n’est pas le discours. Mais s’ils doivent dénaturer la personnalité physique, il y a matière à crainte.
La beauté est naturelle, le charme provient de l’allure, de l’élégance qu’on donne au naturel. Aujourd’hui, les données changent à grande vitesse. La science permet de se fabriquer un nouveau naturel.
La chirurgie plastique ou esthétique donne la possibilité à ceux qui en ont les moyens de « renaître ». Qui pour se débarrasser d’un abdomen complexant, qui pour se faire dresser le nez, qui pour avoir une poitrine de jeunesse, qui pour disposer d’un postérieur généreux...
La couleur de la peau noire est aussi menacée. Les nombreux produits utilisés, surtout par la gent féminine, laissent à s’interroger si dans l’avenir, la peau noire ne connaîtra pas le sort des photos blanc et noir. Petite astuce pour détecter ces filles au nouveau teint : elles n’ont jamais de photos de leur enfance ou de leur adolescence.
Sous prétexte qu’elles n’aimaient pas les photos, alors que les selfies sont devenus leur dada. Tout simplement parce que vous découvrirez une autre coloration de la peau sur ces anciennes images.
La beauté du faux peut entraîner de fausses approches ou appréciations, sans compter les risques pour la santé. En tout cas, notre comptable en a eu pour son compte. Tout compte fait, il ne faut pas oublier que « c’est matin on voit qui est beau ».
Dimanche 16 juin 2024, jour traditionnel de culte chrétien coïncidant, cette année, avec la fête musulmane de la Tabaski. La joie se lit sur les visages. La saveur du mouton, dans la majorité des mets, y est pour beaucoup.
Dans un froufrou de boubous, tout le monde est beau. Tout le monde est charmant. D’ordinaire, les après-midis de fête musulmane, c’est la visite aux parents. Les rues et lieux de commerce sont bondés. Le ballet des enfants ne laisse personne indifférent.
C’est dans cette ambiance festive que Jean-Charles Chaudron, comptable, rencontre Fatou Traoré. Elle est très belle, dans un boubou cousu et brodé avec minutie. Les deux font partie des convives de la famille Sanogo. Entre deux bouchées, Jean-Charles n’a d’yeux que pour Fatou.
La prestance de la jeune dame bouleverse le jeune comptable. Il compte sur sa chance et va l’aborder. Mais, prenant en compte les regards de la maisonnée, il se fait discret. Il réussit à obtenir le numéro et l’adresse géographique de Fatou.
Le samedi 22 juin, Jean-Charles frappe à la porte de la concession indiquée par sa connaissance du jour de fête. Quand on lui ouvre le portail, il se dresse fièrement face à son interlocutrice et demande à voir Fatou. Celle qui l’accueille au seuil de la porte lui adresse un sourire et lui lance : « Tu es comédien toi ! ». Le jeune homme ne semble pas comprendre.
En fait, c’est bien Fatou Traoré qui se tenait devant lui. Mais le visiteur ne l’a pas reconnue. Il croyait avoir affaire à une autre personne. C’est que Fatou Traoré s’était débarrassée de ses faux cils. Elle n’avait plus les faux cheveux qui lui donnaient une allure de princesse arabe. Les faux ongles vernis avaient laissé place à des doigts naturels sans artifice.
Le maquillage artistique à base de make-up, avec « crayon dans cheveux » (pour parler comme l’enfant Yodé dans la chanson Les Côcô), n’est resté que dans l’esprit du comptable. Ça, c’est ce que voyait ou constatait le visiteur du samedi. Peut-être que la jeune dame avait aussi mis de la mousse à la poitrine pour lui donner une fière apparence. Peut-être qu’elle avait taillé sa silhouette avec une gaine au ventre. Mais, certainement, Fatou avait « arrondi les angles » à travers une culotte de fausses fesses.
Difficile de vérifier ces aspects qui relèvent de parties intimes. Mais pour ce qu’il voyait, Chaudron avait en face de lui une autre personne que la Fatou du jour de Tabaski. En réalité, la beauté du faux a pignon sur rue.
Les jeunes filles, de nos jours, sont nombreuses à falsifier leur corps. Les artifices ne sont pas forcément à proscrire. Là n’est pas le discours. Mais s’ils doivent dénaturer la personnalité physique, il y a matière à crainte.
La beauté est naturelle, le charme provient de l’allure, de l’élégance qu’on donne au naturel. Aujourd’hui, les données changent à grande vitesse. La science permet de se fabriquer un nouveau naturel.
La chirurgie plastique ou esthétique donne la possibilité à ceux qui en ont les moyens de « renaître ». Qui pour se débarrasser d’un abdomen complexant, qui pour se faire dresser le nez, qui pour avoir une poitrine de jeunesse, qui pour disposer d’un postérieur généreux...
La couleur de la peau noire est aussi menacée. Les nombreux produits utilisés, surtout par la gent féminine, laissent à s’interroger si dans l’avenir, la peau noire ne connaîtra pas le sort des photos blanc et noir. Petite astuce pour détecter ces filles au nouveau teint : elles n’ont jamais de photos de leur enfance ou de leur adolescence.
Sous prétexte qu’elles n’aimaient pas les photos, alors que les selfies sont devenus leur dada. Tout simplement parce que vous découvrirez une autre coloration de la peau sur ces anciennes images.
La beauté du faux peut entraîner de fausses approches ou appréciations, sans compter les risques pour la santé. En tout cas, notre comptable en a eu pour son compte. Tout compte fait, il ne faut pas oublier que « c’est matin on voit qui est beau ».