Cyber harcèlement : Les femmes journalistes crient haro sur les auteurs

Les acteurs des médias, appuyés par le Canada, ont pris d’assaut la salle polyvalente de la Maison de la presse d'Abidjan. (Ph: Dr)
Les acteurs des médias, appuyés par le Canada, ont pris d’assaut la salle polyvalente de la Maison de la presse d'Abidjan. (Ph: Dr)
Les acteurs des médias, appuyés par le Canada, ont pris d’assaut la salle polyvalente de la Maison de la presse d'Abidjan. (Ph: Dr)

Cyber harcèlement : Les femmes journalistes crient haro sur les auteurs

Les femmes des médias de Côte d’Ivoire ont décidé de ne plus se taire face aux cyberattaques et cyber harcèlement dont elles sont victimes dans l’exercice de leur métier.

Pour ce faire, elles ont organisé, à travers leur faîtière, le Réseau des femmes journalistes et professionnelles de la communication de Côte d’Ivoire (Refjpci), en collaboration avec l’ambassade du Canada en Côte d’Ivoire, une rencontre d’échange précédée d’une projection de film sur le fléau qui gagne du terrain à travers le monde, et particulièrement en Côte d’Ivoire.

Ainsi, le 19 août 2024, à la Maison de la presse, à Abidjan-Plateau, associations de lutte pour les droits de la femme, acteurs des médias, cyberactivistes et représentants diplomatiques canadiens à Abidjan ont pu suivre, avec une attention soutenue, « je vous salue salope : la misogynie au temps du numérique », un film-documentaire réalisé par Léa Clermont-Dion et Gyilaine Maroist.

Et le moins que l’on puisse dire, c’est que la projection d’une heure dix-sept minutes a fait effet sur l’assistance, vu les commentaires de certaines femmes outrées par les messages agressifs, impudiques et autres menaces de mort que subissent les quatre héroïnes pour leurs opinions.

No Image



Invité à intervenir sur la question, lors du panel qui a enregistré la présence des journalistes Agnès Kraidy et Evelyne Deba, du sociologue Ghislain Coulibaly, expert, président du Réseau des hommes engagés pour l’égalité des genres, le ministre des Affaires étrangères du Canada, Mélanie Joly, en visite en terre ivoirienne, a mis en avant la responsabilité des grands fournisseurs d’internet.

Pour elle, ces trusts, s’ils veulent aider à freiner ce fléau, doivent et peuvent trouver des solutions numériques pour extirper les messages agressifs à l’égard des femmes. Car, pense-t-elle, Internet ne doit pas rester un no-man’s-land où des misogynes vont s’abriter pour brimer la femme impunément. Elle n’a pas manqué de rappeler les efforts faits par son pays dans cette veine.

Agnès Kraidy, initiatrice de l’évènement, a appelé les femmes ivoiriennes à ne pas se taire face aux agressions et stigmatisations de toutes sortes de la part des hommes, surtout sur internet. Elle a engagé la communauté à sensibiliser et éduquer les femmes des campagnes rurales sur le phénomène, afin qu’elles aussi sachent à quoi s’en tenir, quand elles font face à ce genre de situations.

La présidente du Refjpci ne croyait pas si bien dire, quand elle donne l’occasion à Evelyne Deba, journaliste-présentatrice d’une chaîne de télé, qui a ému l’auditoire avec un témoignage glaçant d’agression sexuelle accompagnée de mots impudiques sur son compte. « C’est traumatisant », a-t-elle déploré.

Le Pr. Ghislain Coulibaly a, quant à lui, décrit et décrié l’environnement phallocratique qui pèse comme une chape de plomb sur la femme et l’empêche de crier ou d’être moins entendue quand elle crie au secours.

Pour conclure, tous ont appelé les femmes à briser le silence, et faire en sorte qu’Internet ne devienne pas une zone de non-droit où des activistes vont se cacher pour briser l’élan d’émancipation de la femme ivoirienne.

Agnès Kraidy, présidente du Refjpci, a plaidé et obtenu de l’ambassadeur du Canada en Côte d’Ivoire la diffusion du film-documentaire pour sensibiliser les populations ivoiriennes.

Firmin NDri Bonfils